Enseignement
Du changement à l'EPL de Nevers-Cosne-Plagny
Suite à des modifications de statut des personnels d’encadrement de l’enseignement agricole, Guillaume Bouché, chef de l’exploitation de Challuy de l’EPL de Nevers-Cosne-Plagny, a décidé d’anticiper sa mobilité.
Fin août, Guillaume Bouché, 29 ans, actuellement chef de l’exploitation de Challuy de l’EPL de Nevers Cosne Plagny, partira vers de nouveaux horizons professionnels à Beaune comme directeur adjoint de l’EPL de Beaune, directeur au CFA et CFPPA : « avec le changement de nos statuts (1), nous avons une obligation de mobilité au bout de 8 ans. Mais, j’ai souhaité anticiper cela. Afin de relever de nouveaux défis professionnels, je quitte donc la Nièvre pour la Côte d'Or ». Arrivé en septembre 2019, il revient sur son parcours, fait le bilan de ces 5 ans et détaille ses espoirs pour l’avenir de l’EPL.
Point de départ
« Diplômé d’Agro Sup Dijon comme Ingénieur d’agronomie et de l’environnement, j’ai fait un cursus fonctionnaire. C’est-à-dire que l’État finançait mes études et, en retour, je devais m’engager dans la fonction publique, à l’issue de mes études. Je me suis tourné vers l’EPL de Nevers car cela me permettait de revenir dans mon territoire d’origine, tout en accédant à un poste à responsabilités. Chef d’exploitation d’un EPL est un poste multiple, avec un lien fort tissé avec tous les acteurs du territoire mais aussi avec des partenaires, l’équipe pédagogique et l’ensemble des élèves. Il ne faut pas non plus oublier toutes les facettes que l’EPL doit avoir, que ce soit au niveau de la production, mais aussi pour tout le volet expérimentation. Ce poste, bien que très prenant, est très enrichissant, avec une diversité de missions ».
Bilan des cinq ans
Il poursuit : « durant mon passage à Challuy, nous avons pris à bras-le-corps de nombreux sujets tout en poursuivant certains éléments déjà engagés, en les ajustant, comme la sélection génétique. Notre vision ultime durant cette période fut le changement de conduite de l’exploitation en lien avec la transition agroécologique. Dans cette optique nous avons engagé un changement de conduite de la troupe ovine ». Il insiste : « tous les projets ont été instaurés en collaboration avec le personnel impliqué, l’équipe pédagogique de l’établissement, les professionnels de la filière, les partenaires, les salariés de l’exploitation… Ce fut un travail collectif et collaboratif ». Il pointe également un certain paradoxe : « la transmission de savoir est aussi indispensable pour ce poste. Le point paradoxal étant qu’il est assez compliqué de faire venir les élèves par classe dans l’exploitation, car il est nécessaire de se calquer sur leurs emplois du temps, ce qui n’est pas toujours opportun face aux travaux que nous avons à faire de notre côté. Il faudra travailler ce point pour que venir dans l’EPL soit un réflexe pour toutes les filières de l’établissement. Cela étant, de nombreux élèves viennent ici de leur propre chef, ce qui est très agréable. En parallèle, ces échanges ont déjà été étoffés avec les autres sites, comme Cosne notamment, dont nous accueillons les étudiants assez régulièrement ».
Optimisme fondé
Il évoque également l’implantation de l’EPL dans le paysage agricole local. « À mon sens, l’exploitation de Challuy est typique du territoire Nivernais, Bourbonnais et Berrichon qui doit faire face à la transition agroécologique et aux enjeux du changement climatique (impliquant une nouvelle gestion du pâturage, l’attention particulière à la place de la viande dans la consommation future et donc de nos débouchés, etc.). Dans cette optique, l’EPL est un outil privilégié pour la pédagogie mais également pour la profession. D’ailleurs, pour répondre aux demandes des professionnels, nous avons toujours ajusté notre travail, notamment pour la sélection génétique. L’agriculture nivernaise est en train de prendre un virage et à mon sens elle n’est pas du tout en retard bien au contraire. Des initiatives innovantes se font un peu partout dans le territoire ; preuve d’une véritable volonté de se renouveler. Dans la Nièvre, nous avons un beau savoir-faire pour l’élevage (naisseur, engraissement, reproducteurs, etc.) mais, l’enjeu est de savoir comment nous allons pérenniser ce savoir-faire ? Pour ma part, je reste optimiste pour l’avenir de la filière et pour l’enseignement agricole en général. En effet, celui-ci offre une relation spécifique entre la théorie et la pratique, une particularité que l’on ne trouve pas ailleurs. En plus, que ce soit au niveau départemental ou régional, l’offre pédagogique en agriculture est énorme avec des cursus très divers ». Enfin, Guillaume Bouché « remercie chaleureusement toutes les personnes que j’ai pu croiser, et celles avec qui j’ai eu la chance de collaborer comme tous les partenaires, l’équipe de direction de l’EPL et surtout les salariés de l’exploitation : Didier, Antonin et Hervé, car il ne faut pas oublier qu’ils sont indispensables à la gestion quotidienne du site » et souhaite à son successeur « de la réussite, du courage et de prendre en main cet outil et ces divers pans ».