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Ruralité

Une table ronde pour prendre le pouls des campagnes

Avant sa visite sur une exploitation agricole, l’ancien Premier Ministre a participé à une table ronde en la mairie de Saint-Loup-d’Ordon, réunissant plusieurs acteurs du monde rural, initiateurs de projets innovants ou en quête de solutions pour leur territoire.
Par Dominique Bernerd
Une table ronde pour prendre le pouls des campagnes
Une couverture médiatique bien présente !
Premier thème évoqué : celui de la couverture numérique, au travers le témoignage d’un entrepreneur auxerrois, Jérôme Louis, qui s’est fixé pour objectif d’amener de l’Internet là où il n’y en a pas encore, via un réseau d’antennes installées sur les toits, à l’image du modèle hertzien. Une solution provisoire reconnaît-il, en attendant cette «autoroute numérique» réclamée par tous et promise par beaucoup : «c’est presque un plan Marshall autour du numérique dont nous avons besoin et il ne faut pas investir à moitié en faisant de la montée en débit. Ce dont nous avons besoin avant tout aujourd’hui, pour accueillir des entreprises sur tout le territoire, c’est la fibre !»

Un discours partagé «à 100%» par le maire de Bordeaux, pour qui le problème est «aussi vital que l’accès au téléphone il y a quarante ans. Il faut absolument accélérer le processus, prendre 2030 ou 2035 comme horizon, ce n’est pas acceptable et je propose que d’ici 2020, l’ensemble du territoire soit maillé de fibre». Le dire c’est bien, le faire c’est mieux, proposant pour cela, de «créer un fond numérique qui pourrait être alimenté en tout ou partie, par les opérateurs, pour accélérer les choses».

Autre sujet majeur pour l’avenir des campagnes : celui de l’accès aux soins et de la désertification médicale. Un exemple réussi là aussi, avec l’initiative prise par la commune de Domats, au nord de l’Yonne, qu’explique son maire, Jean-Pierre Mollet : «au départ en retraite de notre médecin, nous avons eu l’idée de monter un centre de santé communal et d’y salarier des médecins, les salaires s’équilibrant avec les consultations et l’administratif étant pris en charge par d’autres salariés». Seule inquiétude aujourd’hui : quel avenir pour les contrats aidés servant à rémunérer le personnel de secrétariat ? L’expérience rencontre le succès et n’a pu qu’être saluée par Alain Juppé pour qui : «l’une des solutions face au désert médical, est de faciliter les modes collectifs d’exercice de la médecine».Pas de solution miracle pour autant, la difficulté étant d’inciter de jeunes médecins à s’installer dans les endroits où l’on en a le plus besoin : «je ne crois pas au système obligatoire. Il faut avant tout trouver un système incitatif, qui passera peut-être par une hausse du prix des consultations, dans les secteurs en tension».
Présent également, le président de la Chambre des métiers et de l’Artisanat, Jean-François Lemaître, a rappelé quelques chiffres alarmants : «nous sommes passés en 2 ans dans l’Yonne, de 1300  à 900 apprentis, faute de candidats, alors même que 30% des artisans partiront en retraite dans les 10 ans. Ils sont 40% à être installés à la campagne, pour y maintenir le tissu rural et il n’existe même pas un secrétariat de l’artisanat !» Un discours entendu par le candidat à la présidentielle : «24% de taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans en France, contre 7% en Allemagne, où l’apprentissage ne connaît pas le même blocage culturel. Il faut que les professionnels puissent aller dès la classe de 5e, dans les collèges, pour expliquer les métiers».

Proposant de fusionner lycées professionnels et CFA sous l’égide de la Région, «à condition que les professionnels puissent avoir leur mot à dire sur la définition des filières».

Avenir des buralistes dans les communes, nombre des chasseurs en diminution, difficulté à recruter du personnel pour le maintien à domicile des personnes âgées… Autant de sujets abordés lors de cette table ronde et condensé d’une «France rurale» que semble plébisciter l’ancien Premier Ministre : «un élément essentiel pour l’équilibre de notre pays. On dit qu’elle est en souffrance, c’est vrai, se sentant parfois abandonnée, voire méprisée par Paris. Il est évident que si on veut une France en forme, il faut que tout le territoire le soit».