Une récolte délicate
Ils sont 35 producteurs de chanvre dans l’Yonne, parmi lesquels Franck Pouillot, exploitant céréalier installé dans l’Auxerrois.
Sur la parcelle, nichée entre les vignes, aux portes de Saint-Bris-le-Vineux, moissonneuse et faucheuse ont entamé un ballet où chacune se croise en un travail partagé. Franck Pouillot perpétue la tradition familiale et exploite 37 ha implantés en chanvre sur 5 parcelles différentes : «chaque année on fait évoluer les surfaces en fonction du quota et de ce qu’on a produit l’année d’avant, selon si on a un peu d’avance ou non, le quota étant fixé par les contrats signés, à partir d’un quota moyen glissant sur cinq ans…» Si la récolte s’est déroulée dans d’excellentes conditions météo, les producteurs se disent relativement déçus, compte tenu des espoirs nés de la pluviométrie estivale : «en terres profondes, en fond de vallée, rien à dire, on tourne autour de 15 à 16 q/ha, quasiment du jamais vu, mais par contre déception en ce qui concerne les petites terres superficielles à cailloux, des plateaux, où l’on pensait bien s’en sortir et où on se retrouve avec des rendements qui ne dépassent pas les 7 à 8 quintaux de l’ha….»
Une culture facile à mener mais une récolte délicate
Culture facile à mener, avec simplement de l’apport d’azote, le chanvre n’a qu’un défaut, sa difficulté à le récolter : «on est toujours à la recherche de machines intégrales performantes et nous sommes dans l’obligation de continuer à utiliser des faucheuses qui ont près de 40 ans d’âge, avec les problèmes et le surcoût que cela peut engendrer en cas de panne…» D’autant que le créneau pour intervenir est parfois très limité : «l’an passé, compte tenu du retard pris pour faucher du fait de la pluie, les tiges étaient devenues trop dures et infauchables, car il faut savoir qu’une fois la tête coupée, elle sèche et durcit très vite…» Une fois récoltés, les graines prendront le chemin des chanvrières de l’Aube, les ballots de paille étant stockés sous le hangar de la ferme et expédiés tout au long de l’année en fonction des besoins. Si les cours avaient atteint l’an passé les 1000 €/tonne, en parallèle des cours du colza, ils sont en diminution cette année, à 650 €/t. Le contexte économique ne facilitant pas les débouchés, dans le bâtiment notamment, où les espoirs nés des parpaings de chanvre et autres éléments d’isolation ont des difficulté à trouver preneur, avec un surcoût estimé à plus de 30 %.
Relance de la filière chanvre dans le département
Eric Ducornet est en charge depuis juillet dernier des nouvelles filières au sein de la coopérative Bourgogne et évoque les perspectives liées à la culture du chanvre dans l’Yonne :
«Nous avons repris l’activité chanvre initiée il y a quelques années par la Chambre d’agriculture de l’Yonne, avec les Chanvriers de l’Est. Suite aux demandes de certains de nos adhérents, que ce soit à 110 Bourgogne ou à Capserval, dans le cadre de SeineYonne, nous sommes en train d’étudier le potentiel pour relancer une production de chanvre pour la récolte 2015, avec un nouveau partenaire qu’est Eurochanvre. Le plus important pour l’heure, étant de recenser toutes les personnes intéressées pour que cette filière perdure, compte tenu des contraintes liées à la géo localisation des parcelles et des notions d’îlots des récoltes. On ne peut mettre 5 ha de chanvre, par exemple en Puisaye, à Charny et 5 autres à Avallon, compte tenu de l’optimisation des chantiers de récolte… Si nous avons ouvert bien sur la liste en priorité à nos adhérents respectifs, elle n’est pas close pour autant et ouverte à l’ensemble des agriculteurs de l’Yonne,avec l’objectif renforcé, de maintenir et surtout, développer cette filière…»
Pour tout renseignement, on peut contacter
Eric Ducornet au : 03 86 53 44 22