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Viticulture

Une transmission hors cadre familiale faite avec le cœur

À Migé, Jean-Luc Houblin prépare son départ à la retraite. Depuis peu, son domaine Houblin est devenu le domaine Houblin-Vernin. Une transmission d’exploitation hors cadre familiale avec Valentin Vernin, un jeune icaunais, qui se prépare depuis leur rencontre en 2015. Si Valentin Vernin est récemment devenu cogérant majoritaire, c’est ensemble qu’ils vont continuer à travailler jusqu’au départ à la retraite de Jean-Luc Houblin, voire au-delà.
Par Christopher Levé
Une transmission hors cadre familiale faite avec le cœur
Jean-Luc Houblin et Valentin Vernin ont concrétisé leur projet de transmission/reprise hors cadre familiale.
Il y a parfois, des rencontres déterminantes qui changent la vie et les projets qui vont avec. Ce fut le cas de celle de Jean-Luc Houblin et de Valentin Vernin. Une rencontre faite en 2015. « Durant mon alternance en grande distribution (il a fait un master en gestion/commerce avec une spécialité viticole à l’IFAG d’Auxerre), je me suis passionné pour le vin », débute Valentin Vernin. « Je me suis pris de passion pour le rayon du vin et je l’ai réimplanté en mettant en avant le local. J’ai donc travaillé avec plusieurs viticulteurs du coin et c’est là que j’ai rencontré et commencé à travailler avec Jean-Luc. C’est aussi comme ça que j’ai mis un premier pied dans la filière viticole ».
Par la suite, une relation amicale est née entre les deux hommes. Puis, quelque temps plus tard, Valentin Vernin fait une visite du domaine qui s’avère déterminante. « Je suis venu une première fois avec mon beau-père. Et je me suis pris une claque », rit-il. « J’ai découvert toute la gamme des vins et ça a été une révélation pour moi ». « Valentin m’a appelé peu de temps après pour discuter de ma suite. Je pensais déjà à la transmission hors cadre familial, car mes enfants ne sont pas passionnés par le domaine viticole », continue Jean-Luc Houblin.

Faciliter l’installation d’un jeune
S’il lui reste encore deux voire trois ans à travailler, Jean-Luc Houblin souhaitait faire la transmission de son exploitation en douceur. Car un départ à la retraite et une transmission, comme une reprise, ça se prépare. « Je suis dans l’accompagnement. Je resterais probablement encore après la retraite, mais sans déranger Valentin pour autant », sourit-il.
Et pour faciliter l’installation d’un jeune, Jean-Luc Houblin a fait quelques investissements. « J’ai également vu avec mon comptable quelles étaient les étapes à passer. Je suis d’ailleurs passé en société pour faciliter la transmission ».
C’est en 2017 que la société se crée. L’année ou Valentin Vernin fait ses premiers pas dans le domaine, pour les vendanges. « Dès le départ, je lui ai dit qu’il fallait d’abord qu’il apprenne le métier », confie Jean-Luc Houblin. « À partir de là, j’ai fait un BPREA au CFPPA d’Auxerre La Brosse, en alternance au domaine », ajoute Valentin Vernin.
Un passage incontournable pour Jean-Luc Houblin. « Lorsque l’on n’est pas du milieu, on ne peut pas découvrir un métier si on ne met pas les mains dedans et si on ne commence pas tout en bas ». « J’ai commencé en bas de l’échelle, comme un débutant, à faire toutes les tâches ingrates. Mais c’est comme ça que l’on apprend. C’est aussi une bonne façon de savoir tout de suite si ça va aller ou non », reprend Valentin Vernin.
Une forme de test, indispensable pour le cédant. « J’ai formé plein de jeunes et je voyais tout de suite ceux qui resteraient et ceux qui ne resteraient pas. C’était important pour lui comme pour moi qu’il passe par cette étape ».

Le domaine Houblin-Vernin
Alors, où en est-on aujourd’hui ? « Valentin est jeune agriculteur depuis un mois et cogérant majoritaire de la société depuis le vendredi 21 février », annonce Jean-Luc Houblin fièrement. Le nom du domaine a quant à lui changé pour Domaine Houblin-Vernin (précédemment Domaine Jean-Luc Houblin). « C’est le même esprit que pour le reste, c’est-à-dire un esprit de transmission/reprise comme projet commun », explique le repreneur. « L’objectif maintenant, c’est de maintenir ce qu’à fait Jean-Luc. C’est de prendre la même direction et de l’amplifier. Ce n’est pas de tout révolutionner. Jean-Luc fait des vins de qualité, alors en reprenant, ce n’est pas pour faire moins bien ni pour aller vendre en vrac ». « Ça ne m’aurait pas convenu non plus », répond Jean-Luc Houblin. « J’ai toujours tout misé sur la qualité. Je suis parti de rien, j’ai investi pour tout vendre moi-même, pour monter en qualité le plus possible avec les moyens que j’avais. J’étais arrivé à un certain niveau de reconnaissance, alors je ne voulais pas que ce soit gâché. Là-dessus, comme pour le reste, on était sur la même longueur d’onde ».

Qui êtes-vous, Valentin Vernin ?

À 27 ans, Valentin Vernin est le nouveau visage du domaine Houblin-Vernin. Mais qui est-il ? « À la base, je suis de l’Yonne et de Joigny, où j’ai grandi et fait ma scolarité jusqu’au lycée. Ensuite, j’ai eu un parcours un peu atypique. J’ai fait deux premières années de médecine que j’ai ratées. Puis j’ai dévié sur un BTS optique. La médecine m’a apporté beaucoup de rigueur dans mon travail. J’ai fait de l’optique pour conserver ce que j’avais appris en médecine, mais ça ne me plaisait pas. Ce qui me plaisait dans l’optique était la partie gestion d’entreprise. À partir de là, j’envisageais déjà de me mettre un jour à mon compte. J’ai donc enchaîné avec une licence et un master en gestion/commerce avec une spécialité viticole, à l’IFAG d’Auxerre. J’ai fait mon alternance durant mes études en grande distribution. Ce n’était pas ma vocation mais ça m’a appris beaucoup de choses : le côté management, le côté gestion et c’est vraiment là où je me suis passionné pour le vin ». Jusqu'à sa rencontre avec Jean-Luc Houblin.