Une tentative pour comprendre
La section des Anciens exploitants de la FDSEA organisait le 10 mars dernier une réunion départementale afin de comprendre le fonctionnement des calculs des retraites, et les revalorisations de celles-ci.

L'incompréhension était palpable lors de la réunion départementale organisée par la section des Anciens exploitants de la FDSEA le 10 mars dernier. En effet, les exploitants retraités et les conjoints collaborateurs en retraite également étaient venus nombreux à Ouroux-en-Morvan pour avoir des réponses. Mais, malgré la bonne volonté des experts et conseillers MSA présents, les calculs restent improbables pour certains à l’image d’un participant lançant : « Nous ne sommes pas des Français à part entière, nous sommes des Français à part ».
Un langage complexe
« Nous sommes venus pour obtenir des explications, mais, nous repartons comme nous sommes venus avec peut-être maintenant la certitude de devoir prendre rendez-vous auprès de la MSA pour éclaircir la situation » réagit Alain Guillier, ancien exploitant agricole avant d’ajouter : « le vocabulaire est trop technique pour que nous puissions y voir clair, malgré la tentative bienvenue des experts de simplifier le tout aujourd’hui ».
Une application de la loi
Côté MSA, étaient présents : Chantal Colodiège et Marie-Élisabeth Bidaut, conseillères MSA, Christelle Monin, experte retraite et Julien Perroux, expert fonctionnel. « Nous avons conscience que les retraites sont peu élevées pour certains et qu’il y a des failles dans le système » pointe Julien Perroux. Marie-Élisabeth Bidaut rebondit : « Nous sommes là pour aider au mieux les retraités dans leurs démarches. Nous comprenons leurs problématiques et les difficultés qu’ils rencontrent, mais nous ne faisons pas les lois (notamment celles sur les calculs de retraites), nous sommes uniquement là pour les faire appliquer ».
Des lois à changer
Entre l’envie d’aider d’un côté, et la volonté d’avoir un système juste de l’autre, les conseillers MSA et les anciens exploitants présents soulèvent divers points problématiques dans les lois Chassaigne 1 et 2 pour la revalorisation de certaines retraites agricoles : la question de l’incapacité à travailler faisant perdre des droits aux chefs d’exploitation pour cette revalorisation (en fonction de leur situation) ou encore la mise en place d’un Smic dit agricole (à 1 256,37 euros au 1er janvier 2022) qui sert de base pour Chassaigne 1. Pierre Bobin martèle : « pourquoi nous n’avons pas un Smic identique aux autres professions ? ». Face à cela, Patrice Perrot député de la Nièvre et Nadia Sollogoub, sénatrice de la Nièvre, ont proposé de porter ces problématiques au gouvernement pour faire évoluer la loi et combler « les trous dans la raquette ». Monsieur Perrot précise suite à la réunion : « À ce jour, j’ai écrit à Monsieur Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation sur les questions soulevées pendant la réunion à Ouroux-en-Morvan. Parmi les « trous dans la raquette », j’ai appelé Monsieur le ministre sur deux situations qui m’ont interpellé, nourris par les échanges d’hier et ceux évoqués lors de rencontres à ma permanence :
- la difficulté pour certains agriculteurs ou agricultrices de prouver les cotisations pour des périodes de travail très anciennes à une époque où les justificatifs administratifs étaient moins encadrés.
- la situation des exploitants qui ont été soumis à une situation d’incapacité, souvent les dernières années de leurs vies professionnelles et qui ne peuvent prétendre à cette revalorisation.
J’ai aussi appuyé sur l’extrême technicité de cette réforme et de la législation sur les retraites qui complexifie la lecture de cette pourtant grande avancée législative pour nos agriculteurs et nos agricultrices qui était très attendue. Par ailleurs, cela renforce ma conviction qu’une grande réforme de notre système de retraite est nécessaire pour simplifier nos politiques publiques dans ce domaine et apporter une plus grande lisibilité à chacun de nos concitoyens notamment dans le secteur agricole ». Cela étant, Nadia Sollogoub a rappelé que rien ne pourrait être décidé avant les élections présidentielles. Malgré des situations parfois complexes et sensibles pour les exploitants retraités ou les conjoints collaborateurs, un verre de l’amitié a été partagé à la fin de la réunion entre tous les participants.
Remerciements et autres...
Les organisateurs de la réunion ont chaleureusement remercié les conseillers de la MSA et les personnalités politiques ayant fait le déplacement. « Nous remercions également Lucie Lecointe (FDSEA) qui nous a fortement épaulés sur l’organisation de cette réunion et sans qui cela n’aurait pu avoir lieu » pointe Pierre Bobin. Toutefois, ils regrettent vivement qu’Armelle Rutkowski (directrice générale de la MSA Bourgogne), Perrine Goulet (députée de la Nièvre), Patrice Joly (sénateur de la Nièvre) ou Dominique Bossong (président de la MSA Bourgogne – représenté par Claire Bruandet) n’aient pu venir, même si certains se sont excusés.