Cuma
Des structures qui élargissent leur horizon

Berty Robert
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La Fédération régionale des Cuma de Bourgogne-Franche-Comté a fait le point sur les évolutions qui touchent ces organisations, lors de son assemblée générale, à Valravillon, dans l’Yonne. L’occasion de découvrir qu’elles investissent de nouveaux champs d’action.

Des structures qui élargissent  leur horizon
Retour à une ambiance plus conviviale pour les Cuma de BFC, à Valravillon, dans l'Yonne.

Avec deux agriculteurs sur trois impliqués dans une Cuma, ce système coopératif compte en Bourgogne-Franche-Comté (BFC). Le 26 janvier, ils étaient nombreux à avoir convergé vers Valravillon, au nord-ouest d’Auxerre, dans l’Yonne, à l’occasion de l’assemblée générale de la Fédération régionale des Cuma. La structure fédère 780 coopératives et on sentait bien que les participants avaient du plaisir à se retrouver en présentiel pour la première fois depuis longtemps. Hervé Delacroix, agriculteur du Doubs et président de la fédération, est revenu sur les chiffres 2022, stables en termes de chiffre d’affaires (34 millions d’euros HT), mais avec des prestations en hausse. Le niveau global d’investissement de ces Cuma a, lui, atteint 28 millions d’euros.

Attractivité du secteur

Pour 2023, le budget prévisionnel de l’association est bien obligé de prendre en compte les effets de l’inflation. Par ailleurs, la fédération affiche son souhait de développer une politique salariale incitative, en termes de recrutements comme de progressions de carrière. Car, dans ce secteur aussi, les bras manquent parfois. À titre d’exemple, les Cuma de l’Yonne sont demeurées plus de six mois sans animatrice. Une nouvelle (Mathilde Bonnot), vient tout juste d’être recrutée et l’embauche d’un nouveau personnel administratif pour les départements de l’Yonne et de la Nièvre a été budgétisée, tant le besoin de soutien dans ce domaine est important. Toujours au chapitre du budget, une hausse des cotisations a été votée : elles passent de 1,8 % du chiffre d’affaires des Cuma à 2 % avec un plafond maximal lui aussi rehaussé, de 2050 à 2550 euros. Parmi les chantiers prioritaires de la fédération régionale en 2023 figure la diffusion d’une plaquette concernant les effluents d’élevage sur les chantiers collectifs. Elle sera disponible en mars. On peut aussi noter la diffusion d’une campagne de communication nationale destinée à battre en brèche certaines idées préconçues sur les Cuma. Sur l’année 2023, en BFC, on a dénombré la création de 3 nouvelles Cuma, et la dissolution de 15 autres.

Inscrire les Cuma dans la loi d’orientation

Autre élément d’information important : une évolution législative permet désormais aux Cuma de développer de nouvelles activités, à condition qu’elles adoptent des modifications statutaires, pas de manière globale, mais coopérative par coopérative, en fonction des projets. Elles peuvent aussi commercialiser directement l’électricité produite par des panneaux photovoltaïques implantés sur des toitures de bâtiments leur appartenant. L’assemblée générale de Valravillon fut aussi marquée par la présence et l’intervention de Mathieu Goehry, président national des Cuma, accompagné par son tout nouveau directeur, Étienne Regnaud. Le président a rappelé que « sur les grands thèmes qui agitent aujourd’hui l’agriculture française – renouvellement des générations, climat, autonomie alimentaire et énergétique – la fédération nationale s’inscrit totalement et compte bien apporter sa contribution à la future loi d’orientation agricole voulue par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Pour nous, il y a trois défis à relever : l’enjeu de l’accompagnement des groupes, à travers l’importance des équipes d’animation, le renouvellement des agriculteurs et des élus au sein des Cuma et enfin, la fidélisation et la formation des équipes. Il est important, dans ce contexte, de proposer des projets et d’utiliser, pour cela le Dispositif national d’accompagnement (Dina) des Cuma. Il faut aussi rappeler, dans l’optique du renouvellement des générations, que les Cuma sont un outil pour les jeunes qui s’installent, notamment pour les aider à évaluer leurs charges de mécanisation, par le biais de l’outil Mécagest ».

Trois nouveaux administrateurs

L’assemblée générale des Cuma de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) aura été l’occasion de renouveler en partie le conseil d’administration. Trois nouveaux administrateurs ont été élus : il s’agit de Philippe Gransagnes (Côte-d’Or), Laurent Melin (Saône-et-Loire) et Lionel Parigot (Yonne).

 Conjuguer Cuma et circuits court
La nouvelle unité de triage de grains, mise en place en marge de la Cuma du Chatillon.

Conjuguer Cuma et circuits court

L’un des thèmes retenus pour cette assemblée générale était la possibilité, pour les Cuma, de développer, en interne, des activités de transformation et même de commercialisation en circuit court. Pour illustrer ce thème, c’est l’exemple de la Cuma du Chatillon, à Valravillon, dans l’Yonne, qui a été retenu. Créée en 1994, elle fédère aujourd’hui 16 exploitations et 40 équipements différents, en bio et en conventionnel. Comme le souligne son président, Guillaume Conseil, il y avait un vrai intérêt du collectif pour évoluer vers ces activités, porté par une dynamique d’investissement et d’innovation. Il y a d’abord eu de la vente de lentilles en circuit court puis, la transformation de matière première en huile, pâtes ou farine, s’est installée, peu à peu. La Cuma a investi dans un moulin, une presse à huile et une machine à pâtes. Les produits sont commercialisés sous la marque « Les Fermes du Ravillon », par le biais d’un réseau de magasins bio. Une restauration collective du secteur en achète également. Enfin, une vente a lieu à la ferme un vendredi par mois. La gamme comprend des farines, des huiles, des pâtes, des graines non transformées (lentilles, lin, pois chiches…) Ce développement apporte un certain nombre d’avantages, avec, notamment, une plus grande maîtrise des productions, d’un bout à l’autre de la chaîne. Toutefois, la structure de commercialisation à créer n’est pas chose simple. De plus, en 2016, 4 des exploitations réunies au sein de la Cuma du Chatillon ont créé la Société en nom collectif (SNC) « Les fermes du Ravillon ». En 2022, cette SNC a investi dans un nouveau bâtiment de 900 m2 équipé de machines de tri des grains avec une capacité pouvant aller jusqu’à 800 tonnes, supérieure aux besoins de la Cuma mais apte à répondre à des demandes de prestations externes.