Chambre d’agriculture
Une rentrée très chargée
Les membres de la session de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or se sont réunis vendredi dernier au lycée de Plombières-lès-Dijon en présence de la préfète Christiane Barret.

Cette réunion du 1er septembre ne pouvait échapper au traditionnel bilan de campagne. L’important contraste plaine/plateau a été rappelé par le président de la Chambre d’agriculture. Les zones à faibles potentiels ne cessent de cumuler les mauvaises années avec des aléas climatiques «sans pitié» pour les grandes cultures. Les déficits des exploitations continuent de se creuser et le devenir des fermes des zones concernées pose question. En plus de maigres rendements et d’une piètre qualité, l’évolution des prix inquiète. Vincent Lavier s’interroge des conséquences de la moisson record (+45%) actuellement réalisée en Russie.
Tour des productions
La récolte des productions légumières, en particulier les pommes de terre et les oignons, est mitigée. Les cultures d’été, principalement le soja, le tournesol et le maïs, perdent de leur potentiel après le récent épisode caniculaire, intervenu en plein remplissage des graines. En lait, les prix payés aux producteurs n’ont jamais permis de couvrir les coûts de production en 2016. «Nous misions beaucoup sur 2017. Les prix se sont un peu améliorés mais pas suffisamment. L’objectif des 340 €/1000l. ne sera pas atteint, le principal espoir réside désormais sur les États généraux de l’Alimentation» déclare Vincent Lavier, appuyé par l’administratrice FNPL Nathalie Mairet. En viande bovine, les années «se suivent et se ressemblent». Quelques nouvelles paraissent tout de même en mesure de «faire frémir les marchés» avec la réouverture du marché turc et la réduction de l’offre de vaches laitières de reforme. En production porcine, les cours se sont redressés grâce à l’ouverture du marché chinois. Le marché ovin se porte plutôt bien: la baisse de la production au niveau national permet un maintien des prix et redonne de l’intérêt à la production. En viticulture, la Côte-d’Or est «à l’aube d’une bonne année» d’après Frédéric Mazilly, à l’exception des vignes du Châtillonnais «encore une fois très impactées» comme l’a rappelé Ghislaine Verstraete. Le cassis, production emblématique du département, a connu une nouvelle campagne très décevante. Aux aléas climatiques se sont ajoutées d’importantes attaques de cochenilles impliquant l’arrachage de plusieurs plantations.
Zones à faibles potentiels
Vincent Lavier est revenu sur les rencontres du 28 juillet avec les parlementaires et du 10 août avec le ministre de l’Agriculture. Les zones à faibles potentiels et leur nécessaire reconnaissance étaient au cœur des discussions. Stéphane Travert a souligné la «nécessité de trouver des compensations pour ces territoires» et a suggéré au Conseil régional de «se pencher sur le dossier». Ont été évoqués sur le court terme: l’allègement de la lourdeur administrative et le plan d’investissement d’un milliard d’euros par an pendant cinq ans. Le paiement redistributif sera quant à lui limité à 10%. Pour l’assurance récoltes, la franchise devrait passer de 30 à 20% dès l’an prochain. Stéphane Travert a souligné la nécessité de «faire bouger certaines lignes de la future Pac au titre de l’aménagement du territoire». Vincent Lavier regrette l’absence de réponse digne de ce nom à très court terme : «comment les agriculteurs les plus impactés vont-ils pouvoir continuer ainsi jusqu’en 2020 voire 2022 ? à la vitesse à laquelle la situation se dégrade, je ne vois pas comment nous allons pouvoir tenir» a t-il insisté devant la préfète.
Tour des productions
La récolte des productions légumières, en particulier les pommes de terre et les oignons, est mitigée. Les cultures d’été, principalement le soja, le tournesol et le maïs, perdent de leur potentiel après le récent épisode caniculaire, intervenu en plein remplissage des graines. En lait, les prix payés aux producteurs n’ont jamais permis de couvrir les coûts de production en 2016. «Nous misions beaucoup sur 2017. Les prix se sont un peu améliorés mais pas suffisamment. L’objectif des 340 €/1000l. ne sera pas atteint, le principal espoir réside désormais sur les États généraux de l’Alimentation» déclare Vincent Lavier, appuyé par l’administratrice FNPL Nathalie Mairet. En viande bovine, les années «se suivent et se ressemblent». Quelques nouvelles paraissent tout de même en mesure de «faire frémir les marchés» avec la réouverture du marché turc et la réduction de l’offre de vaches laitières de reforme. En production porcine, les cours se sont redressés grâce à l’ouverture du marché chinois. Le marché ovin se porte plutôt bien: la baisse de la production au niveau national permet un maintien des prix et redonne de l’intérêt à la production. En viticulture, la Côte-d’Or est «à l’aube d’une bonne année» d’après Frédéric Mazilly, à l’exception des vignes du Châtillonnais «encore une fois très impactées» comme l’a rappelé Ghislaine Verstraete. Le cassis, production emblématique du département, a connu une nouvelle campagne très décevante. Aux aléas climatiques se sont ajoutées d’importantes attaques de cochenilles impliquant l’arrachage de plusieurs plantations.
Zones à faibles potentiels
Vincent Lavier est revenu sur les rencontres du 28 juillet avec les parlementaires et du 10 août avec le ministre de l’Agriculture. Les zones à faibles potentiels et leur nécessaire reconnaissance étaient au cœur des discussions. Stéphane Travert a souligné la «nécessité de trouver des compensations pour ces territoires» et a suggéré au Conseil régional de «se pencher sur le dossier». Ont été évoqués sur le court terme: l’allègement de la lourdeur administrative et le plan d’investissement d’un milliard d’euros par an pendant cinq ans. Le paiement redistributif sera quant à lui limité à 10%. Pour l’assurance récoltes, la franchise devrait passer de 30 à 20% dès l’an prochain. Stéphane Travert a souligné la nécessité de «faire bouger certaines lignes de la future Pac au titre de l’aménagement du territoire». Vincent Lavier regrette l’absence de réponse digne de ce nom à très court terme : «comment les agriculteurs les plus impactés vont-ils pouvoir continuer ainsi jusqu’en 2020 voire 2022 ? à la vitesse à laquelle la situation se dégrade, je ne vois pas comment nous allons pouvoir tenir» a t-il insisté devant la préfète.
Extraits d’interventions
- Pascal Martens, président du GDS, demande la «mise en place d’une procédure d’urgence» en matière de faune sauvage : davantage de prélèvements doivent être réalisés en cas de découverte de gibiers positifs à la tuberculose bovine.
Pascal Martens aborde également le sujet du parc national : «les agriculteurs s’interrogent sur leur devenir et sont très inquiets. Il faut nous dire exactement vers quoi nous nous dirigeons. Dans la conjoncture actuelle, cette situation nous met une pression inutile».
- Pascal Chadoeuf, président du syndicat des irrigants, est revenu sur la campagne d’irrigation 2017 «très difficile» avec des niveaux des nappes très bas dès le début d’année et des conditions climatiques déclenchant de nombreuses restrictions. Une problématique de financement est pointée du doigt : «l’irrigation est nécessaire si nous voulons conserver le peu de filières que nous avons. Ces dix dernières années, dans les bassins de la Tille et de l’Ouche, des projets ont été réalisés et donnent entière satisfaction. Ces projets, onéreux, étaient subventionnés à hauteur de 80% jusqu’à aujourd’hui. Mais depuis que le Conseil régional gère les aides Feader, les autres financeurs ne peuvent plus apporter leur concours. Je pense au Conseil département et à l’Agence de l’eau. Tous les projets sont aujourd’hui en stand-by. Il faut faire quelque chose, il n’y a pas de ligne destinée à l’irrigation dans le programme du Conseil régional».
- François-Xavier Lévêque, président des Jeunes agriculteurs, évoque la rencontre du 10 août avec le ministre: «Ses seules solutions concernent le moyen ou long terme. La seule issue crédible semble être la réforme de la Pac... Nous n’aurons pas le temps d’attendre, il va falloir des mesures concrètes bien avant cette échéance ». Le jeune producteur poursuit ses propos avec la notion de concurrence : « j’ai parlé avec un agriculteur allemand : ses soutiens européens sont 100€/ha supérieurs aux nôtres. Leurs potentiels sont supérieurs de 2 à 4 t/ha, autant dire que le différentiel atteint 400€/ha : peut-on vraiment rivaliser ? » François-Xavier Lévêque alerte également la salle sur l’émergence d’une association : « une manifestation est prévue fin septembre devant des abattoirs, elle milite pour l’arrêt des exploitations d’élevage ! Il ne faut surtout pas laisser passer ça et donner du crédit à ce type de regroupement».
- Jean-Pierre Fleury, responsable du pôle élevage, se prononce sur les États généraux de l’Alimentation : «Au vu de la gravité de la situation de l’agriculture française, nous devons souhaiter une pleine réussite du dossier. Le travail ne devra pas se déconnecter de la mondialisation ni de la compétitivité. Nous avons une agriculture française extrêmement exportatrice : que ces États généraux ne restent pas dans la bulle française ! Il ne faudra pas tomber dans le même piège que le Grenelle de l’environnement : derrière des propositions étaient sorties des réglementations puis des normes qui avaient donné l’accès aux marchés. Les normes tuent la création de valeur et les initiatives prises par les exploitations».
Autres réflexions abordées par Jean-Pierre Fleury : «le droit à la concurrence est un sujet complexe, c’est un chantier qui prendra des années, il ne faut pas rêver», «le monde agricole est exempt de l’interdiction de vente à perte. Cette exception agricole est faite pour préserver la logique de prix bas. Une fenêtre de tir est actuellement ouverte : c’est l’occasion de revoir la construction du prix».
- Fabrice Genin, responsable du pôle productions végétales annuelles, dénonce l’idée du ministre Nicolas Hulot d’interdire le glyphosate : «Des évolutions techniques en grandes cultures reposent beaucoup sur ce type de désherbage, je pense notamment au semis sous couvert, le glyphosate en est même un élément essentiel. Le glyphosate permet d’’économiser beaucoup d’autres produits de synthèse. A l’évidence, monsieur Hulot ne connaît pas le sujet. Valider son idée serait un énorme retour en arrière pour l’agriculture».
- Fabrice Faivre, président de la FDSEA, s’inquiète de la situation des exploitations de grandes cultures, notamment dans la zone des plateaux : «Leurs rendements sont une fois de plus très mauvais. Il n’y a toujours pas de prix, pas de qualité, et les aides Pac ne cessent de diminuer depuis des années. Mais que vont devenir ces exploitations ?» Le responsable côte-d’orien se préoccupe également de certaines décisions politiques comme l’interdiction des produits phytopharmaceutiques dans les SIE ou encore l’improbable remise en question du glyphosate : «les pays concurrents, eux, n’attendent pas pour avancer. La France a besoin de vrais projets pour son agriculture !»
Pascal Martens aborde également le sujet du parc national : «les agriculteurs s’interrogent sur leur devenir et sont très inquiets. Il faut nous dire exactement vers quoi nous nous dirigeons. Dans la conjoncture actuelle, cette situation nous met une pression inutile».
- Pascal Chadoeuf, président du syndicat des irrigants, est revenu sur la campagne d’irrigation 2017 «très difficile» avec des niveaux des nappes très bas dès le début d’année et des conditions climatiques déclenchant de nombreuses restrictions. Une problématique de financement est pointée du doigt : «l’irrigation est nécessaire si nous voulons conserver le peu de filières que nous avons. Ces dix dernières années, dans les bassins de la Tille et de l’Ouche, des projets ont été réalisés et donnent entière satisfaction. Ces projets, onéreux, étaient subventionnés à hauteur de 80% jusqu’à aujourd’hui. Mais depuis que le Conseil régional gère les aides Feader, les autres financeurs ne peuvent plus apporter leur concours. Je pense au Conseil département et à l’Agence de l’eau. Tous les projets sont aujourd’hui en stand-by. Il faut faire quelque chose, il n’y a pas de ligne destinée à l’irrigation dans le programme du Conseil régional».
- François-Xavier Lévêque, président des Jeunes agriculteurs, évoque la rencontre du 10 août avec le ministre: «Ses seules solutions concernent le moyen ou long terme. La seule issue crédible semble être la réforme de la Pac... Nous n’aurons pas le temps d’attendre, il va falloir des mesures concrètes bien avant cette échéance ». Le jeune producteur poursuit ses propos avec la notion de concurrence : « j’ai parlé avec un agriculteur allemand : ses soutiens européens sont 100€/ha supérieurs aux nôtres. Leurs potentiels sont supérieurs de 2 à 4 t/ha, autant dire que le différentiel atteint 400€/ha : peut-on vraiment rivaliser ? » François-Xavier Lévêque alerte également la salle sur l’émergence d’une association : « une manifestation est prévue fin septembre devant des abattoirs, elle milite pour l’arrêt des exploitations d’élevage ! Il ne faut surtout pas laisser passer ça et donner du crédit à ce type de regroupement».
- Jean-Pierre Fleury, responsable du pôle élevage, se prononce sur les États généraux de l’Alimentation : «Au vu de la gravité de la situation de l’agriculture française, nous devons souhaiter une pleine réussite du dossier. Le travail ne devra pas se déconnecter de la mondialisation ni de la compétitivité. Nous avons une agriculture française extrêmement exportatrice : que ces États généraux ne restent pas dans la bulle française ! Il ne faudra pas tomber dans le même piège que le Grenelle de l’environnement : derrière des propositions étaient sorties des réglementations puis des normes qui avaient donné l’accès aux marchés. Les normes tuent la création de valeur et les initiatives prises par les exploitations».
Autres réflexions abordées par Jean-Pierre Fleury : «le droit à la concurrence est un sujet complexe, c’est un chantier qui prendra des années, il ne faut pas rêver», «le monde agricole est exempt de l’interdiction de vente à perte. Cette exception agricole est faite pour préserver la logique de prix bas. Une fenêtre de tir est actuellement ouverte : c’est l’occasion de revoir la construction du prix».
- Fabrice Genin, responsable du pôle productions végétales annuelles, dénonce l’idée du ministre Nicolas Hulot d’interdire le glyphosate : «Des évolutions techniques en grandes cultures reposent beaucoup sur ce type de désherbage, je pense notamment au semis sous couvert, le glyphosate en est même un élément essentiel. Le glyphosate permet d’’économiser beaucoup d’autres produits de synthèse. A l’évidence, monsieur Hulot ne connaît pas le sujet. Valider son idée serait un énorme retour en arrière pour l’agriculture».
- Fabrice Faivre, président de la FDSEA, s’inquiète de la situation des exploitations de grandes cultures, notamment dans la zone des plateaux : «Leurs rendements sont une fois de plus très mauvais. Il n’y a toujours pas de prix, pas de qualité, et les aides Pac ne cessent de diminuer depuis des années. Mais que vont devenir ces exploitations ?» Le responsable côte-d’orien se préoccupe également de certaines décisions politiques comme l’interdiction des produits phytopharmaceutiques dans les SIE ou encore l’improbable remise en question du glyphosate : «les pays concurrents, eux, n’attendent pas pour avancer. La France a besoin de vrais projets pour son agriculture !»