Séminaire
« On garde espoir »

Chloé Monget
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Du 24 au 26 mars, une vingtaine d’étudiants de l’association GTV Juniors, issus de l’École vétérinaire de Maisons-Alfort, s’est rendue dans le Morvan pour un séminaire dont l’objectif était de présenter les atouts du milieu rural.

« On garde espoir »
Les tarifs des produits vétérinaires ont aussi été abordés par Michel Loison (Gaec des Pompons), lors des échanges avec les jeunes du GTV Junior d’Alfort.

Initié par cinq exploitants à la retraite (Bernard Machecourt, Pierre Bobin, Lionel Roullier, Gilbert Coltier et Jean-Paul Berlo), le séminaire organisé à Ouroux-en-Morvan (du 24 au 26 mars) avait pour mission de présenter les atouts d’un territoire rural et les modalités professionnelles qu’il engendre. Pour Thierry Guy, président de l’association « Groupement technique vétérinaire junior d’Alfort » (GTV Junior d’Alfort), ce type d’invitation « n’est pas une première, mais est inédite par l’accueil des acteurs locaux (Conseil départemental, Communauté de communes, municipalité…). Cela prouve qu’ils prennent conscience du rôle central des vétérinaires en milieu rural, ce qui est à la fois flatteur et rassurant pour nous, futurs professionnels ».

S’adapter aux évolutions

Durant le séminaire, une visite d’exploitation était prévue au Gaec des Pompons (Saint-Agnan) afin que les jeunes discutent avec les exploitants associés, dont Michel Loison. Ainsi, divers thèmes ont été abordés, dont l’évolution des pratiques. En effet, Michel Loison a mis en évidence que les éleveurs pratiquaient désormais certains actes vétérinaires (dont les perfusions) avant d’insister : « mais cela ne veut pas dire que l’on peut se passer d’un vétérinaire, bien au contraire ! ». Pour lui, si les éleveurs ont évolué, les vétérinaires doivent, de ce fait, adapter leurs conseils : « Connaître l’exploitation autant que nous est un minimum afin de trouver les causes d’un mal pour ne plus simplement soigner. Grâce à cette recherche, nous aurons indéniablement une amélioration sanitaire des cheptels ainsi que du bien-être animal, qui nous est cher ». Afin d’illustrer son propos il dépeint que : « Je n’ai jamais trouvé un vétérinaire sachant quel est l’aliment donné à mes animaux. Que ce soit par manque d’intérêt ou de temps, cette méconnaissance est problématique pour la conduite sanitaire des élevages aujourd’hui ». Les jeunes vétérinaires, attentifs aux explications de Michel Loison, rebondissent : « Durant nos études, nous sommes de plus en plus sensibilisés à ces enjeux. Mais notre vision du métier et ces nouvelles pratiques se heurtent à celles de l’ancienne génération qui est toujours en poste. Notre profession évolue afin d’être plus adaptée aux demandes des éleveurs, mais il faut du temps pour que les jeunes étudiants arrivent sur le marché de l’emploi ; il faut donc être patient ».

Attraction vers la ruralité

Outre cela, les étudiants ont évoqué un autre sujet : le manque d’attirance vers la médecine animale rurale. Thierry Guy détaille : « le groupe venu au séminaire se destine majoritairement à la rurale. Mais, dans notre école, nous ne sommes pas légion. En effet, la canine (médecine des animaux de compagnie) attire plus nos camarades car ils viennent principalement de milieux urbains et souhaitent poursuivre leur carrière dans ces endroits. S’ajoute à cela l’idée que la rurale est très contraignante avec des gardes longues et très récurrentes – entamant la vie personnelle des vétérinaires. Aujourd’hui, et pas seulement pour les vétérinaires, les jeunes souhaitent une harmonie entre activités personnelles et professionnelles, il faut donc trouver des solutions pour que cela soit possible ». Parmi elles, il a été évoqué le regroupement en cabinet, permettant d’assurer la continuité des soins tout en préservant le fameux équilibre grâce au partage des tâches ; seul problème : il faut être plusieurs. Ainsi, afin d’attirer les jeunes, Florence Berlo, maire d’Ouroux-en-Morvan, martèle : « notre village, comme d’autres en milieu rural, propose de nombreuses prestations pour la vie quotidienne (écoles, cinéma, cafés, épicerie, pharmacie, activités sportives, etc.). Il faut mettre tout cela en avant pour faire comprendre aux étudiants, qu’ils soient vétérinaire ou médecin (deux professions indispensables pour moi), que la vie rurale n’est pas synonyme de néant et qu’une vie de famille est possible ici. On garde espoir que des actions, comme ce séminaire, puissent rendre nos territoires attractifs ». Pour illustrer son propos, les jeunes ont pris, après la visite du Gaec des Pompons, la direction du site Activital afin de faire une balade en VTT dans le Morvan. Le soir du 25 mars, un moment festif a été organisé en leur honneur à la salle des fêtes d’Ouroux-en-Morvan et en présence du député Patrice Perrot et des sénateurs Nadia Sollogoub et Patrice Jolly. Le séminaire a bénéficié du soutien financier du Conseil départemental de la Nièvre, de la Communauté de communes Morvan, Sommets et Grands lacs, du Crédit Agricole et de Groupama.