FDSEA 89
Une visite sur fond d’urgence
La FDSEA de l’Yonne a invité les représentants de l’administration départementale à visiter le Gaec du Grand Arran, à Parly. L’exemple d’une exploitation en polyculture élevage dynamique, mais fragilisée par la crise économique que traverse la filière lait.
Directeur des finances publiques départementales, direction et services de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations, directeur de la DDT de l’Yonne et son adjoint à l’économie agricole… Chaussés de bottes appropriées, les représentants de l’administration sont prêts pour la visite de l’exploitation, avec pour guides, Fabien Roux et Christian Walravens, deux des trois associés du GAEC du Grand Arran, en Puisaye. Une exploitation qui a su profiter de l’arrivée de Fabien en 2014, pour miser sur l’avenir, en augmentant le cheptel et la référence laitière, bâtissant dans le même temps une unité de stabulation libre de 115 places. Mais depuis deux ans, la crise économique que traverse la filière lait, n’en finit pas d’assombrir l’avenir et aujourd’hui, les éleveurs s’interrogent : «avec un prix à 290 € les 1000 litres, en fonction des dernières grilles de paiement, cela ferait sur la campagne 2016, un manque de 46 000 €. Pour illustrer, c’est ce que nous coûte le bâtiment à l’année. Ça ne pouvait pas plus mal tomber !»
Un projet à 650 000 €, qui a failli ne pas voir le jour
Après un passage par l’installation abritant les deux robots de traite, direction la fosse à lisier toute neuve, servant à gérer les effluents d’élevage. Une mise aux normes qui aura coûté plus de 50 000 € aux éleveurs, en dépit d’une grande part réalisée en auto construction. L’occasion pour Fabien de rappeler des souvenirs douloureux : « le permis de construire avait été déposé en bonne et due forme et accepté par la mairie, avec autorisation de construire après les deux mois réglementaires et c’est là que les riverains ont commencé à se manifester en engageant un recours gracieux, avant de saisir le Tribunal Administratif.
Avec au final, même si le tribunal nous a rendu raison, un coût de 3 000 € pour tout le monde…» Et pas mal de nuits blanches à la clé : «j’avais 21 ans, tout juste sorti de l’école, je me mettais 650 000 € sur le dos. Aller au tribunal, je peux vous dire que je n’en menais pas large !» L’administration prend acte et se veut solidaire, mais sans moyens, confesse le directeur de la DDT de l’Yonne, Didier Roussel : «la société aujourd’hui s’est judiciarisée et ce n’est pas un phénomène lié à l’agriculture. Les gens veulent tout et son contraire. L’électricité, mais sans la centrale et sans les éoliennes. Les avantages, sans les inconvénients…» D’autres s’interrogent : «faut-il instaurer une action en civil pour réparer les dommages dus à des saisies abusives ?» Le président de la FDSEA 89, Francis Letellier est plus catégorique encore : « demander à toute association voulant porter plainte, une fois les délais légaux dépassés, une somme correspondant à 10 % du projet, qu’ils perdraient si les tribunaux ne leur donnent pas raison… »
Un départ en retraite non remplacé
Faute de prix suffisamment rémunérateurs et d’un manque de lisibilité pour les mois à venir, les éleveurs ont été amenés à prendre certaines décisions : «on a commencé par se séparer de notre contrôleur laitier, avec à la clé une économie de près de dix mille euros et notre troisième associé, qui part bientôt à la retraite ne sera pas remplacé…» Mais les marges de manœuvre sont réduites, au risque de mettre à mal toute l’exploitation, ce qui provoque la colère de Christian Walravens : «faire plus de cinq cent mille euros de chiffre d’affaire, peut-être plus d’ici quelques années et ne pas pouvoir sortir un salaire pour un salarié ! Il n’y a qu’en agriculture qu’on voit ça. On brasse non seulement du volume, mais de l’air aussi !» Avec cette interrogation restée sans réponse : « j’ai un gamin de quatorze ans qui est passionné. Qu’est ce que je lui dis ? Tu viens avec nous ou tu vas travailler ailleurs ? »
Si tout le monde s’accorde à dire que la solution est avant tout filière et économique et que l’essentiel reste bien le prix de vente, pas de remèdes immédiats, comme l’a souligné à la fin de la réunion Francis Letellier : « on imagine bien que vous n’avez pas, vous, de solutions à apporter. Vous êtes là pour nous accompagner dans les plans décidés par le gouvernement. Ce qui a été plutôt bien fait je vous l’avoue, même si ça a un peu patiné au départ. Mais pour le moment, le dispositif mis en place n’a contenté pour le moment que 330 éleveurs dans l’Yonne, on est loin du compte… » Le directeur de la DDT de l’Yonne, Didier Roussel, pour sa part le reconnaît : «nous n’avons pas de solution, c’est ça le problème. Tout ce que nous pouvons faire, c’est aider, faciliter et accompagner. L’administration n’est pas inhumaine et on essaie d’expliquer le plus possible toutes les réformes…» Mais des réformes, la profession agricole n’en veut plus, réclamant avant tout pour sa survie un prix de vente rémunérateur.
Un projet à 650 000 €, qui a failli ne pas voir le jour
Après un passage par l’installation abritant les deux robots de traite, direction la fosse à lisier toute neuve, servant à gérer les effluents d’élevage. Une mise aux normes qui aura coûté plus de 50 000 € aux éleveurs, en dépit d’une grande part réalisée en auto construction. L’occasion pour Fabien de rappeler des souvenirs douloureux : « le permis de construire avait été déposé en bonne et due forme et accepté par la mairie, avec autorisation de construire après les deux mois réglementaires et c’est là que les riverains ont commencé à se manifester en engageant un recours gracieux, avant de saisir le Tribunal Administratif.
Avec au final, même si le tribunal nous a rendu raison, un coût de 3 000 € pour tout le monde…» Et pas mal de nuits blanches à la clé : «j’avais 21 ans, tout juste sorti de l’école, je me mettais 650 000 € sur le dos. Aller au tribunal, je peux vous dire que je n’en menais pas large !» L’administration prend acte et se veut solidaire, mais sans moyens, confesse le directeur de la DDT de l’Yonne, Didier Roussel : «la société aujourd’hui s’est judiciarisée et ce n’est pas un phénomène lié à l’agriculture. Les gens veulent tout et son contraire. L’électricité, mais sans la centrale et sans les éoliennes. Les avantages, sans les inconvénients…» D’autres s’interrogent : «faut-il instaurer une action en civil pour réparer les dommages dus à des saisies abusives ?» Le président de la FDSEA 89, Francis Letellier est plus catégorique encore : « demander à toute association voulant porter plainte, une fois les délais légaux dépassés, une somme correspondant à 10 % du projet, qu’ils perdraient si les tribunaux ne leur donnent pas raison… »
Un départ en retraite non remplacé
Faute de prix suffisamment rémunérateurs et d’un manque de lisibilité pour les mois à venir, les éleveurs ont été amenés à prendre certaines décisions : «on a commencé par se séparer de notre contrôleur laitier, avec à la clé une économie de près de dix mille euros et notre troisième associé, qui part bientôt à la retraite ne sera pas remplacé…» Mais les marges de manœuvre sont réduites, au risque de mettre à mal toute l’exploitation, ce qui provoque la colère de Christian Walravens : «faire plus de cinq cent mille euros de chiffre d’affaire, peut-être plus d’ici quelques années et ne pas pouvoir sortir un salaire pour un salarié ! Il n’y a qu’en agriculture qu’on voit ça. On brasse non seulement du volume, mais de l’air aussi !» Avec cette interrogation restée sans réponse : « j’ai un gamin de quatorze ans qui est passionné. Qu’est ce que je lui dis ? Tu viens avec nous ou tu vas travailler ailleurs ? »
Si tout le monde s’accorde à dire que la solution est avant tout filière et économique et que l’essentiel reste bien le prix de vente, pas de remèdes immédiats, comme l’a souligné à la fin de la réunion Francis Letellier : « on imagine bien que vous n’avez pas, vous, de solutions à apporter. Vous êtes là pour nous accompagner dans les plans décidés par le gouvernement. Ce qui a été plutôt bien fait je vous l’avoue, même si ça a un peu patiné au départ. Mais pour le moment, le dispositif mis en place n’a contenté pour le moment que 330 éleveurs dans l’Yonne, on est loin du compte… » Le directeur de la DDT de l’Yonne, Didier Roussel, pour sa part le reconnaît : «nous n’avons pas de solution, c’est ça le problème. Tout ce que nous pouvons faire, c’est aider, faciliter et accompagner. L’administration n’est pas inhumaine et on essaie d’expliquer le plus possible toutes les réformes…» Mais des réformes, la profession agricole n’en veut plus, réclamant avant tout pour sa survie un prix de vente rémunérateur.