Alimentation des bovins
Fabrication maison

AG
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Le Gaec des Granges de Vesvres, près de Vitteaux, diminue sa facture d'aliments en constituant lui-même ses rations. Les économies réalisées peuvent atteindre 25%.

Fabrication maison
Clément Dupaquier et Anthony Jeannot, il y a quelques jours à Vesvres.

« Ça vous plaît ? C’est moi qui l’ai fait ! », disait Valérie Lemercier, dans une ancienne publicité. Faire ses propres mélanges pour nourrir ses bovins peut s’avérer pertinent, notamment sur le plan économique. Le Gaec des Granges de Vesvres, doté d’un bol mélangeur, tente l’expérience depuis plusieurs mois dans son cheptel comprenant 150 vaches charolaises. La satisfaction est au rendez-vous, aussi bien chez les animaux qu’au sein de la trésorerie. Trois types de mélanges sont constitués selon les catégories de bovins, comme le décrit Clément Dupaquier : « Notre objectif est d’incorporer un maximum de produits de la ferme et de matières premières moins onéreuses que celles d’un aliment complet. Par exemple, nous utilisons de la noix, dont la valeur est semblable au tourteau de lin, à la différence qu’elle est trois fois plus grasse, donc les apports doivent être limités. Même si le coût de la livraison a augmenté, son prix est bien moins élevé… Le mélange pour broutards est ainsi composé de tourteaux de noix (6 %), de farine de maïs (14 %), de mélasse (2 %) et d’ÉlitStar (70 %). Les laitonnes reçoivent un mélange de luzerne (8 à 10 %), de farine d’orge (40 %), de farine de pois (24 %), de mélasse (2 %) et de FleuronMix (26 %). Enfin la ration destinée aux taureaux et vaches à l’engraissement est composée de tourteaux de noix (7 %), de farines d’orge (40 %) et de maïs (24 %), de luzerne (5 %), de mélasse (2 %) et d’AxGranges (22 %) ».

L’idée du salarié

C’est Anthony Jeannot, agent du service de remplacement Côte-d’Or, qui avait soumis cette idée à Colette Bailly, Clément et Luc Dupaquier. « Nous étions un peu sceptiques au début, mais nous nous sommes finalement lancés, Anthony ayant déjà constaté la réussite de ce procédé dans d’autres exploitations. Notre premier mélange concernait les jeunes veaux, nous avons ensuite généralisé la démarche à l’ensemble de nos animaux », confie Clément Dupaquier. Le jeune homme de 21 ans enregistre une baisse des coûts de l’alimentation de 15 à 25 %, avec – et c’est bien sûr une priorité — un maintien des performances des bovins. L’achat d’un bol mélangeur en début d’année permet de réaliser ces mélanges : « cet investissement n’était pourtant lié à cette volonté de changer nos pratiques, c’est un pur hasard. L’hiver dernier, notre désileuse distributrice est tombée en panne et nous avons loué une mélangeuse. Nous en avons finalement acheté une, d’occasion. Cet achat nous permet aujourd’hui de changer nos habitudes ».

Selon les besoins

Le Gaec des Granges de Vesvres n’en est pas à son premier coup d’essai en termes d’alimentation. L’exploitation faisait régulièrement appel à un « camion-usine » venant à la ferme pour le broyage, l’aplatissage et le mélange de céréales et de protéagineux : « nous en étions satisfaits mais il n’était malheureusement pas possible d’incorporer des fibres, celles-ci ne passaient pas dans le système. Même chose pour les tourteaux, qui se retrouvaient éclatés… Avec notre mélangeuse, nous pouvons mettre tous les ingrédients que nous voulons et à notre convenance, selon les besoins des animaux à l’instant T. Cela nécessite trois heures de travail pour chaque mélange de quatre tonnes, environ une fois par mois. Près de 20 litres de gazole sont nécessaires à la fabrication. Nous pouvons aussi utiliser des noisettes, des cacahuètes, du pavot… Cela est fonction des quantités que nous arrivons à trouver. Les valeurs alimentaires ne sont pas toujours les mêmes alors, en contrepartie, nous devons réaliser des analyses pour répondre parfaitement aux besoins des bêtes. Tout se passe très bien ».