Accès au contenu
Baigneux-les-Juifs

Une première coupe décevante

La SCEA de déshydratation de la haute Seine dresse un premier bilan de la récolte de luzerne.
Par Aurélien Genest
Une première coupe décevante
Jean-Luc Longechamp et Didier Robin espèrent de meilleurs résultats lors du second passage des machines.
La première coupe de luzerne s’est achevée le 12 juin autour de Baigneux-les-Juifs. Exactement 4 233 tonnes de matière sèche ont été récoltées sur un total de 1 422 ha, représentant un rendement moyen de 3 t/ha. «Nous sommes déçus, nous visions un niveau de récolte au moins égal à celui de l’an passé, soit au minimum 3,5 t/ha. Une sécheresse est une nouvelle fois passée par là…», commentent Jean-Luc Longechamp et Didier Robin, le directeur et le président de la coopérative.

Une bonne qualité
Les premiers tonnages de 2020 auraient été bien plus décevants si les précipitations n’avaient pas fait leur retour en haute Côte-d’Or : «nous avons pris un cumul de 60 mm en mai, puis 20 mm début juin. Heureusement que cette eau est arrivée, elle a fait du bien. Plus les jours passaient et plus les rendements devenaient intéressants. Mais cette tendance n’a pas duré, les pluies n’ont pas tout sauvé, le mal était fait dans un certain nombre de parcelles. Des plantes n’avaient pas résisté aux six semaines de sec que nous avions eues. Au final, 167 ha n’ont même pas fait l’objet d’une récolte». Si l’équivalent de 500 kg/ha manquent aujourd’hui au compteur, la qualité de cette première coupe est clairement au rendez-vous. «Le taux de protéines est de deux points supérieur à celui de 2019, la fourchette s’étend de 17,5 à 22,5 %, ce qui est très satisfaisant», souligne Jean-Luc Longechamp.

Des espoirs
La seconde coupe a débuté le 22 juin. Didier Robin espère «rattraper le retard» par rapport à 2019 : «cette campagne-là, nous n’avions enregistré que 2,2 t/ha au second passage. Il faut faire davantage cette année. Nous avons aussi l’espoir de réaliser une troisième coupe sur un maximum de parcelles, chose qui n’avait pas été possible l’an passé. Nous avions terminé 2019 sur une moyenne de 5,9 t/ha, ce rendement n’était déjà pas satisfaisant car il nous faut obtenir au moins 7 voire 8 t/ha pour que tout aille bien. Nous sommes tôt dans la saison, il faut rester optimiste».

Meilleurs résultats en bio
Pour la seconde année consécutive, la luzerne bio obtient de meilleurs tonnages qu’en conventionnel. «Près de 60 % de nos 1589 ha engagés sont aujourd’hui en agriculture biologique», précise Jean-Luc Longchamp, «l’écart était très marqué l’an passé avec près d’une tonne de différence entre ces deux modes de culture : 5,7 t/ha en conventionnel et 6,6 t/ha en bio sur l’ensemble des deux coupes. La luzerne n’est pas travaillée de la même manière selon les systèmes : elle est présente sur un quart des surfaces en bio et se retrouve régulièrement dans les meilleurs champs. En conventionnel, elle ne représente bien souvent que 10 % de l’assolement et n’est réservée qu’aux plus petites terres».

Ça n’a pas chômé
Didier Robin remercie une nouvelle fois les équipes pour le travail accompli dans le contexte très particulier de la crise sanitaire : «tout le monde a joué le jeu et a répondu présent en temps et en heure, il n’y a eu aucun temps mort dans la récolte. Merci également à l’ensemble de nos adhérents pour nous faire confiance d’année en année. Nous avons des agriculteurs fidèles qui nous suivent depuis 30 ou 40 ans. Les nouveaux sont aussi toujours les bienvenus. Nous avons davantage d’hectares en production cette année, c’est une autre satisfaction».

Moissons bios, un blé prometteur

Didier Robin, agriculteur bio sur cette même commune de Baigneux-les-Juifs, estime le début des récoltes autour du 15 juillet. Le producteur de 36 ans observe aujourd’hui un bel aspect des blés bio dans son secteur : «ils présentent plutôt bien, nous pourrions presque avoir du mal à les différencier avec les blés conventionnels qui, eux, ont souffert du sec. Les stades du bio sont décalés et ont mieux profité des pluies. Les moissons ne se dessinent pas trop mal pour cette culture, avec un prix minimum garanti de 500 euros/t». L’exploitant côte-d’orien est en revanche plus indécis que le devenir des cultures de printemps : «tout dépendra de l’eau qui arrivera. Il y a eu beaucoup d’insectes dans les champs concernés et plusieurs d’exploitants ont été contraints de retourner leurs pois de printemps. Suivant les dates, du sarrasin et du tournesol ont été re-semés. Le sarrasin est beau pour le moment. Pour le tournesol, on dit souvent qu’il faut 20 mm pour qu’il germe, 20 mm pour qu’il pousse et 20 mm à la floraison… Il nous manque aujourd’hui ces 20 derniers mm et ce sera bon. Personnellement, en sainfoin, j’ai récolté 6 t/ha, c’est plutôt satisfaisant. L’état des lentilles est en revanche plus compliqué. En moyenne, l’ensemble est prometteur. Nous avons eu un bon temps pour le bio, avec peu de maladies en l’absence d’eau et peu de salissement». Didier Robin regrette en revanche la fin des aides au maintien bio, annoncé par la Région il y a peu : «c’est un gros coup dur pour tout le monde. Dans mon cas, je perds 12 000 euros sur mon exploitation».