Productions végétales
Le cochon est dans le blé

AG
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Un agriculteur de Chaudenay-la-Ville partage sa problématique de dégâts de gibier.

 

Le cochon est dans le blé
David Doyer, le 23 juin, à l'heure où 35% de sa parcelle étaient détruits par les sangliers.

La grêle, le feu et les sangliers peuvent anéantir une récolte à quelques jours de sortir les machines. David Doyer, en « sait quelque chose » : « Pour moi, ce sont les sangliers. Ils sont très nombreux dans le secteur. Depuis mon installation il y a 14 ans, je suis persuadé que leur population a au moins triplé ». L'une de ses parcelles de blé est très régulièrement visitée depuis début juin et illustre on ne peut mieux cette problématique. L'exploitant agricole de Chaudenay-la-Ville, entre Pouilly-en-Auxois et Bligny-sur-Ouche, avait pourtant pris les devants : « j'avais contacté la société de chasse locale avant ces dégâts, la mise en place d'une clôture électrique aurait fait le plus grand bien, c'est ce qui fonctionne le mieux. Mais cela n'a malheureusement pas été possible... J'ai installé un canon d'effarouchement mais ce dispositif est utile seulement trois ou quatre jours car les sangliers reviennent très vite. En guise de parade, j'avais également semé un mélange de trois variétés dont deux barbues, mais rien n'y fait... Cette situation est récurrente au fil des années mais là, elle a encore pris de l'ampleur, nous battons des records. J'ai déjà vu des bandes de 40, 50 voire même 60 sangliers, ce n'est plus possible ».

Une mauvaise gestion

Une récente pré-visite d'un expert n'a laissé guère d'optimisme au producteur côte-d'orien : « si rien n'est fait, il ne devrait pas rester grand chose à la récolte. Selon ses dires, les sangliers pourraient ne rien me laisser pour la mi-juillet, date à laquelle cette moisson de blé pourrait commencer ». David Doyer se sent « impuissant » face à ces dégâts de gibier et est d'autant plus amer que ce sinistre concerne la parcelle au meilleur potentiel de son exploitation : « en plus, tout s'était bien passé durant le cycle végétatif. Cette moisson de blé s'annonçait exceptionnelle, je pense qu'il aurait été possible d'approcher voire d'atteindre les 80 q/ha, alors que nombre de champs ici ont un potentiel presque deux fois moindre. Travailler toute une une année pour voir un tel résultat, c'est forcément rageant ». L'agriculteur déplore d'autres dégâts sur ses terres : « le blé est de très loin le plus touché mais mes prairies le sont aussi très régulièrement. À cause des sangliers, je ne peux pas remplir entièrement mes nourrisseurs, sinon ils se servent directement dedans... En guise de parade, je remplis des seaux chaque jour pour les apporter à mes bovins. J'ai actuellement des tournesols et là aussi, je redoute l'arrivée prochaine des sangliers : ils raffolent de ces graines et une fois qu'ils retrouvent dans cette culture, il est très difficile de les faire fuir ».

La Côte-d'Or, mauvaise élève

David Doyer pointe du doigt la gestion du sanglier : « elle n'est pas bonne du tout, et c'est peu dire. Les dégâts dépassent les 2,6 millions d'euros en Côte-d'Or, qui est de très loin en tête du classement puisque le second département est presque à un million d'euros derrière.... Les services de la DDT comprennent notre désarroi, mais nous n'avons aucun résultat. Il faut réduire cette population de sangliers par des prélèvements importants. Les tirs ne doivent plus être sélectifs, car certains appliquent encore cette règle... Dans les zones de points noirs, il faut obliger les chasseurs à protéger les cultures avec la mise en place et l’entretien de clôtures ! Nous, agriculteurs, avons assez de travail comme cela pour en ajouter. Aucune de ces mesures n'est mise en place chez nous : les gens viennent, tirent ou non des cochons puis ne s'occupent de plus de rien. Agriculteurs ou sangliers, il faut choisir ! ».