Intervention
Une sortie de L’UE qui ne sera pas sans conséquence
L’ancien président de la FNB, Jean-Pierre Fleury, aujourd’hui président du groupe de travail viande bovine au Copa-Cogeca à Bruxelles, était l’invité du dernier Conseil de la FDSEA 89 pour une présentation du Brexit et de ses conséquences.

Où en est le calendrier des négociations avec la Grande-Bretagne pour sa sortie de l’Union Européenne ? Se dirige t-on vers un Brexit «dur» ou «doux» ? Quelles en seront les conséquences pour la filière bovine française ? Autant de sujets abordés par Jean-Pierre Fleury dans son tour d’horizon sur le divorce annoncé entre le Royaume Uni et les autres Etats membres, avec une fin de partenariat programmée pour le 29 mars 2019 : «une date intangible pour une raison bien simple : les élections européennes prévues trois mois après».
Le premier défi est de régler le divorce avant cette date et de tomber d’accord sur le chèque de substitution que devra payer la Grande-Bretagne : «on se dirige vers une grande gesticulation en décembre, pour le dernier Conseil Européen de l’année. Theresa May va sans doute faire une proposition à 40 milliards € (ndlr : les derniers échos font état d’un chèque de 50 Mds), mais la réussite du Brexit est conditionnée au fait qu’elle est pendue au bout d’un fil et n’a quasiment pas de majorité !» Second défi : préparer les futures relations entre le Royaume Uni et l’UE à 27 : «aujourd’hui, il existe entre 12 000 et 13 000 accords de toutes sortes, dont 8 500 relevant de l’agriculture et à part l’article 50, rien n’était prévu, tout est à inventer». Avec pour difficulté majeure, que nombre de programmes courent jusqu’en 2020, dans le cadre de la programmation financière européenne, voire 2025, pour certains engagements et co/financements. Au rang des sujets complexes, celui du sort des 3,2 millions de ressortissants de l’UE vivant en Grande-Bretagne et des 1,2 millions de citoyens britanniques résidant en Europe.
11 milliards € en moins dans la poche de l’Europe
Verra t-on le retour d’une frontière physique entre l’Irlande du Sud et l’Irlande du Nord, sous tutelle britannique ? La question n’est pas anodine et ne sera pas sans conséquences pour la filière bovine française, rappelle Jean-Pierre Fleury : «aujourd’hui, 60% de la viande produite en Irlande est exportée vers le Royaume-Uni et si on ne règle pas ce problème des Irlandais, cette viande reviendra sur le continent européen et notamment sur la France». Parmi les autres sujets faisant débat, celui de l’évolution des standards de production : «personne n’a la réponse aujourd’hui, mais de vrais risques existent d’une déviance du Royaume-Uni, considérant qu’il n’a plus l’obligation de respecter ces standards, de sorte de redonner de la compétitivité à ses producteurs». Quid des standards sanitaires définis par l’Europe à l’OIE, l’instance vétérinaire mondiale, alors que les règles des accords internationaux stipulent que les contrôles sont du ressort du pays exportateur ? «C’est un secret de polichinelle, mais prenez l’exemple des hormones : il suffit d’arrêter les injections 60 jours avant l’abattage de l’animal et vous ne détectez plus rien !»
Conséquences financières également, alors qu’avec la sortie du Royaume-Uni, aujourd’hui contributaire net, il manquera 11 milliards € dans les poches de l’Europe pour finir son budget et aller au delà. Se dirige t-on vers une réduction des dépenses ou une hausse de la participation de chaque Etat membre restant ? Une chose est sûre, même une fois mené à bien, le Brexit pèsera lourd sur les orientations budgétaires de demain : «nous sommes à la fin d’un cycle et dans un vrai changement d’époque et il faut que le syndicalisme se mette à l’écoute des moments que l’on est en train de traverser. Faut-il continuer les mêmes combats pour retarder et permettre l’adaptation des choses ou faire preuve d’imagination et se mettre dans l’ère du temps ? Ce n’est pas un exercice facile, surtout lorsque l’on tient ce discours dans les cours de fermes».
Le premier défi est de régler le divorce avant cette date et de tomber d’accord sur le chèque de substitution que devra payer la Grande-Bretagne : «on se dirige vers une grande gesticulation en décembre, pour le dernier Conseil Européen de l’année. Theresa May va sans doute faire une proposition à 40 milliards € (ndlr : les derniers échos font état d’un chèque de 50 Mds), mais la réussite du Brexit est conditionnée au fait qu’elle est pendue au bout d’un fil et n’a quasiment pas de majorité !» Second défi : préparer les futures relations entre le Royaume Uni et l’UE à 27 : «aujourd’hui, il existe entre 12 000 et 13 000 accords de toutes sortes, dont 8 500 relevant de l’agriculture et à part l’article 50, rien n’était prévu, tout est à inventer». Avec pour difficulté majeure, que nombre de programmes courent jusqu’en 2020, dans le cadre de la programmation financière européenne, voire 2025, pour certains engagements et co/financements. Au rang des sujets complexes, celui du sort des 3,2 millions de ressortissants de l’UE vivant en Grande-Bretagne et des 1,2 millions de citoyens britanniques résidant en Europe.
11 milliards € en moins dans la poche de l’Europe
Verra t-on le retour d’une frontière physique entre l’Irlande du Sud et l’Irlande du Nord, sous tutelle britannique ? La question n’est pas anodine et ne sera pas sans conséquences pour la filière bovine française, rappelle Jean-Pierre Fleury : «aujourd’hui, 60% de la viande produite en Irlande est exportée vers le Royaume-Uni et si on ne règle pas ce problème des Irlandais, cette viande reviendra sur le continent européen et notamment sur la France». Parmi les autres sujets faisant débat, celui de l’évolution des standards de production : «personne n’a la réponse aujourd’hui, mais de vrais risques existent d’une déviance du Royaume-Uni, considérant qu’il n’a plus l’obligation de respecter ces standards, de sorte de redonner de la compétitivité à ses producteurs». Quid des standards sanitaires définis par l’Europe à l’OIE, l’instance vétérinaire mondiale, alors que les règles des accords internationaux stipulent que les contrôles sont du ressort du pays exportateur ? «C’est un secret de polichinelle, mais prenez l’exemple des hormones : il suffit d’arrêter les injections 60 jours avant l’abattage de l’animal et vous ne détectez plus rien !»
Conséquences financières également, alors qu’avec la sortie du Royaume-Uni, aujourd’hui contributaire net, il manquera 11 milliards € dans les poches de l’Europe pour finir son budget et aller au delà. Se dirige t-on vers une réduction des dépenses ou une hausse de la participation de chaque Etat membre restant ? Une chose est sûre, même une fois mené à bien, le Brexit pèsera lourd sur les orientations budgétaires de demain : «nous sommes à la fin d’un cycle et dans un vrai changement d’époque et il faut que le syndicalisme se mette à l’écoute des moments que l’on est en train de traverser. Faut-il continuer les mêmes combats pour retarder et permettre l’adaptation des choses ou faire preuve d’imagination et se mettre dans l’ère du temps ? Ce n’est pas un exercice facile, surtout lorsque l’on tient ce discours dans les cours de fermes».