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Élevage

Vacciner en marché privé

Face à la multiplication des maladies vectorielles et à l'absence de vaccins gratuits, le marché privé devient le seul allié des éleveurs. Aujourd'hui, le marché d'approvisionnement est en tension. État des lieux.

Par C.S
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Depuis fin janvier, l'État a stoppé les vaccins gratuits à destination des éleveurs. (photo : Freepick)

« Sur le FCO 3, où on nous a incités à vacciner, il y a de grosses conséquences cliniques sur les troupeaux avec des pertes de production en lait, avec la mortalité de très jeunes animaux, comme des veaux qui naissent non viables ou des vaches qui avortent. », déclare Florence Seuzel, éleveuse et présidente du GDS Grand Est. Des conséquences qu'on peut également retrouver sur des maladies comme la MHE, ou encore le nouveau variant du FCO3, le FCO8.
Depuis fin janvier, l'État a stoppé les vaccins gratuits à destination des éleveurs. « En MHE, FCO3 ou FCO4 et 8, pour l'instant l'État s'est désengagé, donc on ne peut trouver le vaccin que sur marché privé. », dénonce l'éleveuse. Aujourd'hui, les éleveurs qui veulent vacciner sont donc obligés d'acheter sur les marchés privés. « Selon les cliniques vétérinaires, le prix moyen sur un animal varie entre 8 et 10 euros, entre la primo injection et le rappel ». Un prix important, mais qui vaut, selon elle, le coup. « Le message fort qu'on envoie aux éleveurs c'est, que dès qu'on a eu la disponibilité des vaccins au mois d'août sur la FCO3, c'est de vacciner, d'une part pour diminuer les signes cliniques et puis pouvoir installer une immunité aussi à terme en 2025, pour que ces animaux soient couverts lorsqu'ils vont retourner au pré », alerte-t-elle consciente des risques futurs que cela peut avoir sur les élevages. « Cela va influer sur le capital cheptel, les conséquences vont être sur la baisse de productions laitières, par le manque de vaches. Certains éleveurs que je connais ont calculé le coût annuel, il va manquer 10 % de lait, 20 % de broutards, un peu moins en ovins, 4 à 5 %. », estime Florence Seuzel.

Vacciner, mais à quel prix ?

Anticiper et prendre commande à l'avance, c'est le maître mot du discours de Florence Seuzel. « On a des grosses tensions d'alimentation en marché privé, en ce moment. En France, l’État préfère laisser la vaccination libre. Cela donne un message négatif aux laboratoires et ils deviennent donc frileux. », narre-t-elle, et elle insiste donc sur le fait de commander au plus tôt ces doses pour être sûre de pouvoir mettre les élevages au pré. Claire Legru, vétérinaire à Saint Sauveur en Puisaye et représentante pour le GTV Yonne, relativise sur les tensions d’approvisionnement. « Le marché payant est en rupture, mais ça n'en sera pas une grosse. On a des vaccins qui nous sont alloués. Les éleveurs devaient donc prendre les devants. », énonce-t-elle, au fait des dernières actualités concernant la vaccination.
Une situation délicate, surtout à l'approche de la mise des élevages dans leurs prés. « Il nous reste 4 à 5 semaines avant que les animaux sortent, or si vous voulez vacciner les animaux sur toutes les maladies existantes, il faudrait pouvoir faire six injections et avoir du temps », déclare l'éleveuse. Claire Legru, quant à elle, met en priorité la vaccination sur la période de transition pour les éleveurs. « Rentrez les bêtes tant pis, mais vaccinez », alerte la vétérinaire.
En tant qu'intermédiaire entre les éleveurs et les laboratoires, Claire Legru, met en avant les difficultés de ce marché privé. « Les vétérinaires n'ont pas le droit de faire des petites commandes, on doit faire au moins des commandes de 300 doses. Si j'ai un éleveur retardataire, il faut que je voie ou je case les autres. Vu que les règles changent souvent on ne sait pas trop. Dans l'Yonne, c'est une petite clientèle, on a très peu de visibilité », détaille-t-elle. « Préservez le capital cheptel ! », concluent donc les deux femmes, conscientes de l'importance des vaccins.