Ovins
Partie remise

AG
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Le syndicat d'élevage ovin devait se réunir en assemblée le 16 juin à Pouilly, le rendez-vous est reporté début septembre.

Partie remise
Hubert Mony, éleveur à Francheville, évoque plusieurs pistes pour réduire ses coûts de production.

Il y a des priorités dans la vie d'une exploitation, et les foins en sont une : le syndicat d'élevage ovin a décidé de reporter son assemblée générale car nombre de ses adhérents étaient en train de faucher leurs prairies la semaine dernière. « Ce n'est que partie remise. Une prochaine date a été le 6 septembre, toujours au pôle agricole », signale Hubert Mony, qui quittera la présidence lors de ce rendez-vous. L'ordre du jour restera inchangé avec, pour commencer, un mot sur la conjoncture, si celle-ci n'a pas changé : « les prix sont interessants avec des agneaux qui se vendent très bien, entre 7,5 et 8 euros/kg. Nous avions déjà connu ces mêmes tarifs l'an passé, mais de façon plus épisodique. Depuis décembre, ils se tiennent bien et c'est une satisfaction. Les raisons ? Le nombre de cheptels est en diminution, il y a moins d'animaux sur le marché et les agneaux anglais ne sont plus là avec le Brexit »

S'attaquer aux charges

À l'image des autres productions, les charges flambent elles aussi, souligne Hubert Mony : « ce contexte est vraiment très particulier. Les prix de la viande que nous connaissons en ce moment sont essentiels pour pouvoir se dégager une marge. Si ce n'était pas le cas, nous n'y arriverions pas ». Un exposé sur les charges alimentaires était programmé lors de cette assemblée. « Celui-ci restera à l'ordre du jour en septembre, d'autant que les agnelages d'automne auront débuté. J'ai lu dans un récent article dans Pâtre que ces coûts de production augmenteront de 0,50 à 1,50 euro par kg de carcasse », commente Hubert Mony, pour qui toutes les pistes doivent être creusées pour tenter de réduire ses coûts de production : « le recours au pâturage est bien sûr une solution. Nombre d'éleveurs vont revenir aux mises-bas de printemps pour caler les fins de gestation, les lactations et la croissance des agneaux avec la pousse de l'herbe. Réaliser des échographies et alloter restent aussi de très bonnes manières d'économiser des concentrés. Pour ceux qui optent pour l'allaitement artificiel, ce qui est le cas avec des races prolifiques, il est parfois possible de sevrer deux voire trois semaines plus tôt, sans la moindre incidence négative sur l'animal. L'utilisation de poudre de lait reste malgré tout inévitable, sachant que son prix avoisine désormais les 3 600 euros la tonne.... Produire des fourrages avec la meilleure valeur alimentaire est aussi essentiel pour économiser des concentrés et des tourteaux qui approchent les 500 euros la tonne. Personnellement, un enrubannage de luzerne s'est révélé très pertinent, l'analyse vient de démontrer 0,8 UFL/kg et 23 en matière azotée ».

Inquiétudes sur la tonte

Hubert Mony tient à partager l'une de ses inquiétudes grandissante, relative à la tonte de moutons. De moins en moins de professionnels oeuvrent dans le département. Seuls deux jeunes sont en activité et ces derniers s'installeront à terme : « Nous sommes devant une grosse problématique et je ne vois pas de solution. Je ne suis pas persuadé que tout le monde en ait pleinement conscience ».

 

 

 

Le loup, encore et toujours

La problématique du loup hante encore l'esprit des éleveurs. Et cela est loin d'être terminé. « En réalité, ce n'est que le début », s'inquiète Hubert Mony, informant qu'une nouvelle attaque est à déplorer près d'Avallon. Le responsable côte-d'orien est d'autant plus perplexe que « rien n'avance dans le bon sens » : « cela ne va pas s'arranger avec les nombreux ponts à gibier qui sont en cours de construction sur les autoroutes, ces millions d'euros dépensés ne font que confirmer mon impression ou plutôt ma conviction que nos politiques n'on strictement rien à faire de nos problèmes. En février, nous avions rencontré l'agence régionale de la biodiversité, la présidente de région et le préfet. Mon ressenti ? Les éleveurs sont pris pour des imbéciles, j'avais perdu ma journée ». Hubert Mony ajoute que 18 attaques (dont deux dans lesquelles le lynx n'est pas écarté) ont été recensées en 2021 en Côte-d'Or, pour un total de 92 victimes (dont 77 animaux tués ou euthanasiés). Les moyens de protection ne sont pas une solution selon lui, et les soutiens financiers annoncés par l'administration sont loin de tout combler : « on nous annonce 80% de subventions mais nous sommes plutôt à 60%, car un certain nombre de choses, dont la main d'oeuvre, ne sont pas pris en compte. Dans mon cas, la protection d'un îlot de 25 ha va me coûter 8 000 euros mais je serai aidé à hauteur de 5 000, sans compter qu'il faut sans cesse se bagarrer pour les obtenir... Et quand j'aurai terminé mes travaux, seulement 10% de ma ferme sera protégée... Nous ne serons guère plus avancés ».

 

Sur l'agenda

Les éleveurs ovins ont rendez-vous au concours d'Arnay-le-Duc vendredi 26 août. Au programme de 9h à 13h : concours et ventes de reproducteurs toutes races et exposition-vente d'agnelles. Renseignements : 06 87 85 06 99.