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Benoit Virot à Saint-Germain-du-Bois

Une SARL «matériel» pour quatre

Installé en janvier 2017, Benoit Virot est un peu hors-norme. Par son physique de rugbyman, d’abord et par sa créativité ensuite, deux points forts pour  «écraser» ses charges…
Par Cédric Michelin
Une SARL «matériel» pour quatre
Benoit a uniquement conservé sur son exploitation un semoir acheté d’occasion. Et c’est tout. Et ce n’est nullement une limite à tous ses projets  : semis-direct, couverts permanents, essais de culture de quinoa, vente d’«éco-sapins» sur Paris…
Après ses études à la MFR de Quétigny et au lycée de Fontaines, il ne s’est pas installé tout de suite et a engrangé de sérieuses compétences et connaissances. Aujourd’hui, il part «du principe que les prix des céréales ne vont pas augmenter. On part donc de nos coûts de production et on travaille pour les réduire». Et pour ce faire, c’est un travail en famille qui a été adopté.
Milieu des années 1980, son père et son oncle (décédé en 2002) montent une entreprise de travaux du côté de Gergy. Vient ensuite l’installation d’une nouvelle génération. Le «grand frère» de Benoit, Julien s’est installé à Beaurepaire-en-Bresse il y a une dizaine d’année. Le «petit frère», Florent s’est installé début 2018 à Saint-Germain-du-Bois. Avec les 90 ha qu’exploite Benoit, les surfaces cumulées de ces quatre exploitations sont «essentiellement» - 540 ha - en grandes cultures. «On travaille ensemble mais chacun à sa propre structure et fait ce qu’il a envie chez lui», précise bien le trentenaire.

Une logique d’entrepreneur
Une SARL possède l’essentiel du matériel pour les quatre exploitations. Chaque exploitation peut ainsi faire ses travaux avec au choix : un tracteur, deux semoirs à céréales, un épandeur d’engrais, un pulvérisateur, un téléscopique et une moissonneuse. Du matériel fonctionnel mais souvent d’occasion, à l’exception de la moissonneuse. Est venu se rajouter à cette liste un tracteur loué pendant cinq ans (800 heures/an) «tout compris». La SARL «est aussi une entreprise de battage pour plusieurs clients. On fait environ 460 ha l’été et pour les moissons de maïs l’automne», explique Benoit. L’amortissement des matériels est ainsi encore plus rapide. «On est “clean” et on veut être au top du top. Nous adhérons au syndicat des entreprises de travaux agricoles et nous avons toutes les certifications pour traiter».

Agro-économique
Cette organisation atypique s’est faite naturellement sans aide ni conseil. Elle est à la croisée des chemins entre une Cuma, une mise en partage des terres et une entreprise de travaux agricoles.  Certaines réflexions s’imposent progressivement à tous. Le passage partout en semis direct et avec des couverts est aussi bien pour une raison économique que pour des raisons agro-écologiques. La famille cherche aussi des solutions pour réduire toutes les charges opérationnelles (semences, phytos…).

Facturation à quatre
Sans ce schéma d’optimisation de toutes les charges, Benoit reconnaît que ni lui, ni son jeune frère n’auraient pu s’installer, selon les critères bancaires habituels.
La SARL familiale qui détient le matériel s’occupe également de l’entretien et l’achat de fioul. Un système de facturation – sur la même base pour toutes les exploitations «clientes» – permet en fin d’année d’équilibrer les comptes. «En règle générale, ce sont quasi les mêmes nombre de passages, chez nous quatre, donc cela va vite à calculer selon les surfaces», indique Benoit. Au final, pour tous, les économies en terme de charges de mécanisation sont réelles.