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Récolte

Une moisson en deux temps

Un exploitant et entrepreneur de travaux agricoles basé dans le Val de Saône utilise une faucheuse-andaineuse, un matériel qui permet de décomposer la fauche du battage.
Par Aurélien Genest
Une moisson en deux temps
Faucher puis battre quelques jours plus tard : cette méthode «à l’américaine» apporte plusieurs avantages, notamment dans les productions de semences et les cultures bios.
Commandée cet hiver au Canada, la machine d’Étienne Briot a effectué un très long périple pour arriver dans sa cour de ferme à Saint-Symphorien-sur-Saône en mai dernier. Cet équipement très rare dans la région a déjà fait ses preuves dans plusieurs champs et devrait être utilisé sur une centaine d’hectares pour sa première année d’utilisation. « Ce type de machine permet de faucher la culture environ dix jours avant sa maturité, tout est mis en andains, entre 30 et 40 % d’humidité », explique Étienne Briot, « nous attendons ensuite quatre à cinq jours pour laisser sécher avant de récolter au moyen, dans mon cas, d’une moissonneuse équipée d’un pick-up à tapis. Une faucheuse-andaineuse vise à récolter le produit à une maturité homogène. Dans l’idée, le procédé est semblable à celui de nos anciens, qui coupaient le blé et le laissait mûrir en gerbes avant de le récolter ».

Alternative à la dessiccation chimique
L’agriculteur et entrepreneur de travaux agricoles a investi dans cet équipement pour plusieurs raisons : « la première et la plus importante à mes yeux concerne la production de semences, comme les trèfles et les luzernes. En fin d’année, le Reglone sera interdit, cela va devenir très problématique pour ce type de cultures. Le fauchage-andainage fait partie des solutions mécaniques pour s’y adapter. L’enjeu est de taille : continuer à produire des semences avec des normes qualitatives et sanitaires imposées dans les contrats ». En plus de cette alternative à la dessiccation chimique, une fauche précoce présente la capacité de faire avorter le processus de maturation des graines d’adventices et de réduire, ainsi, l’infestation d’une parcelle l’année suivante.

Faciliter la récolte
Étienne Briot a déjà utilisé sa machine cet été dans des parcelles de lin et d’orge de printemps. Il y a quelques jours, l’entrepreneur est même intervenu dans une parcelle de blé avec une grande population de ray-grass, conséquence d’une résistance herbicide : « une récolte classique aurait été très compliquée dans ce cas. La faucheuse-andaineuse permet de faire sécher intégralement les plantes et de mieux récolter, parfois en les triant ». Cette technique permet bien d’autres avantages, poursuit l’exploitant côte-d’orien : « elle peut s’avérer utile en bordures de bois pour mieux faire mûrir la culture. Faucher et andainer de cette manière permet aussi d’optimiser son calendrier et parfois, de récolter deux cultures dans la même année. L’agriculture biologique devrait devenir de plus en plus demandeuse pour des raisons liées à la qualité. La faucheuse-andaineuse peut être une solution pour récolter des céréales avec un fort salissement ». Concernant les tarifs, un surcoût d’environ 50 euros/ha est appliqué par rapport à la récolte plus traditionnelle.

Témoignages

Didier Robin, agriculteur à Baigneux-les-Juifs : «Ce genre de matériel est très bien adapté au bio, il semble être très intéressant pour faire mûrir des blés de printemps tardifs et pour sécher les mauvaises herbes. De plus, ce dispositif permet de produire des semences fourragères recherchées en bio. L’investissement est assez lourd, un achat en Cuma serait approprié».
Pascal Guérin (Billy-lès-Chanceaux) : « Ce système de récolte est plus coûteux, mais très intéressant en agriculture biologique. La technique est pertinente dans des parcelles présentant des adventices ou des repousses de luzerne qui entrainent généralement des difficultés de battage. La faucheuse-andaineuse est aussi la bienvenue dans des cultures qui ont du mal à mûrir à l’automne comme le sarrasin, le pois chiche ou encore la moutarde. Elle permet de récolter des cultures qui se feraient dépasser par un couvert vivant, type trèfle luzerne ».