Fête du Charolais
Une affaire de famille

AG
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Sylvain Fleury participe au concours de boucherie de Saulieu avec plusieurs animaux nés chez son parrain, retraité depuis fin 2022.

Une affaire de famille
Jean-Paul et Sylvain Fleury, respectivement de Censerey et Saint-Martin-de-la-Mer, vont vivre une édition 2023 un peu spéciale.

Nés chez l’un, engraissés chez l’autre : cinq des neuf bovins qui seront sous le nom de Sylvain Fleury à la prochaine Fête du Charolais auront un statut un peu particulier. « Jean-Paul a pris sa retraite l’an passé. Au 31 décembre, il ne devait plus avoir le moindre charolais sur sa ferme. Il lui restait ses bêtes de viande : je lui ai achetées pour les engraisser et les finir pour Saulieu », indique l’éleveur de 40 ans, qui aura à cœur de remporter un ou plusieurs prix avec les animaux nés chez le cousin de son père. Jean-Paul Fleury, 64 ans, ira forcément « faire un tour » à cette édition et ce, dès le vendredi 18 août après-midi lors de l’arrivée des bovins. Le néo-retraité reviendra le lendemain, jour du concours, avec l’idée de passer un très bon moment en compagnie de son filleul.

Deux habitués

Sylvain Fleury n’a pas manqué la moindre édition depuis 1998, année de ses 17 ans. Jusqu’au départ en retraite de Brigitte, sa mère, l’éleveur présentait également des ovins à l’espace Jean Bertin : « je me concentre désormais sur les bovins et pas uniquement le charolais. En effet, la limousine a fait son apparition sur la ferme il y a quelques années. Saulieu s’ouvre aujourd’hui aux autres races : c’est l’occasion pour moi d’amener des animaux supplémentaires. Il y aura d’ailleurs deux génisses et un bœuf croisés parmi mes neuf bêtes exposées ce 19 août ». Jean-Paul Fleury a été lui aussi un grand fidèle de la Fête du charolais : « je n’ai pas participé aux trois dernières éditions, faute de temps et de main-d’œuvre en période de sécheresse. Mais à Saulieu, je m’y rendais très régulièrement les années d’avant. La toute première fois, c’était en 1976, à l’âge de 17 ans, tout comme Sylvain. Je m’en souviens très bien : nous avions une belle mulotte de 500 kg. Celle-ci n’avait pas remporté de plaque mais son prix de vente avait atteint 10 000 francs, soit plus de 1 500 euros. La majeure partie de nos bêtes de viande étaient vendues 30 francs/kg à l’époque, soit plus de 4,50 euros/kg. Cela fait réfléchir sur l’évolution de notre rémunération… ».

Une valorisation attendue

L’an passé, Sylvain Fleury avait exposé 10 bovins. Tous ses animaux avaient été primés, sauf un. « Remporter une plaque est très important dans un tel concours, les acheteurs s’en servent pour faire leur publicité », confie le naisseur-engraisseur, « sans le moindre prix, nous partons quasiment de zéro dans la négociation commerciale, il faut vraiment se battre pour aller chercher une plus-value… Les transactions sont beaucoup plus faciles dès l’obtention d’un deuxième prix. En 2022, ce type de distinction m’avait permis d’obtenir des valorisations de 80 centimes à un euro/kg par rapport aux ventes à la ferme. Sur les premiers prix, j’étais monté à 1,30 euro/kg. Bien sûr, en termes de plus-values, il n’y a rien de mieux que d’accrocher un grand prix ! ». L’habitant de Saint-Martin-de-la-Mer observe malgré tout une « érosion » de la plus-value réalisée sur les animaux de concours : « la marge n’est plus aussi importante qu’autrefois, les bêtes de qualité n’ont pas connu la même augmentation que les animaux standards, c’est bien dommage. Emmener un bovin à Saulieu nécessite pourtant beaucoup de sélection, du travail et de l’investissement. Il y a aussi des risques que la bête se blesse et ne puisse être exposée le jour J… ». Jean-Paul Fleury, qui a transmis son exploitation et la majorité de ses animaux à Antoine et Alexandre Sagrange, deux jeunes de son village, déplore lui aussi cette « banalisation » de la viande : « le prix des génisses est quasiment le même que celui des vaches. Il y a encore quelque temps, il y avait une assez grande différence entre les animaux standards et les bonnes bêtes, ce n’est malheureusement plus trop le cas ».