Après la présentation de l'Entreprise à but d'emplois (EBE) de Clamecy (voir TDB n° 1740), voici celle de Prémery – pionnière en la matière sur le territoire. Avec de nombreuses évolutions ces dernières années, cette EBE en prévoit d'autres comme le détaille Marie-Laure Brunet, directrice.
Depuis la création de l’EBE de Prémery en février 2017 : « Beaucoup de gens pensaient qu’il s’agissait d’une douce utopie, et au fil des actions aux débouchés positifs, nous avons su fédérer tout en inspirant d’autres porteurs de projets dans la Nièvre mais aussi dans d’autres départements ; nous en sommes tous fiers » détaille Marie-Laure Brunet, directrice de l’EBE de Prémery.
Ainsi, depuis sa naissance, l’EBE n’a pas connu un long fleuve tranquille : « J’ai pris mes fonctions en 2020, et, au même moment, il y a eu un changement de gouvernance de l’EBE et l’arrivée de la crise sanitaire. Tout cela a été compliqué à gérer mais nous avons pu montrer notre réactivité et l’engagement des salariés ». Seulement 25 au démarrage, 103 salariés (pour 97 temps pleins) tous en CDI font partie de cette aventure aujourd’hui.
Les activités
« Nos activités sont diverses : bûcheronnage, maraîchage, motoculture, recyclerie, conciergerie (services aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités), remise en état de matériels informatiques ou encore de vélos et d’appareils électroménagers, affûtage, découpe laser (via le Fab Lab), etc. Mais nous prévoyons des changements pour certaines et l’arrivée de nouvelles ». Pour le premier point, Marie-Laure Brunet pointe le maraîchage : « il y a eu pas mal de dispersion autour de ce projet. De ce fait, nous sommes en train de le recentrer notamment en reciblant les variétés à implanter afin que cela soit plus gérable ». Pour les autres idées en attente, Marie-Laure Brunet évoque : « Nous sommes en attente d’une brodeuse afin de pouvoir proposer un nouveau service. Nous sommes également en train de confectionner un poulailler mobile qui sera mis à disposition des habitants. Ce projet permettra de rappeler, encore une fois, que l’EBE est une entreprise de territoire et à son service ». D’ailleurs, afin de faire découvrir un peu plus les activités au public, Marie-Laure Brunet prévoit de relancer les portes ouvertes jadis organisées : « il faut que nous montrions que nous sommes très actifs ! ». Enfin, une réfection du bâtiment principal est en réflexion « très avancée » avec à la clé le développement d’une nouvelle activité.
Vitrine de l’avenir
« Outre le fait de vouloir remettre l’humain au cœur des activités professionnelles, en adaptant nos activités à leurs envies et leurs compétences, nous sommes aussi inscrits dans la transition écologique notamment via nos actions de remise en état (mobilier, matériels etc.). De ce fait, nous voudrions nous positionner sur l’isolement en paille des bâtiments d’entreprises. La paille offre des propriétés isolantes intéressantes et durables tout en ayant du sens pour un territoire rural comme le nôtre. Cette nouvelle activité permettra également aux exploitants locaux pouvant fournir cette matière première – sans mettre en péril leur activité agricole bien entendu – de valoriser au mieux ce matériau ». Ancienne analyste comptable au sein d’un organisme agricole, Marie-Laure Brunet a un attachement particulier pour ce milieu : « Je pense que l’agriculture locale, dans un secteur comme Prémery, et plus largement dans la Nièvre, à un rôle majeur. À nous maintenant de les épauler, à notre niveau et avec les compétences que nous pourrons acquérir en rénovant notre propre bâtiment, pour les intégrer à ce projet ». Ainsi, la recyclerie de l’EBE de Prémery deviendra un « bâtiment d’exposition pour cette activité ». Le début des travaux est prévu pour 2024, avec une isolation totale par l’extérieur, afin de « ne pas fermer durant cette période ». Marie-Laure Brunet conclut : « la diversité des activités de l’EBE de Prémery est le témoin de la multitude de compétences que les salariés possèdent et acquièrent. Sans les forcer, ils tracent leur chemin et celui de l’EBE avec. Cette entreprise est devenue réalité car l’humain est au centre de tout ».
Un mot des salariés
Nathalie, 52 ans, ancienne salariée d’une grande surface et embauchée depuis 2 mois pour la vente des légumes issus de la production de l’EBE, détaille : « pendant 7 ans j’ai enchaîné les CDD, je n’avais pas vraiment de visibilité sur mon avenir professionnel. Aujourd’hui, en CDI, on me laisse enfin faire ce que j’apprécie le plus : être en contact avec la clientèle ». De son côté, Eddy, 47 ans, ancien métallurgiste, est embauché depuis 3 mois : « j’aide à la recyclerie. Je me plais beaucoup car il n’y a pas de pression, et aussi car nous pouvons faire les choses à notre rythme ».
