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Journée ODA

Une journée sous le signe de la macroéconomie

Plus d’une trentaine d’agriculteurs de l’Yonne et des départements limitrophes se sont donnés rendez-vous à Sens, pour la journée « hiver » organisée par ODA. L’occasion de faire le point sur la situation des marchés de ces derniers mois et les perspectives d’évolution pour 2017.
Par Dominique Bernerd
Une journée sous le signe de la macroéconomie
Plus d’une trentaine d’agriculteurs ont répondu à l’invitation.
Fondée il y a une vingtaine d’années par Renaud de Kerpoisson, un agriculteur reconnu pour sa connaissance des marchés, Oda est une société de conseil indépendante. Elle accompagne depuis son origine, les professionnels de la filière agricole dans la découverte des marchés, pour les aider à en saisir les clés et mieux se protéger de la volatilité croissante. À l’occasion des journées Oda d’hiver, organisées dans tout l’hexagone, Renaud de Kerpoisson, Président et Didier Nedelec, Directeur général d’Oda, assistés de Louis Verhaeghe, Directeur Oda Agri, sont allés à la rencontre d’une trentaine d’agriculteurs de l’Yonne et alentours, vendredi 13 janvier à Sens.

Au programme notamment de la journée : un point macroéconomique pour appréhender les différents facteurs non agricoles ayant des conséquences sur les marchés des céréales et des oléagineux, un premier bilan des récoltes de l’hémisphère Sud, ainsi qu’un point sur l’évolution des prix sur les marchés du blé, du maïs, du porc et des produits laitiers.

Des chiffres encourageants
Si les pays développés connaissent un rythme de croissance assez bas, les zones en développement voient le leur augmenter beaucoup plus vite rappelle Louis Verhaeghe : «à commencer par toute l’Asie du Sud-Est, avec une croissance à 6%. Une des principales zones d’importation des céréales dans le monde et c’est un élément  important pour nous, producteurs français. Un maximum de personnes de ces pays vont évoluer vers la classe moyenne et changer leur comportement alimentaire en le calquant sur les pays occidentaux». Un bouleversement majeur car ils utiliseront plus de protéines animales dans leur alimentation. Contexte semblable en Afrique. La consommation américaine a pour sa part vu ses chiffres sur le 3e trimestre 2016 croître de plus de 3%. Avec pour conséquence de tirer l’ensemble de l’économie internationale vers le haut, d’autant que le chômage aux Etats-Unis est à 4,5%, le plus bas niveau depuis les années 60. Un quasi plein emploi qui a pour effet de faire augmenter les salaires et donc la consommation et les prix.

Autre signal encourageant pour les pays exportateurs, la parité euro/dollar : «depuis deux ans, on est dans un environnement d’euro bas, avec une fourchette entre 1,15 et 1,05 et fin 2016, nous étions même à 1,035, le plus bas niveau depuis 13 ans. Extrêmement important pour nous céréaliers, car cette situation nous permet d’être très compétitive à l’export et de voir nos prix se tenir à l’heure actuelle. Il y a deux ans, on était à 1,35. Si on avait gardé cette parité, le blé serait aujourd’hui autour de 100 € !»

L’accord récemment conclu au sein du cartel de l’Europe, a eu pour conséquence de réduire la production de pétrole de 1,3 millions de barils par jour. Induisant une remontée des cours, avec un baril autour désormais de 50 $ contre 30 $ il y a encore un an. Des chiffres qui là encore, n’inquiètent pas les économistes d’Oda, au contraire : «nous sommes convaincus qu’il n’y aura pas de flambée des prix d’autant que l’offre reste suffisamment abondante et concurrencée par le gaz de schiste. Il faut considérer un baril à 50 $ comme plutôt positif, notamment en ce qui concerne la production d’éthanol. Avec un pétrole à -50 ou 55 $, il y aura plus d’huile de palme dédiée aux biocarburants dans des pays comme la Malaisie ou l’Indonésie. Avec pour effet qu’il y aura aussi moins d’huile disponible à l’export».

Bonne collecte dans l’hémisphère Sud
Abordé également au cours de la matinée, un premier bilan des récoltes de l’hémisphère Sud, notamment pour ce qui est du blé : «c’est exceptionnellement bon ! Des résultats «fantastiques» en Australie avec 32,6 millions de tonnes, 7,5 millions en Argentine». Mais heureusement pour le continent européen, sans effets immédiats sur les marchés : «les chiffres sont connus depuis 3 semaines et on aurait pu voir les marchés baisser du fait de l’offre mais il n’en est rien. L’Argentine a déjà son potentiel exportable contractualisé à 80% et une grande partie de cette récolte exceptionnelle est sollicitée par leurs voisins du Mercosur».

Bons chiffres également en ce qui concerne le maïs argentin, avec une récolte à 35 millions de tonnes ? Une augmentation de 10 M de tonnes due à la hausse des surfaces de semis, passées de 3,5 à 5 millions d’ha. Reste aujourd’hui 1 million d’ha à semer sans que l’on sache si leur choix se portera sur le maïs ou le soja, pour lequel on attend d’ores et déjà des chiffres de production très bons. Dans le même temps, les niveaux de prix sur les marchés mondiaux restent au plus bas : «le prix du blé aux Etats-Unis est aujourd’hui au niveau de celui de 2004 et en dessous du prix de production». Scénario identique pour ce qui est du maïs, au niveau le plus bas depuis septembre 2014, le soja pour sa part, réussissant à maintenir des prix corrects.

Abordant le sujet du prix des productions animales, le directeur général d’Oda, Didier Nedelec est revenu sur la crise que traverse la filière laitière mais avec des prix spot au niveau mondial multipliés par trois, en référence à ceux de mai dernier. Une situation paradoxale au regard de ce que vivent les éleveurs aujourd’hui : «on a encore des agriculteurs qui sont en passe d’arrêter la production laitière ou la réduire alors que les signaux du marché sont bons. On a un décalage dans le temps, de six à neuf mois voire un an entre ces signaux et ce que connait l’agriculteur. Les contrats c’est bien, mais à hauteur de 80% seulement et en passant le reste au marché spot de sorte que l’éleveur ait un regard instantané sur le marché». Pour réponse, cette réflexion d’un producteur présent dans la salle : «facile à dire… On voit bien que vous n’avez pas d’industriel en face de vous !»

À propos d’ODA Groupe

Leader européen du conseil en gestion du risque de prix, basé à Bourges,Oda Groupe totalise à ce jour un effectif de 85 collaborateurs, et a réalisé, en 2014-2015, un chiffre d’affaires de 7,1 millions €. Sa clientèle est composée d’agriculteurs, de collecteurs et d’industriels. Outre les activités de formation, d’information et de conseil, Oda Groupe développe des activités de courtage physique et financier au travers de ses filiales Agricote et Oda Futures. Depuis sa création en 1997 par Renaud de Kerpoisson, ODA est aujourd’hui présent à travers toute la France ainsi qu’en Angleterre, Pologne et Ukraine.