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Abreuvement estival

Une tonne de travail

Les éleveurs bovins ont ressorti la tonne à eau cet été avec les fortes chaleurs. Petit sondage chez quatre Côte-d'oriens.

Par AG
Une tonne de travail
Illustration générée par ChatGPT
Cela va sans dire : l'abreuvement coûte du temps, de l’énergie et de l'argent.

François Bayrou peut être content : la France travaille davantage, notamment en agriculture avec les périodes de canicule qui viennent de s'accumuler… Nous avons contacté quatre éleveurs de Côte-d'Or pour recueillir leurs « chiffres » illustrant leur travail estival en lien avec l'abreuvement de leurs animaux. Du côté de Chaudenay-la-Ville, David Doyer leur apporte 15 000 litres d’eau tous les deux jours depuis le 20 juillet, avec 30 km à parcourir à chaque fois. L’an dernier, ce travail était 60 % moins important pour le Côte-d'orien. L'affouragement est aussi d'actualité : trois bottes sont transportées et distribuées quotidiennement. Non loin de là, à Auxant, Mathieu Labonde va chercher de l’eau dans l’Ouche avant d'alimenter deux de ses prés : « Corentin Kukulinski et moi-même faisons entre deux et trois voyages par jour, cela fait 30 km en moyenne avec la tonne à eau… Environ 25 000 litres sont transportés quotidiennement ! ». Trois à quatre heures de travail supplémentaires sont nécessaires en période de sécheresse. Pour une longue période de trois mois, le surplus de travail s'élève ainsi à 300 heures ! Cela coûte forcément à l'exploitation : l'éleveur estime la note à 150 euros par jour, soit 15 000 euros pour une centaine de jours de sec. Le Côte-d'orien prend actuellement les devants en réalisant un stockage d’eau avec une conduite posée sur deux kilomètres dans ses prés : un sujet qui sera prochainement illustré dans les colonnes de Terres de Bourgogne.

Vers Semur et Montbard

Beaucoup plus loin d'Auxant, à Pont-et-Massène, Michel Baudot et les associés de l'exploitation ne transportent « que » 3 000 litres d'eau tous les deux jours : « Ces dernières années, nous avons fait sept puits neufs et installé huit pompes solaires avec de bons résultats à la clé. Sans cela, nous serions encore à 10 000 ou 15 000 litres par jour, comme cela avait été le cas en 2022 et 2023, pendant deux mois et demi à chaque fois. Affronter les sécheresses estivales avec ces dispositifs coûte forcément de l'argent : la rénovation d'un point d'eau nécessite entre 1 000 et 3 000 euros à chaque fois ». Un peu « plus haut » dans le département, à Crépand près de Montbard, chez Jean-Luc Gerbron, la sécheresse a sévi tout autant : « Pour ma part, depuis la fin juillet, c'est 12 000 litres et 25 km en moyenne tous les deux jours, sans compter la paille et la farine à apporter quotidiennement. Pour résumer, cela fait 525 km en un mois et 180 000 litres d'eau, le tout pour 38 vaches avec leurs veaux, ainsi que 30 génisses de deux ans. Quatre prés sont concernés. J'ai des prairies qui ont été fauchées en juin où je n'ai pas pu remettre de vaches car l'herbe n'a pas repoussé. L'an dernier, je n'avais pas apporté une seule fois de l'eau aux vaches ! Le bilan carbone de l'été 2025 n'est pas bon et les vaches consomment beaucoup trop d'eau nous diront les anti-viande… ».