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Le semis direct sous couvert

Une technique qui se démocratise, un accompagnement réglementaire à adapter

De plus en plus d’agriculteurs se tournent vers le semis direct sous couvert qui permet de répondre à de nombreux enjeux. Toutefois, comme chaque innovation, il faut un cadre réglementaire adapté et le syndicalisme y trouve pleinement son rôle.
Par FDSEA de l’Yonne
Une technique qui se démocratise, un accompagnement réglementaire à adapter
Avec le semis direct sous couvert, le but est de capter l’azote grâce à l’implantation de légumineuses, comme la féverole.
Les couverts végétaux prennent une place de plus en plus importante dans le paysage agricole français. Qu’ils soient implantés pour capter l’azote avant l’hiver, pour restituer de la matière organique dans les sols, pour produire du fourrage, pour limiter l’érosion, pour aider une culture… Ils sont tous aussi variés que leurs utilisations possibles. Si la technique du semis direct sous couvert était assez minoritaire il y a quelques années, de nombreux agriculteurs font aujourd’hui le choix de la pratiquer sur leurs exploitations.
Pourquoi ? Car sans doute elle répond parfaitement aux enjeux agricoles de demain : limiter l’érosion des sols, diminuer le recours aux produits phytosanitaires et aux engrais, stocker du carbone dans le sol… Toutefois l’administration a une fâcheuse tendance à ne pas aimer la nouveauté qui ne rentre pas dans ses tableaux.

Défendre toutes les agricultures
C’est à ce niveau que le syndicalisme intervient, pour adapter la réglementation aux pratiques du terrain. Par exemple, la reconnaissance des couverts d’inter-cultures comme source de SIE.
Au départ, cette piste n’avait jamais été envisagée et c’est la FNSEA qui a porté ce dossier afin que nos pratiques soient reconnues. Aujourd’hui, l’implantation de couverts SIE sauve de nombreuses exploitations qui devraient sans cette possibilité augmenter leurs surfaces de jachères. Certes les dates imposées par le ministère ne sont pas facilitatrices, mais nous nous battons pour les faire disparaître et la FDSEA de l’Yonne a obtenu une certaine souplesse sur les contrôles.
Le réseau syndical a obtenu également la possibilité de fertiliser les couverts à l’implantation ce qui normalement n’était pas possible au regard de la directive nitrate. Ces adaptations qui peuvent sembler anecdotiques sont pourtant le fruit de nombreuses heures de réunions. Elles sont obtenues grâce à la capacité de notre réseau de produire des données, des études et de porter ces dossiers auprès de l’administration.

Un combat d’actualité
Le sujet d’actualité autour des couverts et du semis direct sous couvert porte aujourd’hui sur la volonté de l’État français d’interdire le glyphosate. Cette interdiction pure et dure conduirait à une impasse technique qui serait préjudiciable. Le rapport du GIEC sur le climat met en évidence les effets positifs du semis direct sous couvert. Notre syndicat se bat aujourd’hui pour la reconnaissance de ce mode de production et ses qualités qui répondent aux enjeux environnementaux.
La FNSEA et son réseau sont pleinement mobilisés pour le maintien du glyphosate. Car, si la destruction mécanique est possible, elle a un coût financier d’une part et surtout un coût énergétique que nous ne devons pas accepter. L’État doit se rendre compte que les interventions mécaniques supplémentaires consommatrices de carburant fossile sont contre-productives dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Comment fonctionne le semis direct sous couvert ?

Agriculteur à Laborde, Florian Chavey s’est lancé dans le semis direct sous couvert en 2015, lorsqu’il a repris l’exploitation familiale. Mais c’est après plusieurs années de réflexion qu’il décide de pratiquer cette méthode. «Quand je suis revenu sur l’exploitation en 2009, j’ai commencé à regarder comment elle fonctionnait. Avec mon père, nous parlions du fait que plus les années passaient et moins la méthode de production était rentable. Alors, nous avons commencé à essayer de trouver des solutions pour réduire nos charges, principalement».
L’exploitation de Florian Chavey est en partie sur les plateaux de Bourgogne, sur des terres à cailloux, et en autre partie sur des terres argileuses. «Au niveau du rendement, nous sommes limités. Alors nous ne cherchions pas à faire 80 q/ha, cela n’est pas possible».
En 2010, Florian Chavey se met au semis simplifié. «Nous l’avons fait pendant cinq ans. Mais nous avions des problèmes de vulpins résistants. Les champs se salissaient». Cependant, il était hors de question pour l’agriculteur de faire marche arrière. «Nous avons continué à avancer toujours dans l’optique de réduire nos charges. Le semis direct sous couvert était la suite logique de notre changement de façon de travailler», assure Florian Chavey.
Alors, comment cela fonctionne ? «Le concept, c’est de semer un couvert, directement après la moisson, pour que le sol soit couvert en permanence. Nous cherchons à ce que la terre ne voit jamais le soleil. Nous nous servons des chaumes, de la paille d’après moissons et nous semons un couvert en espérant que derrière il y ait de la pluie».
Mais le peu d’hydrométrie des périodes estivales des dernières années rend la tâche plus compliquée. «Alors, beaucoup essayent de travailler avec une luzerne ou un trèfle, en couvert permanent. La Luzerne est une plante qui aime le sec. Mais elle est très dure à gérer dans du blé, du colza ou du pois», nuance-t-il.
Quant à l’objectif de faire du semis direct sous couvert ? «L’optique c’est de semer principalement des légumineuses pour essayer de capter l’azote dans l’air et le ramener dans le sol. La base d’un couvert est la légumineuse. Cela peut être un pois ou une féverole. Et derrière cela, nous pouvons l’associer avec un radis, une moutarde, de la vesce, une lentille, du tournesol… pour piéger les nitrates. Pour qu’il n’y ait pas de lessivage d’azote dans le sol», explique Florian Chavey. «Ramener de l’azote dans le sol va servir au blé, par exemple, qui va suivre derrière la légumineuse».
Une méthode qui se développe de plus en plus dans les régions à faible potentiel où les agriculteurs cherchent une rentabilité supérieure. Et si l’impact sur le rendement est compliqué à évaluer à cause des aléas climatiques des dernières années, celui sur les sols est visible. «Dans les terres argileuses, nous avons des sols beaucoup plus souples, plus portants, moins durs, qui se travaillent mieux, où l’eau filtre mieux. Et les champs ont tendance à mieux se nettoyer et on note une baisse de vulpins résistants», affirme Florian Chavey. «Je suis satisfait de cette méthode et je ne reviendrais en arrière pour rien au monde».