Chambre d’agriculture 89
Une session marquée par la crise
La crise que traverse le monde agricole, tous secteurs confondus, a donné un relief particulier à la session de printemps de la Chambre d’agriculture de l’Yonne. Une session qui s’est déroulée, compte tenu des travaux de réhabilitation du bâtiment auxerrois, dans l’enceinte de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat
Comme chaque trimestre, c’est par un zoom sur les différentes filières que le président Étienne Henriot a débuté cette première session de l’année. Guère de secteurs épargnés par la crise. En dépit d’exportations favorisées par une parité euro/dollar favorable, la tendance à la baisse sur les cours des céréales se poursuit, conséquence de volumes disponibles et de stocks de report importants Les cours du pétrole au plus bas ont aussi une incidence sur les exportations : «nos clients du Maghreb, dont la plupart sont aussi producteurs de pétrole, voient fondre leurs devises et cherchent à réduire leurs achats à l’extérieur, notamment pour ce qui est des céréales». Avec à la clé, des phénomènes inattendus : «des collecteurs qui arrêtent de collecter du blé chez leurs adhérents ou clients, faute de place disponible dans les silos.» La crise du lait pour sa part, n’a fait que s’accentuer depuis la dernière session et l’abandon de la régulation des marchés pèse lourd aujourd’hui sur les prix ? Si la collecte laitière pour le département est comparable aux années précédentes, les producteurs icaunais ont terminé 2015 avec un prix de 305 € les 1 000 litres, contre 336 € il y a un an. Et l’on parle déjà de perspectives à 270 € dans les mois à venir, avec le risque de voir encore un peu plus d’éleveurs abandonner le lait : «mais il faut en être conscient : si on arrête le lait, on fera un peu plus de céréales, en dépit des difficultés que l’on connaît avec les cours. Il n’y a pas de solution miracle…»
L’aviculture et la viticulture relativement épargnées
Touchée également, la filière bovine, avec la crise de la FCO continuant d’impacter le commerce des broutards. Par ailleurs, la décapitalisation de cheptels laitiers et les abattages supplémentaires, impactent durablement le marché de la viande des femelles allaitantes. La production porcine pour sa part, continue de subir les conséquences du blocus russe, avec un marché de plus en plus encombré et des prix au plus bas. Seuls les éleveurs fabriquant eux-mêmes leur aliment semblent résister un peu mieux. Pour ce qui est de l’aviculture, Étienne Henriot le reconnaît : «nous avons la chance dans ce département, de disposer de filières organisées, avec la présence de grands opérateurs» Poste important, le coût de l’aliment est à la baisse, comme celui du gaz pour chauffer les bâtiments, avec une conséquence directe sur la bonification des coûts de production. Certains opérateurs, comme Duc, ont fait le choix de segmenter leur gamme de production : «mieux valoriser les produits en faisant autre chose que le bas de gamme, c’est certainement l’une des voies pour essayer de rebondir face aux difficultés que l’on connaît. Et je pense qu’en France, nous avons la compétence pour justement, être différenciant…» Autre secteur relativement épargné : la viticulture, même si, après leur seuil historique, les cours du chablis repartent à la baisse, à 669 € la feuillette, contre
737 € en 2014. La perspective de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe et d’un impact sur la parité entre l’euro et la livre sterling, soulevant toutefois quelques inquiétudes, le pays représentant à lui seul 25 % du marché chablisien. Les vins de l’Auxerrois, pour leur part, connaissent une relative embellie, après plusieurs années de petites récoltes, avec des prix en rouge se négociant à 800 €/pièce et en blanc, à 750 €. Baisse plus marquée en aligoté, à 620 €/pièce.
Des rencontres constructives
Créée il y a moins d’un an, le dispositif Reagir 89 a enregistré à ce jour 43 dossiers, en provenance d’exploitations diverses, notamment : «lait et grandes cultures» (12), «grandes cultures spécialisées» (12) et «viandes et grandes cultures» (8). L’excès d’endettement à court ou long terme représentant 39 % des dossiers déposés et le manque de rentabilité chronique, 26 %. Avec comme seule solution pour une dizaine de dossiers, la cessation volontaire d’activité et pour trois autres, le redressement judiciaire. Plusieurs font l’objet d’un diagnostic avec mise en exergue des points à régler, pour permettre la poursuite d’activité. Avec une question en toile de fond : combien de nouveaux entrants dans le dispositif, si la crise que traverse le monde agricole doit s’accentuer et durer dans le temps ?
Les rencontres entre la Chambre d’agriculture et les présidents de Communautés de communes du département, initiées en 2014, se poursuivent. L’occasion d’aborder certaines problématiques comme : les documents d’urbanisme, la recherche d’énergies renouvelables, la qualité de l’eau potable ou la valorisation des ressources locales. Sur ce dernier point, des projets plus ou moins avancés de création de circuits économiques de proximité dans le secteur de la restauration collective sont à l’étude, mais le président Henriot se veut prudent : «force est de constater qu’entre l’envie et la mise en pratique, il y a quand même du chemin…Ce sont des sujets compliqués en terme d’ingénierie, il faut en être conscient et on a du mal à avancer sur le sujet..»
Un nouveau bâtiment fin juin 2017
La nouvelle Chambre régionale d’agriculture, née de la fusion Bourgogne Franche Comté le 18 décembre dernier, se met en place progressivement et un nouveau directeur vient d’être nommé : Jean-Luc Linard, ancien Draaf de Franche-Comté et auparavant, DDT de Côte d’Or. Début mars devrait intervenir la désignation des chefs de service , suivie de celle des responsables de Comités d’Orientation Régionaux et enfin, des responsables d’action. Le président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne l’avoue : «ce n’est pas toujours facile de partir d’une page blanche et de construire une nouvelle histoire…» L’objectif est déjà tracé : «nous sommes aujourd’hui à mi-mandat. Il faut que dans les trois ans, nous soyons capables d’asseoir un projet de Chambre régionale et que ceux qui nous succèderont, trouvent là, un paysage qui soit tracé…»
La réhabilitation du bâtiment d’Auxerre va pour sa part entrer bientôt dans une phase active, avec le démarrage de la démolition intérieure et du désamiantage. Un chantier particulièrement onéreux, explique Étienne Henriot : «régler le problème de l’amiantage coûte à lui seul, aussi cher que toute la démolition du bâtiment…» Le démarrage des travaux de réhabilitation à proprement parlé, devrait débuter fin mai 2016 pour, si le planning est respecté, une réception du nouveau bâtiment fin juin 2017.
(Élements de conjoncture fournis par la Chambre Agri 89)
L’aviculture et la viticulture relativement épargnées
Touchée également, la filière bovine, avec la crise de la FCO continuant d’impacter le commerce des broutards. Par ailleurs, la décapitalisation de cheptels laitiers et les abattages supplémentaires, impactent durablement le marché de la viande des femelles allaitantes. La production porcine pour sa part, continue de subir les conséquences du blocus russe, avec un marché de plus en plus encombré et des prix au plus bas. Seuls les éleveurs fabriquant eux-mêmes leur aliment semblent résister un peu mieux. Pour ce qui est de l’aviculture, Étienne Henriot le reconnaît : «nous avons la chance dans ce département, de disposer de filières organisées, avec la présence de grands opérateurs» Poste important, le coût de l’aliment est à la baisse, comme celui du gaz pour chauffer les bâtiments, avec une conséquence directe sur la bonification des coûts de production. Certains opérateurs, comme Duc, ont fait le choix de segmenter leur gamme de production : «mieux valoriser les produits en faisant autre chose que le bas de gamme, c’est certainement l’une des voies pour essayer de rebondir face aux difficultés que l’on connaît. Et je pense qu’en France, nous avons la compétence pour justement, être différenciant…» Autre secteur relativement épargné : la viticulture, même si, après leur seuil historique, les cours du chablis repartent à la baisse, à 669 € la feuillette, contre
737 € en 2014. La perspective de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe et d’un impact sur la parité entre l’euro et la livre sterling, soulevant toutefois quelques inquiétudes, le pays représentant à lui seul 25 % du marché chablisien. Les vins de l’Auxerrois, pour leur part, connaissent une relative embellie, après plusieurs années de petites récoltes, avec des prix en rouge se négociant à 800 €/pièce et en blanc, à 750 €. Baisse plus marquée en aligoté, à 620 €/pièce.
Des rencontres constructives
Créée il y a moins d’un an, le dispositif Reagir 89 a enregistré à ce jour 43 dossiers, en provenance d’exploitations diverses, notamment : «lait et grandes cultures» (12), «grandes cultures spécialisées» (12) et «viandes et grandes cultures» (8). L’excès d’endettement à court ou long terme représentant 39 % des dossiers déposés et le manque de rentabilité chronique, 26 %. Avec comme seule solution pour une dizaine de dossiers, la cessation volontaire d’activité et pour trois autres, le redressement judiciaire. Plusieurs font l’objet d’un diagnostic avec mise en exergue des points à régler, pour permettre la poursuite d’activité. Avec une question en toile de fond : combien de nouveaux entrants dans le dispositif, si la crise que traverse le monde agricole doit s’accentuer et durer dans le temps ?
Les rencontres entre la Chambre d’agriculture et les présidents de Communautés de communes du département, initiées en 2014, se poursuivent. L’occasion d’aborder certaines problématiques comme : les documents d’urbanisme, la recherche d’énergies renouvelables, la qualité de l’eau potable ou la valorisation des ressources locales. Sur ce dernier point, des projets plus ou moins avancés de création de circuits économiques de proximité dans le secteur de la restauration collective sont à l’étude, mais le président Henriot se veut prudent : «force est de constater qu’entre l’envie et la mise en pratique, il y a quand même du chemin…Ce sont des sujets compliqués en terme d’ingénierie, il faut en être conscient et on a du mal à avancer sur le sujet..»
Un nouveau bâtiment fin juin 2017
La nouvelle Chambre régionale d’agriculture, née de la fusion Bourgogne Franche Comté le 18 décembre dernier, se met en place progressivement et un nouveau directeur vient d’être nommé : Jean-Luc Linard, ancien Draaf de Franche-Comté et auparavant, DDT de Côte d’Or. Début mars devrait intervenir la désignation des chefs de service , suivie de celle des responsables de Comités d’Orientation Régionaux et enfin, des responsables d’action. Le président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne l’avoue : «ce n’est pas toujours facile de partir d’une page blanche et de construire une nouvelle histoire…» L’objectif est déjà tracé : «nous sommes aujourd’hui à mi-mandat. Il faut que dans les trois ans, nous soyons capables d’asseoir un projet de Chambre régionale et que ceux qui nous succèderont, trouvent là, un paysage qui soit tracé…»
La réhabilitation du bâtiment d’Auxerre va pour sa part entrer bientôt dans une phase active, avec le démarrage de la démolition intérieure et du désamiantage. Un chantier particulièrement onéreux, explique Étienne Henriot : «régler le problème de l’amiantage coûte à lui seul, aussi cher que toute la démolition du bâtiment…» Le démarrage des travaux de réhabilitation à proprement parlé, devrait débuter fin mai 2016 pour, si le planning est respecté, une réception du nouveau bâtiment fin juin 2017.
(Élements de conjoncture fournis par la Chambre Agri 89)