Production ovine
Le joli coup de 2010

AG
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Le Côte-d’Orien Gilles Duthu retrace l’évolution de la coopérative Terre d’Ovin, qu’il préside depuis sa création il y a treize ans.

Le joli coup de 2010
Une hausse d’activité de 43% est observée depuis la fusion entre Cooprovosel et l'ancienne section ovine de Bourgogne Élevage. « Nous sommes passés de 39 000 à 60 000 animaux commercialisés chaque année », informe l'éleveur de Francheville.

De l’année 2010, certains retiennent -peut-être- la grève des footballeurs de l’équipe de France restés dans leur bus pendant la coupe du monde. Les « moutonniers », eux, se souviennent avant toute chose de la fusion entre Cooprovosel et la section ovine de Bourgogne Élevage. « L’idée de base, avec cette nouvelle entité nommée Terre d’Ovin, était de massifier l’offre, de disposer de volumes plus importants face aux acheteurs pour peser davantage sur le marché », rappelle Gilles Duthu, ancien président de la section ovine de Bourgogne Élevage, qui avait pris aussitôt les rênes de Terre d’Ovin. L’éleveur de Francheville, aujourd’hui à la retraite, se félicite du développement de la coopérative depuis sa création : « les éleveurs nous font confiance dès le début, nous comptons entre 350 et 400 adhérents à ce jour dans toute la Bourgogne, avec même quelques troupes en Haute-Marne. Passer de 39 000 à 60 000 animaux commercialisés chaque année, ce n’est pas rien. Cela nous a permis d’atteindre nos objectifs de départ, dans un contexte d’érosion du nombre de cheptels ».

Un nouveau siège

Cette hausse d’activité a engendré un changement de siège social : le site historique de la coopérative situé à La Boulaye, en Saône-et-Loire, n’était plus adapté aux volumes d’animaux. « Depuis le mois d’avril dernier, nous disposons d’un nouveau siège à Montceau-les-Mines, toujours dans le 71. Une nouvelle bergerie de 1 100 m2, capable de loger 900 ovins, a été construite à côté du centre bovin de Feder Élevage. Elle comprend notamment un centre d’engraissement », informe Gilles Duthu, en remerciant une nouvelle fois l’ensemble des financeurs de la structure. Ce site, beaucoup plus performant, permet en outre d’envisager des économies grâce aux synergies et aux mutualisations entre Terre d’Ovin et Feder Élevage. La coopérative conserve bien entendu son deuxième « local » à Venarey-les Laumes, en Côte-d’Or.

Tout va bien

Comme toute la filière, Terre d’Ovin profite d’une politique agricole redevenue favorable. « Et surtout : les prix ont bien évolué, ils redonnent du baume au cœur aux éleveurs. Cela fait du bien à tout le monde. Si cela perdure, cela devrait se ressentir dans le renouvellement des générations », observe le président, qui rappelle que Terre d’Ovin est engagée dans Tendre agneau et Agneau des Lys, deux démarches qualité Label rouge qui permettent de viser davantage de valorisation (jusqu’à 1,80 euro/kg supplémentaire en décembre). Cette coopérative née en 2010, « ce n’est pas que de la vente de moutons », insiste Gilles Duthu : « c’est aussi de l’accompagnement technico-économique pour prétendre à de meilleurs résultats sur sa ferme. Terre d’Ovin augmente également son activité appros, au service des éleveurs. L’accompagnement ne s’arrête pas en si bon chemin : nous aidons nos adhérents dans divers projets, notamment agrivoltaïques ». La coopérative multiplie de plus en plus ses collaborations avec ses partenaires : les Chambres d’agriculture mais aussi les organismes de sélection, pour ne citer qu’eux.

Attention toutefois

Les deux seules « ombres au tableau », en ce moment, restent la prédation et la baisse de la consommation, comme l’explique l’homme de 64 ans, devenu aide familial au Gaec des Champs fleuris, désormais géré par Antoine, son fils : « concernant le loup, cette menace est extrêmement pesante pour les éleveurs, des solutions rapides et efficaces doivent être trouvées. Pour la consommation, heureusement, la part de l’agneau français diminue moins vite que les autres venant d’Angleterre, d’Irlande et de Nouvelle-Zélande pour le congelé. La situation reste tout de même fragile. Les prix se tiennent bien car la production et la consommation s’équilibrent. Autre point : les écarts entre les prix de l’import et notre propre viande approchent désormais les 2 euros/kg, il faut s’en méfier ».