Problématique d'installation
Difficultés d'installation pour un jeune dans le Morvan

Berty Robert
-

Un acteur du monde agricole morvandiau évoque les difficultés qui se posent à un jeune agriculteur qui fait le choix de s’installer dans le Morvan.

Difficultés d'installation pour un jeune dans le Morvan
Peut-être encore plus qu'ailleurs, le Morvan fait partie de ces zones rurales pour lesquelles le besoin d'assurer de bonnes conditions d'installation pour les jeunes agriculteurs est vital. (Crédit L. Mouquet)

Pour les jeunes agriculteurs, les difficultés d’installation sont une problématique qui prend des visages très divers et un relief encore plus particulier lorsqu’on se trouve sur des zones rurales confrontés à un besoin fort de revitalisation. Un exemple récent, qui nous vient du Morvan nivernais et qui nous est rapporté par Pierre Bobin, agriculteur à la retraite et membre de la commission des structures de Montsauche-les-Settons l’illustre assez bien. « Je regrette, explique Pierre Bobin, que trop peu de jeunes s’engagent dans la voie de l’installation dans le Morvan, un territoire certes rude à vivre et à travailler. Mais le plus grave, c’est que lorsqu’il y en a un qui fait malgré tout la démarche, il faut se battre avec des obstacles qui surgissent et dont on aurait pu se passer… » Et d’évoquer le cas d’une ferme d’une surface de 70 hectares, située sur la commune de Saint-Martin-du-Puy, dans le canton de Lormes qui appartenait à un ancien marchand de bestiaux.

Une aberration

À la suite de son décès, la ferme est devenue disponible. « Quatre héritiers sont concernés, précise Pierre Bobin, ils avaient décidé de vendre la ferme à la Safer qui a obtenu une promesse de vente de la part de l’indivision. La commission du canton de Lormes de la Safer a décidé de l’attribuer à un jeune pour son installation. Une décision qui a été suivie par le comité technique de l’organisme, à Nevers, mais l’organisme ne peut pas signer avec les quatre indivisionnaires parce que les champs sont actuellement occupés avec des vaches. L’une des quatre personnes de l’indivision est en effet mariée à un agriculteur de l’Yonne qui occupe les parcelles et qui exploite un total de 360 hectares sur les départements de la Nièvre et de l’Yonne ». Cette situation bloque toute nouvelle installation, ce qui ne manque pas de constituer une aberration pour l’ancien agriculteur morvandiau, alors que les besoins de revitalisation du tissu social et agricole sont si importants sur la zone où il vit. Les bêtes qui étaient présentes sur les parcelles concernées seraient toutefois en cours de retrait ce qui peut laisser penser que la situation serait en voie d’arrangement. Mais, pour Pierre Bobin, le temps presse : « La cession de la ferme devient urgente parce que derrière, se profile la nécessité de procéder aux déclarations PAC, indispensables pour que le jeune s’installe dans de bonnes conditions ». Un exemple qui pose en tout cas question et qui ajoute de l’inquiétude, localement, face aux règles instituées par la nouvelle PAC : « C’est en particulier le cas, poursuit notre agriculteur retraité, pour les MAEC Parc du Morvan. Pourquoi sont-elles plus restrictives que les MAEC Chambre d’agriculture ? On a l’impression qu’on cherche à appauvrir encore plus les paysans du Morvan… »