Conseil agricole départemental
«Une question de survie»
Un conseil agricole départemental s’est tenu lundi soir à Bretenière. Les représentants de nombreuses OPA ont échangé pour trouver des solutions face à la crise.

Noir. Le tableau de l’agriculture dressé par Fabrice Faivre en début de semaine était d’une seule et même couleur, et pas forcément la meilleure : «La situation est catastrophique après ce que nous venons de vivre. Il ne faut pas avoir peur de le dire : des exploitations ne passeront pas le cap cette année. Certaines seront obligées de déposer le bilan avec toutes les conséquences sociales, financières et humaines que cela peut engendrer. Ce ne sera vraiment pas facile à gérer». «Il y a des décisions à prendre tous ensemble» insistait le président de la FDSEA de Côte d’Or, lundi soir, lors d’un conseil exceptionnel qu’il avait organisé en présence de nombreuses organisations professionnelles agricoles et ce, dans l’attente du plan annoncé par le ministre Stéphane Le Foll. «Ce dernier est censé sortir en ce mois de septembre. N’étant pas du tout persuadé qu’il arrive un jour et qu’il règle nos problèmes, nous devons peut-être compter uniquement sur nous-mêmes en travaillant sur des perspectives d’avenir».
«Il y a urgence»
Une présentation de François Massuard, chargé d’études à CER France BFC, a illustré des niveaux de produits historiquement bas, une rentabilité inexistante, des trésoreries très préoccupantes et des taux d’endettement ne cessant de progresser. «Mais combien d’années faudra t-il pour se relever d’un tel séisme ?» s’est interrogé Fabrice Faivre, concluant qu’il n’était plus possible de continuer dans de tels systèmes: «il faut sans doute repenser les plans de financements, casser les prêts, être sur du plus long terme, prendre en charge les intérêts, recalibrer les charges par rapport aux chiffres d’affaires prévisionnels.... Il y a urgence. Il ne faut rien s’exclure pour sauver l’agriculture». Comme il l’avait fait quelques jours plus tôt lors de la session de la Chambre d’agriculture, le président de la FDSEA a de nouveau sollicité l’aide de la Région et de l’État : «je propose que 30 euros soient attribués à chaque hectare de blé de Bourgogne-France-Comté, cela représenterait environ 10 millions d’euros. Je demande le même montant pour l’élevage. Des sommes plus importantes avaient été consacrées pour la sécheresse de 2003, année où l’agriculture était en mauvaise posture, mais très loin de l’état dans lequel elle se retrouve aujourd’hui». Fabrice Faivre a rappelé que d’autres régions françaises avaient déjà pris position face à cette crise : «nous attendons qu’il en soit de même pour la nôtre. Pour l’instant, nous avons huit cent audits pour les exploitations d’élevage : les agriculteurs de notre région méritent beaucoup mieux... S’il faut aller manifester et envahir une session du Conseil régional, nous le ferons. Cela ne peut plus durer comme cela. Je suis peut-être sec dans mes propos, mais la gravité de la situation l’impose, il faut agir».
Des soutiens en baisse
Fabrice Faivre rappelait alors les baisses de soutiens Pac crucifiant à chaque fois le département de la Côte d’Or et l’incapacité de trouver la moindre mesure salvatrice sur le terrain : «dans l’état actuel des choses, chaque agriculteur devrait pouvoir souscrire une MAE qui devrait lui ramener 70 voire 80€/ha. Dans le département, tout est bien parti pour que seules 20 exploitations puissent rentrer dans le dispositif, c’est tout simplement scandaleux». Jacques de Loisy, président de la commission «productions végétales» de la FDSEA et administrateur à l’AGPB pour la région Bourgogne-Franche-Comté, y allait de son grain de sel en fustigeant la répartition des aides européennes, sans cacher son désir d’obtenir un rééquilibrage: «Nous devons tous aller dans le même sens et porter le plus haut possible nos revendications. Dans les années 2000, sous prétexte de difficultés, un certain nombre de réunions avaient débouché sur des réorientations des soutiens. Ce n’est pas demander de l’argent en plus, simplement de les répartir différemment. Il faut que tout le monde s’y emploie à son niveau».
Les JA au diapason
François-Xavier Lévêque, le président des Jeunes agriculteurs de Côte d’Or, n’y allait pas non plus de main morte en s’adressant aux organismes invités à ce conseil : «Nous voulons savoir si vous êtes partenaires ou non de l’agriculture. Sachez que tout le monde va devoir mettre la main à la poche et que nos futures actions syndicales peuvent viser tout le monde. Les jeunes ne croient plus en leur métier, on ne voit rien venir... Cela fait longtemps que nous attendions une bonne année pour nous en sortir. Avec ce nouvel épisode, nous voyons bien que nous arrivons au bout du système. Des jeunes qui viennent de s’installer sont obligés de signer des contrats en usine pour pouvoir essayer de travailler et survivre. JA s’interroge sur les installations : devons-nous encore envoyer des jeunes à moins 5000 euros par an ? Est-ce encore sérieux ? Les personnes qui quitteront cette profession doivent la quitter d’une façon la plus digne possible. Ça, c’est l’affaire de tous. Il faut aussi et surtout se concentrer sur ceux qui vont rester».
Bilan de chaque OPA
Un tour de table a ensuite été effectué et chaque représentant a donné sa propre analyse. Les prises de paroles ont mis en avant une réelle prise de conscience collective sur la gravité de cette crise, certaines OPA ayant déjà pris les devants en accompagnant les agriculteurs «au cas par cas» et en apportant de la souplesse dans la mesure du possible. Plusieurs discussions se sont intéressées à divers étalements d’appels de cotisations. L’assurance récoltes a été longtemps discutée, le Crédit Agricole relevant une situation beaucoup moins mauvaise pour les agriculteurs ayant souscrit un contrat. Plusieurs intervenants, dont le directeur de Dijon Céréales Pierre Guez, se sont dits favorables à «une vraie réflexion nationale» pour améliorer le système d’assurance. D’autres propositions ont été formulées, comme celle du directeur de Bourgogne du Sud Michel Duvernois, proposant un moratoire sur la redevance des pollutions diffuses qui pourrait rapporter 10 millions d’euros pour la région Bourgogne-Franche-Comté. Fabrice Faivre a conclu cette réunion en annonçant d’autres rendez-vous de ce type : «c’est l’affaire de tout le monde, l’avenir de l’agriculture est notre mission».
«Il y a urgence»
Une présentation de François Massuard, chargé d’études à CER France BFC, a illustré des niveaux de produits historiquement bas, une rentabilité inexistante, des trésoreries très préoccupantes et des taux d’endettement ne cessant de progresser. «Mais combien d’années faudra t-il pour se relever d’un tel séisme ?» s’est interrogé Fabrice Faivre, concluant qu’il n’était plus possible de continuer dans de tels systèmes: «il faut sans doute repenser les plans de financements, casser les prêts, être sur du plus long terme, prendre en charge les intérêts, recalibrer les charges par rapport aux chiffres d’affaires prévisionnels.... Il y a urgence. Il ne faut rien s’exclure pour sauver l’agriculture». Comme il l’avait fait quelques jours plus tôt lors de la session de la Chambre d’agriculture, le président de la FDSEA a de nouveau sollicité l’aide de la Région et de l’État : «je propose que 30 euros soient attribués à chaque hectare de blé de Bourgogne-France-Comté, cela représenterait environ 10 millions d’euros. Je demande le même montant pour l’élevage. Des sommes plus importantes avaient été consacrées pour la sécheresse de 2003, année où l’agriculture était en mauvaise posture, mais très loin de l’état dans lequel elle se retrouve aujourd’hui». Fabrice Faivre a rappelé que d’autres régions françaises avaient déjà pris position face à cette crise : «nous attendons qu’il en soit de même pour la nôtre. Pour l’instant, nous avons huit cent audits pour les exploitations d’élevage : les agriculteurs de notre région méritent beaucoup mieux... S’il faut aller manifester et envahir une session du Conseil régional, nous le ferons. Cela ne peut plus durer comme cela. Je suis peut-être sec dans mes propos, mais la gravité de la situation l’impose, il faut agir».
Des soutiens en baisse
Fabrice Faivre rappelait alors les baisses de soutiens Pac crucifiant à chaque fois le département de la Côte d’Or et l’incapacité de trouver la moindre mesure salvatrice sur le terrain : «dans l’état actuel des choses, chaque agriculteur devrait pouvoir souscrire une MAE qui devrait lui ramener 70 voire 80€/ha. Dans le département, tout est bien parti pour que seules 20 exploitations puissent rentrer dans le dispositif, c’est tout simplement scandaleux». Jacques de Loisy, président de la commission «productions végétales» de la FDSEA et administrateur à l’AGPB pour la région Bourgogne-Franche-Comté, y allait de son grain de sel en fustigeant la répartition des aides européennes, sans cacher son désir d’obtenir un rééquilibrage: «Nous devons tous aller dans le même sens et porter le plus haut possible nos revendications. Dans les années 2000, sous prétexte de difficultés, un certain nombre de réunions avaient débouché sur des réorientations des soutiens. Ce n’est pas demander de l’argent en plus, simplement de les répartir différemment. Il faut que tout le monde s’y emploie à son niveau».
Les JA au diapason
François-Xavier Lévêque, le président des Jeunes agriculteurs de Côte d’Or, n’y allait pas non plus de main morte en s’adressant aux organismes invités à ce conseil : «Nous voulons savoir si vous êtes partenaires ou non de l’agriculture. Sachez que tout le monde va devoir mettre la main à la poche et que nos futures actions syndicales peuvent viser tout le monde. Les jeunes ne croient plus en leur métier, on ne voit rien venir... Cela fait longtemps que nous attendions une bonne année pour nous en sortir. Avec ce nouvel épisode, nous voyons bien que nous arrivons au bout du système. Des jeunes qui viennent de s’installer sont obligés de signer des contrats en usine pour pouvoir essayer de travailler et survivre. JA s’interroge sur les installations : devons-nous encore envoyer des jeunes à moins 5000 euros par an ? Est-ce encore sérieux ? Les personnes qui quitteront cette profession doivent la quitter d’une façon la plus digne possible. Ça, c’est l’affaire de tous. Il faut aussi et surtout se concentrer sur ceux qui vont rester».
Bilan de chaque OPA
Un tour de table a ensuite été effectué et chaque représentant a donné sa propre analyse. Les prises de paroles ont mis en avant une réelle prise de conscience collective sur la gravité de cette crise, certaines OPA ayant déjà pris les devants en accompagnant les agriculteurs «au cas par cas» et en apportant de la souplesse dans la mesure du possible. Plusieurs discussions se sont intéressées à divers étalements d’appels de cotisations. L’assurance récoltes a été longtemps discutée, le Crédit Agricole relevant une situation beaucoup moins mauvaise pour les agriculteurs ayant souscrit un contrat. Plusieurs intervenants, dont le directeur de Dijon Céréales Pierre Guez, se sont dits favorables à «une vraie réflexion nationale» pour améliorer le système d’assurance. D’autres propositions ont été formulées, comme celle du directeur de Bourgogne du Sud Michel Duvernois, proposant un moratoire sur la redevance des pollutions diffuses qui pourrait rapporter 10 millions d’euros pour la région Bourgogne-Franche-Comté. Fabrice Faivre a conclu cette réunion en annonçant d’autres rendez-vous de ce type : «c’est l’affaire de tout le monde, l’avenir de l’agriculture est notre mission».