Médias
« Présenter l’agriculture sous l’angle de la jeunesse, du collectif et de l’optimisme »
Le 3 octobre, France Télévisions a diffusé le premier épisode de sa nouvelle série dédiée à la jeunesse et à l’agriculture. Tournée en Bretagne, Déter raconte avec une certaine dose d’intrigue, d’humour et d’émotions, le quotidien de plusieurs élèves d’un lycée agricole. Rencontre avec le coproducteur de la série, Augustin Bernard (Black Sheep Films).
En quelques mots, quelle est l’histoire racontée par la série Déter ?
Augustin Bernard : « Le spectateur suit, durant une année entière, le quotidien des élèves de terminale en Bac pro conduite et gestion de l’entreprise agricole (CGEA), au sein d’un lycée agricole situé en Bretagne. Le point de départ est le personnage Sohan, qui n’est pas issu du milieu agricole, mais qui est un citadin originaire de Paris et qui s’est inscrit en terminale. C’est l’œil du spectateur, puisqu’il arrive avec certains clichés et est plongé dans un univers peu connu. Au fur et à mesure, le spectateur découvre qu’il ne s’est pas inscrit dans ce lycée par hasard, mais qu’il cherche peut-être quelque chose qui s’y serait passé. Il fait également la rencontre d’Elsa, fille d’agriculteurs, qui rêve de reprendre la ferme familiale, destinée à son grand frère qui le voit, lui, comme un poids. Parmi les autres personnages, nous pouvons citer Mehdi, enfant d’ouvrier agricole passionné par l’agro-technologie. Vient enfin Lia, qui a grandi dans un foyer et qui doit absolument trouver sa voie au cours de l’année de terminale, puisqu’elle sera mise dehors à ses dix-huit ans. Le spectateur suit donc les aventures de chaque personnage, au cours de cette année décisive, où ils sont tous scolarisés en internat. La série montre également l’amour que ces jeunes de lycées agricoles portent aux animaux. Nous avons d’ailleurs choisi le Bac pro CGEA pour son lien avec l’élevage bovin ».
Sur quelle plateforme cette série est-elle diffusée ?
A. B. : « Déter n’est pas diffusée sur les antennes classiques, car cette série s’adresse surtout à un public âgé entre quinze et vingt-cinq ans. Il y a donc une diffusion chaque jour, du lundi au vendredi à 18 heures sur YouTube, qui est le premier média des jeunes, et chaque semaine sur la plateforme France. TV. La série comporte, au total, 200 épisodes d’une durée de 7 minutes ».
Pourquoi avoir choisi l’apocope déter, comme titre de cette série ?
A. B. : « Il s’agit d’un mot générationnel utilisé par tous les jeunes quelle que soit leur provenance, qui veut dire « être déterminé ». C’est un mot d’ordre, un totem d’une génération qui se mobilise et qui est en action. Du fait de leur activité et des questions qu’ils se posent sur le climat et à leur rapport à la nature et aux animaux, les personnages de la série le sont. Le monde agricole et rural est en train de se chercher un futur, le but n’était pas de montrer un agriculteur isolé et au bout du rouleau, mais bien de présenter cet univers sous l’angle de la jeunesse, du collectif et de l’optimisme. Déter, c’est une série joyeuse, dotée de beaucoup d’humour et d’émotions ».
Quels clichés avez-vous souhaité combattre ?
A. B. : « Les élèves des lycées agricoles ont souvent l’impression d’être stigmatisés. Ce parcours peut, à tort, être vu comme une quasi-sortie du système scolaire ou le symbole d’un échec. Les formations données en lycée agricole sont pourtant extrêmement variées, puisqu’elles permettent d’acquérir autant de savoirs empiriques que de savoir-faire. Elles ouvrent aussi les portes à de nombreux débouchés professionnels. À titre d’exemple, Sohan, le personnage principal, pense que le monde agricole est synonyme d’ennui et de retard sur la technologie. Il découvre alors que les lycées agricoles sont en pleine nature, où il est possible de faire beaucoup d’activités, comme construire une cabane ou aller à l’étang. Les lycéens que nous filmons sont modernes, complètement dans l’air du temps ».
Avant l’écriture du script, avez-vous rencontré des élèves de lycées agricoles ?
A. B. : « Cela fait plus de quatre ans que l’idée de créer une série sur ce sujet m’est venue. La première démarche a été d’aller visiter différents lycées agricoles, puisque chacun a sa spécificité selon sa situation géographique en France. J’ai longuement interrogé les directeurs et les membres du personnel, afin de comprendre le fonctionnement de ces établissements. Je suis ensuite parti en immersion avec l’équipe d’écriture. Nous avons passé deux jours dans un lycée agricole à Montargis (Loiret), puis deux jours dans un second lycée, situé à Douai (Nord). Ces journées nous ont permis de passer du temps avec les élèves, en journée comme en soirée. Nous avons complété ces immersions avec de nombreux entretiens téléphoniques et en visioconférences avec des anciens élèves ».
La série se déroule en Bretagne, pourquoi avez-vous privilégié cette région ?
A. B. : « Tout d’abord, parce que la Bretagne est la première région agricole de France. À l’annonce du projet, nous avons reçu un réel enthousiasme de la part de la Région. Ce choix a aussi été fait pour des raisons pratiques et logistiques. Nous avons commencé à tourner en avril, tandis que la série démarre au mois de septembre, soit le début de l’année scolaire. Nous avions besoin d’un climat océanique tempéré, où les saisons sont moins marquées ».
Ce projet a-t-il été difficile à vendre à France Télévisions ?
A. B. : « Au début, je n’imaginais pas ce projet comme une série quotidienne. J’avais proposé un format de 10 épisodes d’une durée de 30 minutes. Mais il s’est avéré que France Télévisions a eu coup de cœur et a souhaité le déployer en feuilletons. Nous sommes fiers d’avoir porté, sur 28 heures de programme, tout un portrait de la jeunesse rurale et agricole ».