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Viticulture

Vers une main-d’œuvre plus locale pour les vendanges

Alors que les vendanges arrivent très prochainement, les recrutements sont en cours dans le département. Entre 50 et 70 saisonniers sont espérés par les adhérents d’AVE 89. Une main-d’œuvre qui devrait être davantage locale que les autres années, à cause de la précocité de la récolte (donc plus d’étudiants) et la crise sanitaire. Le cumul du RSA avec le salaire des vendanges a également été renouvelé par le département.
Par Christopher Levé
Vers une main-d’œuvre plus locale pour les vendanges
Entre 50 et 70 vendangeurs sont espérés par les adhérents d’AVE 89.
Depuis plusieurs mois, les viticulteurs du département parlent d’une vendange précoce cette année. Alors que la récolte approche à grand pas, la tendance semble de plus en plus se confirmer. Les vendanges devraient vraisemblablement commencer la semaine du 17 avec les crémants et la semaine suivante pour le reste.
Alors, pour anticiper au maximum le besoin en main-d’œuvre de ses adhérents, AVE 89 travaille depuis début juin afin de trouver les bons candidats pour la récolte. « Entre 50 et 70 vendangeurs sont attendus par les adhérents cette année », affirme Emeline Boutet, chargée de développement chez AVE 89. « Essentiellement dans le Chablisien et l’Auxerrois. Pour le moment, quatre domaines sont demandeurs : à Chablis, Saint-Bris-le-Vineux, Beines et Venoy ».

Davantage de vendanges mécaniques
Pour l’heure, plus de 200 CV sont arrivés dans les mains de la chargée de développement d’AVE 89, « dont la moitié provient de candidats icaunais », précise-t-elle.
Des chiffres qui ne prennent pas encore en compte les réfugiés statutaires qui vont postuler par l’intermédiaire de Coallia. Une initiative mise en place l’année dernière et reconduite cette année. Aussi, contrairement aux dernières années, « il y a beaucoup d’étudiants qui postulent avec les dates de récolte avancées », explique Emeline Boutet.
Cependant, la crise sanitaire a fait mal aux viticulteurs. Les ventes se sont quasiment stoppées durant toute la période de confinement et les cuves sont encore, pour beaucoup, pleines. Alors, les vignerons devraient davantage sortir les machines à vendanger mécaniques et donc moins recruter qu’à l’accoutumée.

Le cumul pour les allocataires RSA renouvelé
Dans le même temps, le département a indiqué renouveler l’opération Vendanges permettant aux bénéficiaires du RSA (Revenu de solidarité active) de pouvoir cumuler un salaire de vendangeur avec leur allocation, sans perte de droits. Un moyen pour la profession viticole de recruter plus facilement de la main-d’œuvre, et pour les bénéficiaires du RSA de retrouver le chemin de l’emploi.
L’an dernier, près de 118 allocataires du RSA ont bénéficié du dispositif et ont vendangé pour près de 50 domaines viticoles du département. Face à la crise sanitaire, le département avait étendu ce dispositif d’avril à juin à l’ensemble de la filière agricole.
Afin de pouvoir bénéficier du cumul, les allocataires du RSA devront impérativement transmettre au Conseil départemental de l’Yonne, les bulletins de salaire liés aux vendanges sur la boîte rsa@yonne.fr ou par courrier au 16-18 Boulevard de la Marne 89000 Auxerre.

Pour postuler auprès d’AVE 89, contacter Emeline Boutet au 06 03 21 67 29.

Le Tesa, le contrat simplifié pour les vendanges
Durant les périodes de vendanges ou de moissons, les viticulteurs et agriculteurs ont la possibilité d’établir un contrat de type Tesa (Titre emploi simplifié agricole). « C’est pour les contrats courts, jusqu’à trois mois, à faire depuis le site de la MSA », indique Laëtitia Clerc, juriste de la FDSEA 89. « Cela sert de contrat de travail, de déclaration d’embauche et permet également d’établir le bulletin de paye ». Un type de contrat qu’il est possible de faire plusieurs fois dans l’année pour un même salarié. Les adhérents peuvent passer directement par le service paye de la FDSEA 89 en donnant les éléments nécessaires à l’établissement du contrat. Pour plus d’information, contacter Laëtitia Clerc au 03 86 49 48 10.

Une dérogation accordée pour le temps de travail durant les vendanges

Cette année encore, la Direccte a décidé d’autoriser une dérogation à la durée hebdomadaire maximale pour la période des vendanges et de la vinification suite à la demande du réseau FRSEA Bourgogne Franche-Comté. Une dérogation qui s’applique du 3 août au 15 novembre 2020, « pour une durée de quatre semaines consécutives ou non dans la limite de 60 heures par semaine pour les coupeurs et porteurs des exploitations agricoles, y compris les conducteurs d’enjambeurs, et de 66 heures par semaine pour le personnel de pressage-cuvage, vinification des exploitations agricoles », détaille Laëtitia Clerc. « Toutes les heures effectuées au-delà de 48 heures par semaine doivent donner lieu à un repos compensateur égal à 50 % du temps de travail accompli. C’est-à-dire que pour une heure travaillée, le salarié doit avoir une demi-heure de repos », précise la juriste de la FDSEA 89. Aussi, nouveauté de cette année, une suspension du repos hebdomadaire pour les entreprises ayant au maximum cinq salariés permanents en CDI est autorisée, seulement pour le personnel en cuverie. Dans ce cas, un salarié pourra travailler jusqu’à 14 jours consécutifs, au maximum.
Enfin, cette année, la Direccte demande que les viticulteurs fassent impérativement un retour sur l’utilisation ou non de cette dérogation. Ces derniers ont jusqu’au 15 mars 2021 au plus tard pour fournir à l’inspecteur du travail un bilan des horaires effectués sur la période durant laquelle la dérogation a été utilisée. Dans un second temps, la FRSEA devra présenter à la Direccte Bourgogne Franche-Comté un bilan complet de l’utilisation de cette dérogation au plus tard le 31 mai 2021. Un questionnaire sera envoyé par la FDSEA 89 aux viticulteurs du département sur l’utilisation de cette dérogation. « Il est impératif d’y répondre pour bénéficier l’année prochaine de cette même dérogation », insiste Laëtitia Clerc.