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Le biofioul prêt à remplacer le fioul d'origine fossile

Actuagri
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Ce carburant contenant 30 % de colza est appelé à monter en puissance en 2024.

Le biofioul prêt à remplacer le fioul d'origine fossile
2024 devrait être l'année du décollage du biofioul en France.

Depuis le 1er juillet 2022, si le fioul traditionnel peut continuer à être utilisé par plus de trois millions de résidences principales, toute installation neuve doit désormais fonctionner avec un biocombustible liquide de type biofioul F30, contenant 30 % de colza, (sous forme ester méthylique) et répondant à l’exigence du plafond d’émissions de CO2, fixé par la réglementation. Le biofioul F30 peut également être utilisé pour faire fonctionner les chaudières en service avant le 1er juillet 2022, moyennant quelques adaptations techniques simples, notamment le changement de brûleur. Selon Eric Layly, le président des entreprises de distribution des énergies hors réseau – fioul domestique, gazole non routier, gazole vrac, bois, GPL - ainsi que des stations-service indépendantes (FF3C), le biofioul va remplacer le fioul domestique, issu des énergies fossiles pour réduire les émissions de CO2. Il présente en outre l’alternative la plus adaptée dans les zones rurales et périurbaines non desservies par des réseaux de chaleur ou de gaz, ou dont le réseau de distribution électrique est insuffisant.

Une filière mobilisée

Dans les zones où les températures hivernales sont basses, le biofioul permet de conserver un mode de chauffage difficilement remplaçable, à un coût sensiblement inférieur à celui de la pompe à chaleur. Depuis son autorisation, la filière s’est mobilisée. D’abord avec la mise en place d’un réseau logistique visant à couvrir l’ensemble du territoire national. À ce jour 14 dépôts sont d’ores et déjà opérationnels. Quatre dépôts supplémentaires sont venus compléter le réseau en ce début d’année dans les départements du Nord, de l’Ille-et-Vilaine, de l’Essonne et de la Seine-Maritime. « Le maillage du territoire devrait être complet en 2024 », prévoit Frédéric Plan, délégué général de FF3C. Les chauffagistes sont également de la partie. Sur le terrain, plus de 1 100 chauffagistes et distributeurs sont aujourd’hui répertoriés comme fournissant du biofioul F30 et installant des chaudières compatibles. Les agriculteurs sont prêts également à relever le gant. « Sur les 1,3 million d’hectares consacrés au colza, nous sommes en mesure d’augmenter les volumes, si nous disposons des conditions de productions adéquates, l’accès à l’eau, la disponibilité en produits sanitaires, le progrès génétique… », indique Guillaume Chartier, administrateur de la Fédération des oléoprotéagineux.

Pourcentages en hausse

Pour le moment seuls 1 500 à 3 000 hectares de colza y sont dédiés, mais les surfaces devraient se développer rapidement. À court terme, l’objectif des professionnels vise à incorporer 30 % de biofioul issu du colza dans le fioul domestique dès cette année, puis 55 % voire davantage en 2025-2026 et de parvenir à du fioul 100 % renouvelable les années suivantes. « Le biofioul F30 n’est qu’une première étape. Les acteurs du biofioul se tiennent d’ores et déjà prêts à envisager une accélération de la trajectoire vers le F100, biocombustible intégralement renouvelable », assure Eric Layly. Reste qu’il subsiste quelques freins à son développement : son prix. Il est plus élevé de 15 %, soit 20 cts par litre environ que le fioul 100 % fossile. D’où la demande de la filière au gouvernement de procéder à un aménagement de la fiscalité de façon que leurs prix soient identiques. Ce qui permettrait d’orienter le choix des consommateurs vers un produit plus vertueux sur le plan écologique.