Vignoble du Châtillonnais
Vers une récolte exceptionnelle
Les vendanges se terminent dans les vignes châtillonnaises. Le résultat s’annonce très positif, au plus grand plaisir des producteurs, mais aussi des amateurs de vins et de crémant de Bourgogne.

Le Châtillonnais compte une cinquantaine de producteurs spécialisés à 85 % dans la production de crémants, dont une vingtaine de domaines élaborateurs « Les surfaces à récolter avoisinent les 320 hectares. L’appellation d’origine contrôlée bourgogne concerne 1 400 hectares et 23 communes », indique Christophe Suchaut, conseiller vigne et vins à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Une fois n’est pas coutume, l’année 2018 s’annonce exceptionnelle en tout point selon le technicien, qui résume les principales caractéristiques de la campagne : « les gelées printanières ont enfin épargné le vignoble du Châtillonnais ! L’arrivée du mildiou, assez tardive, a été bien maîtrisée, d’autant que le sec de ces deux derniers mois n’a pas contribué à son développement. Il en est de même pour le botrytis. Les conditions climatiques ont été exceptionnelles depuis mi-avril, les raisins sont très sains. La belle maturité a été favorisée par le retour d’un temps plus frais avec quelques pluies, même si leur cumul reste globalement assez faible ». En poste depuis 1996, Christophe Suchaut n’avait jamais constaté une aussi belle récolte : « c’est du jamais vu, nous frôlons même la perfection avec un taux de sucre très intéressant et des acidités qui se maintiennent très bien. Le millésime 2018 sera vraiment qualitatif. En ce qui concerne la quantité, le nombre de grappes compense le faible poids des baies engendré par le manque d’eau ».
Cap sur le bio
Henri Mutin, viticulteur à Massingy, a commencé de vendanger ses quatre hectares de vignes ce lundi. Cette récolte va faire du bien à l’ensemble des producteurs, assure ce fidèle adhérent de Bienvenue à la ferme : «Il n’y a, peut-être, pas assez plu pour obtenir un rendement optimal en jus, mais c’est bien là l’unique petit problème de cette campagne. La maturité est excellente, tout comme l’état sanitaire. Les températures, elles, se sont radoucies au meilleur moment. Cette très bonne vendange est la bienvenue, elle va profiter à toutes les exploitations du Châtillonnais. Il y en avait besoin car, avec les caprices de la météo, nous enchaînions les déceptions depuis 2013. La situation était devenue très compliquée pour les stocks bouteilles, les durées d’élevage et les trésoreries». Henri Mutin effectue cette année sa première vendange 100 % bio, lui qui avait entamé sa conversion en 2010 : «le bio concerne désormais l’intégralité des parcelles. J’ai aussi débuté une conversion dans mon atelier de grandes cultures. C’est un choix personnel, gage selon moi d’une qualité supplémentaire. Au niveau technique, cela faisait dix ans que je ne désherbais plus. L’enherbement est naturel et maîtrisé. La fertilisation s’effectue au moyen d’engrais naturels comme du compost». Les raisins récoltés cette semaine produiront du bourgogne blanc, du bourgogne rouge et bien sûr du Crémant. «Les vins de ce millésime 2018 seront disponibles d’ici un an et demi, voire deux ans. Il faudra attendre au moins un an de plus pour le Crémant. Certaines cuvées nécessiteront jusqu’à huit ans», informe Henri Mutin. Ce grand passionné viticole écoule 90 % de ses bouteilles depuis sa propre cave, par le biais d’une clientèle très variée et de tous horizons. Ses produits sont également disponibles au drive fermier de Dijon, à la maison de pays de Pouilly-en-Auxois, au magasin de producteurs Magapomme à Bretenière et sur les marchés de Bienvenue à la ferme. Henri Mutin réalise un peu d’exports en direction de la Suède, du Danemark et de la Belgique. «J’accueille aussi des camping-cars à la ferme, des touristes viennent passer plusieurs nuits chez moi et en profitent pour déguster et repartir avec des produits du domaine», ajoute le producteur.
Un terroir à bulles
Le domaine Gillon Frères, à Gomméville, termine la récolte de ses sept hectares de raisins cette fin de semaine. «Nous n’avions jamais vu cela depuis l’année 2000 et le début de notre diversification en viticulture. Toutes les baies ont une qualité exceptionnelle, il n’y a pas eu le moindre foyer de pourriture dans l’ensemble des vignes», se réjouit Alain Gillon. Pas moins de trente vendangeurs étaient réquisitionnés depuis le 27 août dans les 5,5 ha de pinot noir et 1,5 ha de chardonnay de l’exploitation, destinés à produire du Crémant, mais aussi du bourgogne blanc, rouge et rosé. Alain Gillon, président du syndicat de défense des intérêts viticoles des coteaux du Châtillonnais, profite de cette très belle année pour faire la promotion du vignoble de haute Côte-d’Or : «Le Châtillonnais dispose d’un terroir à bulles, de cépages bourguignons et de clones sélectionnés pour faire des bulles ! C’est vrai, nous manquons encore de notoriété, de par nos faibles volumes de production. Mais la donne va à mon avis changer dans les années à venir. Pas moins de 1 400 ha sont aujourd’hui classés sur 23 communes et il se plante 10 à 15 ha de vignes tous les ans : je suis sûr que nous approcherons les 700 ha d’ici 20 ans. Nos responsables politiques doivent le savoir : le vignoble du Châtillonnais est une belle richesse, qui représente une source importante de main-d’œuvre, très utile dans nos petits villages ruraux. La vigne fait vivre l’équivalent de 200 emplois à temps plein, répartis entre les responsables d’entreprises et les salariés».
Des vaches et des grandes cultures
Alain et Patrick Gillon sont à la fois viticulteurs, éleveurs de 50 vaches charolaises et producteurs céréaliers sur 350 ha. Cumuler ces trois métiers n’est pas toujours de tout repos, d’autant plus que les deux frères réalisent des prestations de services en grandes cultures. « La période des vendanges est très exigeante, il faut constamment jongler entre différentes productions », explique Alain Gillon, « nous nous sommes arrangés pour que des broutards soient vendus la veille de commencer les vendanges. Heureusement, les semailles de colza ont été réalisées plus tôt cette année, il n’y a pas eu de problème de ce côté-là. Pour les vendanges, l’ambiance est très bonne, mais la partie administrative complique sérieusement la tâche. Elle nécessite de se lever chaque jour à trois heures du matin pour remplir les attestations, certificats ou autres déclarations. Au prix où nous vendons nos raisins, il n’est pas possible de financer un poste de secrétaire. Une vingtaine de feuilles sont à remplir par ouvrier, j’ai donc plus de 600 documents pour 10 jours de vendanges. J’ai en permanence ma sacoche sur moi, c’est un peu dommage mais c’est comme ça ! ». Élevages, céréales, vignes… Quelle est la préférence d’Alain Gillon ? « Ma formation, à la base, est céréalière. J’aurais donc tendance à répondre les grandes cultures. Mais le métier a bien changé ces dernières années. Il ne faut surtout pas qu’il nous arrive un pépin matériel l’été sinon, la machine devient très difficile à réparer. Une averse programmée ? Tout le monde devient fou à l’idée de perdre quelques points de PS… J’apprécie davantage les bêtes, j’aime bien me retrouver l’hiver avec elles. Si un vêlage est compliqué, il est encore possible de trouver un vétérinaire disponible. Pour les vignes, vous l’aurez compris, les contraintes administratives me gâchent quelque peu le plaisir ».
Dans la continuité des céréales
Le Domaine des Arpents, à Poinçon-lès-Larrey, a vendangé ses 3,35 ha de chardonnay et de pinot noir la semaine dernière, avec près de trois semaines d’avance sur un calendrier plus classique. « Par chance, nous avons eu plusieurs épisodes pluvieux. Les parcelles ont bénéficié d’une quarantaine de millimètres d’eau lors des deux semaines qui ont précédé la sortie des sécateurs », mentionne Christophe Gérard, « cela a permis d’avoir une quantité très intéressante, il y a beaucoup de jus dans les raisins. Cumulée à la qualité, ces vendanges sont excellentes, c’est du jamais vu chez nous depuis notre première récolte en 1993. Le temps s’y est parfaitement prêté, les vignes ont tout donné ! ». Cette vendange s’est effectuée sur la même dynamique des moissons estivales, exceptionnelles en céréales : « les rendements ont été très intéressants dans notre petit secteur, avec une régularité inédite. Pour l’anecdote, j’ai récolté pour la première fois du pois chiche, sur 2,5 ha. Celui-ci a livré un rendement de 30 q/ha, soit un niveau totalement inespéré ». Contrairement à Alain Gillon, Christophe Gérard émet de sérieux doutes quant à un développement important des surfaces de vignes dans les années à venir : « le prix du kilogramme de raisins ne dépasse pas les deux euros. Ce n’est vraiment pas beaucoup, d’autant qu’il faut retrancher un quart de cette somme pour financer les vendanges. Si le prix du raisin augmente, oui, les producteurs planteront davantage, mais cela me paraît difficile dans le cas inverse. La vente en bouteilles est mieux rémunérée, mais en raisin, c’est plus délicat. Cela n’enlève en rien à la qualité de notre production. Notre crémant de Bourgogne vaut vraiment un bon champagne, il suffit de le goûter. De plus, nos prix sont nettement plus attractifs ».
Le Châtillonnais est là !
Joël Peixeiro a récolté ses trois parcelles de vignes à Obtrée, du 28 au 31 août, avec le même enthousiasme que ses collègues des autres communes : « La qualité au top, c’est vraiment de bon augure pour les vins à venir. Entre le gel et les maladies, les saisons passées avaient été très compliquées, nous mettons fin à ce calvaire. Le temps est parfait cette fois-ci. L’ambiance est excellente : nous sommes une dizaine à vendanger aujourd’hui, avec une majorité de personnes de ma famille. Mes petites-cousines sont même venues pour l’occasion ». Le producteur a encore en mémoire l’important sinistre de 2013, qui avait fortement perturbé son activité : « la fameuse tornade, notamment passée par Montliot-et-Courcelles, avait mis une bonne partie des vignes par terre. C’était très violent, j’avais même retrouvé deux trampolines dans cette parcelle vendangée ce jour, alors que les premières habitations sont assez loin d’ici. Depuis ce fléau, je ne pouvais plus suivre en trésorerie et mes surfaces sont passées de 4 à 1,70 ha. Avec 4 ha, la trésorerie était conséquente, je pouvais couvrir les frais de culture et payer les loyers. Derrière cette tempête, j’avais été contraint de lâcher des parcelles par peur de faire défaut à mes bailleurs. À la base, je faisais moi-même du vin. Aujourd’hui, je livre l’intégralité du raisin à un négociant à Pothières, sans faire de moût. À l’époque, j’aurais apprécié que quelqu’un vienne en aide aux viticulteurs du Châtillonnais, que les suites de la tempête ne se résument pas à une question d’assureur ! Je suis sans doute un peu rêveur, c’est comme ça ! ». Malgré ces difficultés depuis cinq ans, Joël Peixeiro reste le supporter numéro un du vignoble Châtillonnais : « j’ai cette passion dans le sang. Je suis le petit-fils d’un viticulteur portugais, je suis fier de marcher sur les traces de mon grand-père et fier d’être du Châtillonnais. Mon crémant a fait le tour du monde. Je le dis haut et fort : notre production n’a rien à envier au champagne ! ».
Cap sur le bio
Henri Mutin, viticulteur à Massingy, a commencé de vendanger ses quatre hectares de vignes ce lundi. Cette récolte va faire du bien à l’ensemble des producteurs, assure ce fidèle adhérent de Bienvenue à la ferme : «Il n’y a, peut-être, pas assez plu pour obtenir un rendement optimal en jus, mais c’est bien là l’unique petit problème de cette campagne. La maturité est excellente, tout comme l’état sanitaire. Les températures, elles, se sont radoucies au meilleur moment. Cette très bonne vendange est la bienvenue, elle va profiter à toutes les exploitations du Châtillonnais. Il y en avait besoin car, avec les caprices de la météo, nous enchaînions les déceptions depuis 2013. La situation était devenue très compliquée pour les stocks bouteilles, les durées d’élevage et les trésoreries». Henri Mutin effectue cette année sa première vendange 100 % bio, lui qui avait entamé sa conversion en 2010 : «le bio concerne désormais l’intégralité des parcelles. J’ai aussi débuté une conversion dans mon atelier de grandes cultures. C’est un choix personnel, gage selon moi d’une qualité supplémentaire. Au niveau technique, cela faisait dix ans que je ne désherbais plus. L’enherbement est naturel et maîtrisé. La fertilisation s’effectue au moyen d’engrais naturels comme du compost». Les raisins récoltés cette semaine produiront du bourgogne blanc, du bourgogne rouge et bien sûr du Crémant. «Les vins de ce millésime 2018 seront disponibles d’ici un an et demi, voire deux ans. Il faudra attendre au moins un an de plus pour le Crémant. Certaines cuvées nécessiteront jusqu’à huit ans», informe Henri Mutin. Ce grand passionné viticole écoule 90 % de ses bouteilles depuis sa propre cave, par le biais d’une clientèle très variée et de tous horizons. Ses produits sont également disponibles au drive fermier de Dijon, à la maison de pays de Pouilly-en-Auxois, au magasin de producteurs Magapomme à Bretenière et sur les marchés de Bienvenue à la ferme. Henri Mutin réalise un peu d’exports en direction de la Suède, du Danemark et de la Belgique. «J’accueille aussi des camping-cars à la ferme, des touristes viennent passer plusieurs nuits chez moi et en profitent pour déguster et repartir avec des produits du domaine», ajoute le producteur.
Un terroir à bulles
Le domaine Gillon Frères, à Gomméville, termine la récolte de ses sept hectares de raisins cette fin de semaine. «Nous n’avions jamais vu cela depuis l’année 2000 et le début de notre diversification en viticulture. Toutes les baies ont une qualité exceptionnelle, il n’y a pas eu le moindre foyer de pourriture dans l’ensemble des vignes», se réjouit Alain Gillon. Pas moins de trente vendangeurs étaient réquisitionnés depuis le 27 août dans les 5,5 ha de pinot noir et 1,5 ha de chardonnay de l’exploitation, destinés à produire du Crémant, mais aussi du bourgogne blanc, rouge et rosé. Alain Gillon, président du syndicat de défense des intérêts viticoles des coteaux du Châtillonnais, profite de cette très belle année pour faire la promotion du vignoble de haute Côte-d’Or : «Le Châtillonnais dispose d’un terroir à bulles, de cépages bourguignons et de clones sélectionnés pour faire des bulles ! C’est vrai, nous manquons encore de notoriété, de par nos faibles volumes de production. Mais la donne va à mon avis changer dans les années à venir. Pas moins de 1 400 ha sont aujourd’hui classés sur 23 communes et il se plante 10 à 15 ha de vignes tous les ans : je suis sûr que nous approcherons les 700 ha d’ici 20 ans. Nos responsables politiques doivent le savoir : le vignoble du Châtillonnais est une belle richesse, qui représente une source importante de main-d’œuvre, très utile dans nos petits villages ruraux. La vigne fait vivre l’équivalent de 200 emplois à temps plein, répartis entre les responsables d’entreprises et les salariés».
Des vaches et des grandes cultures
Alain et Patrick Gillon sont à la fois viticulteurs, éleveurs de 50 vaches charolaises et producteurs céréaliers sur 350 ha. Cumuler ces trois métiers n’est pas toujours de tout repos, d’autant plus que les deux frères réalisent des prestations de services en grandes cultures. « La période des vendanges est très exigeante, il faut constamment jongler entre différentes productions », explique Alain Gillon, « nous nous sommes arrangés pour que des broutards soient vendus la veille de commencer les vendanges. Heureusement, les semailles de colza ont été réalisées plus tôt cette année, il n’y a pas eu de problème de ce côté-là. Pour les vendanges, l’ambiance est très bonne, mais la partie administrative complique sérieusement la tâche. Elle nécessite de se lever chaque jour à trois heures du matin pour remplir les attestations, certificats ou autres déclarations. Au prix où nous vendons nos raisins, il n’est pas possible de financer un poste de secrétaire. Une vingtaine de feuilles sont à remplir par ouvrier, j’ai donc plus de 600 documents pour 10 jours de vendanges. J’ai en permanence ma sacoche sur moi, c’est un peu dommage mais c’est comme ça ! ». Élevages, céréales, vignes… Quelle est la préférence d’Alain Gillon ? « Ma formation, à la base, est céréalière. J’aurais donc tendance à répondre les grandes cultures. Mais le métier a bien changé ces dernières années. Il ne faut surtout pas qu’il nous arrive un pépin matériel l’été sinon, la machine devient très difficile à réparer. Une averse programmée ? Tout le monde devient fou à l’idée de perdre quelques points de PS… J’apprécie davantage les bêtes, j’aime bien me retrouver l’hiver avec elles. Si un vêlage est compliqué, il est encore possible de trouver un vétérinaire disponible. Pour les vignes, vous l’aurez compris, les contraintes administratives me gâchent quelque peu le plaisir ».
Dans la continuité des céréales
Le Domaine des Arpents, à Poinçon-lès-Larrey, a vendangé ses 3,35 ha de chardonnay et de pinot noir la semaine dernière, avec près de trois semaines d’avance sur un calendrier plus classique. « Par chance, nous avons eu plusieurs épisodes pluvieux. Les parcelles ont bénéficié d’une quarantaine de millimètres d’eau lors des deux semaines qui ont précédé la sortie des sécateurs », mentionne Christophe Gérard, « cela a permis d’avoir une quantité très intéressante, il y a beaucoup de jus dans les raisins. Cumulée à la qualité, ces vendanges sont excellentes, c’est du jamais vu chez nous depuis notre première récolte en 1993. Le temps s’y est parfaitement prêté, les vignes ont tout donné ! ». Cette vendange s’est effectuée sur la même dynamique des moissons estivales, exceptionnelles en céréales : « les rendements ont été très intéressants dans notre petit secteur, avec une régularité inédite. Pour l’anecdote, j’ai récolté pour la première fois du pois chiche, sur 2,5 ha. Celui-ci a livré un rendement de 30 q/ha, soit un niveau totalement inespéré ». Contrairement à Alain Gillon, Christophe Gérard émet de sérieux doutes quant à un développement important des surfaces de vignes dans les années à venir : « le prix du kilogramme de raisins ne dépasse pas les deux euros. Ce n’est vraiment pas beaucoup, d’autant qu’il faut retrancher un quart de cette somme pour financer les vendanges. Si le prix du raisin augmente, oui, les producteurs planteront davantage, mais cela me paraît difficile dans le cas inverse. La vente en bouteilles est mieux rémunérée, mais en raisin, c’est plus délicat. Cela n’enlève en rien à la qualité de notre production. Notre crémant de Bourgogne vaut vraiment un bon champagne, il suffit de le goûter. De plus, nos prix sont nettement plus attractifs ».
Le Châtillonnais est là !
Joël Peixeiro a récolté ses trois parcelles de vignes à Obtrée, du 28 au 31 août, avec le même enthousiasme que ses collègues des autres communes : « La qualité au top, c’est vraiment de bon augure pour les vins à venir. Entre le gel et les maladies, les saisons passées avaient été très compliquées, nous mettons fin à ce calvaire. Le temps est parfait cette fois-ci. L’ambiance est excellente : nous sommes une dizaine à vendanger aujourd’hui, avec une majorité de personnes de ma famille. Mes petites-cousines sont même venues pour l’occasion ». Le producteur a encore en mémoire l’important sinistre de 2013, qui avait fortement perturbé son activité : « la fameuse tornade, notamment passée par Montliot-et-Courcelles, avait mis une bonne partie des vignes par terre. C’était très violent, j’avais même retrouvé deux trampolines dans cette parcelle vendangée ce jour, alors que les premières habitations sont assez loin d’ici. Depuis ce fléau, je ne pouvais plus suivre en trésorerie et mes surfaces sont passées de 4 à 1,70 ha. Avec 4 ha, la trésorerie était conséquente, je pouvais couvrir les frais de culture et payer les loyers. Derrière cette tempête, j’avais été contraint de lâcher des parcelles par peur de faire défaut à mes bailleurs. À la base, je faisais moi-même du vin. Aujourd’hui, je livre l’intégralité du raisin à un négociant à Pothières, sans faire de moût. À l’époque, j’aurais apprécié que quelqu’un vienne en aide aux viticulteurs du Châtillonnais, que les suites de la tempête ne se résument pas à une question d’assureur ! Je suis sans doute un peu rêveur, c’est comme ça ! ». Malgré ces difficultés depuis cinq ans, Joël Peixeiro reste le supporter numéro un du vignoble Châtillonnais : « j’ai cette passion dans le sang. Je suis le petit-fils d’un viticulteur portugais, je suis fier de marcher sur les traces de mon grand-père et fier d’être du Châtillonnais. Mon crémant a fait le tour du monde. Je le dis haut et fort : notre production n’a rien à envier au champagne ! ».