Espace test de Luzy 2/2
Cultiver son avenir

Chloé Monget
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Suite à la présentation des avancées faites à l'espace test de Luzy (1), voici le portrait du maraîcher porteur du projet : Vincent Keignaert. 

Cultiver son avenir
Vincent Keignaert, 34 ans, est le porteur du projet de maraîchage de l'espace test de Luzy. Afin de délimiter ce dernier, environ 300 plans (financés par le Conseil Régional) seront implantés pour créer une haie composée notamment d'arbres fruitiers à essences locales.

« Je suis très content d’être arrivé et d’avoir mis enfin les premiers jalons concrets pour commencer mon activité » insiste Vincent Keignaert, 34 ans, porteur du projet de l’espace test de Luzy (1). Pour rappel, ce dernier se compose d’1 ha entièrement irrigué dont 1 000 m2 de serre et des bâtiments de stockage de matériel et dotés d’une chambre froide pour conserver la production.

La municipalité précise que : « le principe du lieu est d’offrir un cadre à un porteur de projet pour tester l’activité maraîchère tant d’un point de vue technique qu’économique. Le Conseil départemental met à disposition des outils de production en maraîchage, la Mairie met à disposition une parcelle communale pour développer cette activité et accompagne le porteur dans son intégration sur le Territoire grâce à l’embauche d’une cheffe de projet alimentaire. Sur le volet juridique et comptable, le porteur de projet est accompagné par Semeurs du Possible, une association spécialisée dans l’accompagnement des Espaces test. Luzy porte un projet alimentaire local depuis deux ans, ce projet collectif vise à terme une certaine autonomie alimentaire. Au-delà du maraîchage, ce projet accompagne les producteurs locaux dans la valorisation de leurs productions ».

En l’essence

Originaire des Yvelines, Vincent s’était au départ dirigé vers les métiers des espaces verts : « J’ai toujours apprécié travailler dehors, et l’aspect technique des métiers du végétal m’a toujours attiré. Après avoir travaillé dans les Yvelines, je passe mon BPREA à Chartres puis je suis allé travailler dans le Maine-et-Loire pour après m’installer deux ans dans l’Yonne ». Il décide avec des amis, durant son passage du BPREA, de réfléchir à une installation à plusieurs. « J’ai opté pour le maraîchage car je trouve cela extrêmement valorisant de se dire que l’on nourrit une population en vue de leur offrir une certaine autonomie alimentaire. Ainsi, le projet initial d’installation devait se faire avec trois de mes amis (deux bergers, deux maraîchers – dont moi), nous voulions créer un projet collectif. Mais, cela ne s’est pas réalisé pour diverses raisons. Je suis entré en formation BPREA à et j’ai commencé à chercher des terrains. Malheureusement l’accès au foncier est très compliqué et je souhaitais ne pas être trop loin de mes parents qui sont venus prendre leur retraite dans l’Yonne. De fil en aiguille, j’ai découvert le principe des espaces tests. Je trouve le concept très pertinent dans le contexte actuel parfois complexe pour l’octroie des prêts bancaires. En effet, l’espace test permet au porteur de projet de lancer son activité avec un investissement réduit. Cela donne une chance de pouvoir tester ses compétences et son envie de faire ce métier, tout en limitant les risques. J’ai tout naturellement candidaté pour l’Espace test de Luzy, et j’ai pu être accompagné sur ce projet par le Maire de Luzy Jocelyne Guérin, Aurore Robart chargée de développement PAT, qui m’a consacré beaucoup de temps ainsi que Maxime Albert chargé de mission au Conseil départemental. Avant même mon arrivée, j’ai été accompagné : la proposition d’un logement, l’intégration à la vie locale, la mise en contact avec les producteurs locaux. Je peux dire que dès mon arrivée, j’étais Luzycois ! ».

Pour son projet à Luzy, Vincent affirme : « La priorité est de produire pour la restauration collective, car cela permet de sécuriser la vente d’une partie de ma production et le fait de faire découvrir de bons produits aux enfants est aussi très valorisant. L’objectif est que mon installation soit viable sur le long terme ». Pour sa production, Vincent s’enthousiasme : « je prévois de commencer mes propres plans d’ici mars – et de les faire chaque année. Même si cela me demande du travail et du suivi, je trouve que c’est encore plus valorisant. Pour l’instant, je pars sur 30 à 40 variétés de légumes ».

À développer

Outre les légumes, Vincent pense à d’autres productions : « La filière fruits est à développer et je ne m’interdis pas de m’associer avec un arboriculteur sur l’espace test, il y a un véritable besoin sur le territoire pour cette production ». Vincent a d’autres expérimentations en tête : « j’aimerais lancer un atelier de champignons. Ce qui est intéressant avec ce type de culture c’est qu’il ne s’agit ni d’une production végétale ni d’une production animale ; c’est fascinant. Pour ne rien gaspiller, ils peuvent être consommés frais comme séchés. Les possibilités sont presque infinies, ce qui offre de nombreux débouchés commerciaux ». Si l’expérimentation est donc un des pans d’avenir pour Vincent, un autre volet lui tient à cœur : la transmission de savoirs. « Des visites du site ainsi que des ateliers avec les enfants peuvent être mis en place. Pour moi, il est important de les sensibiliser aux techniques de productions car ils sont l’avenir. Et, peut-être que j’insufflerais des envies d’installation ! ». Avant d’avoir sa première pousse, Vincent a donc encore un certain travail à faire, mais il résume son investissement : « je n’ai pas envie d’échouer, alors on y va ! ».

(1) Voir notre précédente édition