Accès au contenu
Valorisation des produits

Une opportunité pour les exploitations

La Chambre d’agriculture s’est intéressée aux circuits courts lors de sa session du 13 mars.
Par Aurélien Genest
Une opportunité pour les exploitations
Les trois intervenants et Vincent Lavier, le président.
Les circuits courts ont la cote. Ses produits se vendent comme des petits pains et de nombreux agriculteurs engagent des démarches un peu partout dans le département. La Chambre d’agriculture de Côte d’Or, réunie en session la semaine dernière à Plombières-lès-Dijon, s’est justement intéressée à cette nouvelle tendance. Pour le président Vincent Lavier, les circuits courts font indéniablement partie des voies à explorer : «Ils sont souvent sources de revenus dans la durée et représentent parfois une belle opportunité. Les circuits courts peuvent nous permettre d’améliorer la résilience économique des exploitations. Un grand nombre d’entre elles ne sont pas forcément armées pour faire face aux incertitudes climatiques, de marché ou de gestion des coûts de production. Il faut se donner des marges de manœuvre, ne pas refuser la mutation et avoir des projets». Trois agriculteurs ont fait part de leurs expériences lors de cette réunion. Leurs démarches sont toutes basées sur la notion de collectif, si chère à la Chambre d’agriculture qui répète sans cesse qu’il est «beaucoup plus facile de réussir à plusieurs».

Des consommateurs rassurés
Nicolas Michaud, agriculteur à Pagny-le-Château dans le canton de Seurre, a présenté le GIE Plaine et Saône qui commercialise aujourd’hui 250 tonnes de pommes de terre dans quatre grandes surfaces. En 2009, année particulièrement difficile pour l’agriculture, le Côte d’orien  cherchait à valoriser ses pommes de terre. Un premier contact avec la distribution a débouché sur un volume de 80 tonnes qui fut liquidé en l’espace de trois mois... «Les GMS en on voulu davantage et nous ont demandé de les alimenter toute l’année» relève Nicolas Michaud. Pour répondre à cette demande, le GIE représenté par quatre Gaec a investi dans un bâtiment équipé d’une chambre froide. «Un investissement qu’il n’aurait pas été possible de réaliser tout seul» précise le Côte d’orien. Les producteurs du groupement ont aujourd’hui une garantie de prix sur l’ensemble de la campagne. Le GIE Plaine et Saône s’est lancé le défi de vendre d’autres produits que ses pommes de terre. Des carottes et des salades ont déjà intégré le dispositif avec des prix payés aux producteurs particulièrement attractifs. «Il y a une très bonne entente entre les agriculteurs, nous avançons ensemble» se réjouit Nicolas Michaud, «chacun valorise une partie de sa production. Le marché du frais a beaucoup d’avenir, les consommateurs sont rassurés par la provenance des produits. Cette démarche représente énormément de travail, il y a notamment les colis à préparer en plus du travail à réaliser dans les champs, mais la valorisation de nos produits est bien là».

A table !
Isabelle Andriot, agricultrice à Hauteroche dans canton de Venarey-Les Laumes, a fait part de son expérience à la ferme-auberge «La Grange» de Flavigny-sur-Ozerain. Cet établissement existe depuis 35 ans et compte une quinzaine d’adhérents. «J’ai rejoint la ferme-auberge en 2001. Elle me permet de dégager un revenu à côté de mon élevage. En plus de fournir une partie de mes génisses charolaises, je cuisine et sers les clients !» informe Isabelle Andriot. Une très grande diversité de produits locaux sont proposés par les agriculteurs adhérents. Une moyenne de 15 000 repas sont servis chaque année à La Grange, qui ouvre ses portes tous les jours du 15 avril au 31 octobre, sauf le lundi. Rémunérée sur ses produits vendus, Isabelle Andriot l’est également sur ses heures passées au service de La Grange : «mon exploitation est rentable grâce à cette ferme-auberge sinon, je n’en serais pas là où j’en suis aujourd’hui. Cela représente beaucoup de travail mais je ne regrette rien, il y a une super dynamique entre nous. Chaque agriculteur parle beaucoup de son métier, les clients posent beaucoup de questions. Cette expérience est très enrichissante».

Produit localement, consommé localement
Cédric Bazin, éleveur charolais à La Rochepot dans le canton de Nolay, a présenté la marque «Le Goût d’ici» née dans le Pays beaunois en 2012 sous l’impulsion d’élus désireux de mettre en avant les produits locaux et notamment la viande bovine. Une vingtaine d’éleveurs se sont réunis afin de proposer leurs productions aux grandes surfaces et aux collectivités. «Ce n’est pas vraiment un circuit court, mais plutôt un circuit de proximité car nous conservons tous les intermédiaires ou presque. L’idée est la suivante : ce qui est produit localement est consommé localement» informe Cédric Bazin. Les éleveurs de l’association se sont donné l’objectif de commercialiser une centaine d’animaux par an : des génisses dans les GMS et des vaches de 4 à 5 ans dans les collectivités. «Nous en sommes aujourd’hui à 45, j’ai bon espoir que nous passions à une soixantaine de bêtes lors de la prochaine campagne» annonce l’éleveur de La Rochepot. Une plus-value est obtenue sur le prix de la viande payé aux producteurs. «C’est bien sûr l’objectif que nous nous étions fixé au départ» commente Cédric Bazin, qui reconnaît un important investissement des éleveurs : «chaque membre du bureau a une tâche bien précise. Nous livrons nous-mêmes les animaux à l’abattoir de Beaune. Plusieurs d’entre nous assurent des animations dans la grande distribution ou directement dans les cantines scolaires».