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Environnement

Une journée pour repenser le bocage

À l’occasion de ses 40 ans, le CAUE a organisé le 14 novembre au lycée de Challuy, une journée sur le thème du bocage et de la haie. De nombreux professionnels du secteur sont venus exposer leurs idées et leurs préconisations pour faire de la haie un outil de développement durable.
Par Théophile Mercier
Une journée pour repenser le bocage
De nombreux échanges qui ont permis d’entrevoir des pistes de solutions pour une meilleure gestion du bocage.
Comment remettre la haie au centre des préoccupations et la valoriser au mieux ? Telle a été la question centrale de cette journée organisée par le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de la Nièvre (CAUE) au lycée agricole de Challuy.

En 2001, le CAUE de la Nièvre avait publié un ouvrage intitulé «des arbres et des haies», un guide technique de conseils pour l’entretien, la réhabilitation et la plantation des haies bocagères. Cette année, à l’occasion de ses 40 ans, l’organisme a souhaité aller plus loin en proposant cette journée d’échange avec des acteurs du développement durable et de la biodiversité.

Cette dernière a débuté par une présentation générale du sujet par David Michelin, chargé de mission biodiversité à l’Agence régionale pour l’environnement et le développement soutenable à la région Bourgogne Franche-Comté. «Il y a un véritable intérêt à intéresser à la haie car elle permet en autre de capter le carbone, de protéger contre les excès climatiques, et de favoriser le bien-être animal. Pourtant depuis soixante ans, la haie ne fait que reculer en BFC : 42 % de linéaire de haies en moins au cours de la période 1940-2013 soit au moins 30 000 km arasés (hors linéaire de haie arbustive non productive) mais un ralentissement ces 20 dernières années par rapport à période 1940-1998» a présenté le chargé de mission.

D’où le sens du travail de David Michelin à travers le projet associatif Alterre, est d’engager cette transition écologique à travers toute la région BFC.

La haie, une valeur économique indiscutable
La suite de cette journée s’est déroulée sous la forme d’ateliers à l’image de celui d’Étienne Bourgy, conseiller énergie et agroforesteries à la Chambre d’agriculture de la Nièvre, consacré à la filière bois plaquette. Cette filière est en forte progression avec une très nette hausse des volumes broyés notamment dans les années de sécheresse (+30 à 50 % pour la litière). Le bois déchiqueté en Bourgogne Franche-Comté en 2018 représente environ 14 000 MAP en bois énergie dans la Nièvre. Pour le conseiller : «Cette valorisation en litière replace la haie comme élément technico-économique et environnemental intéressant pour les systèmes agricoles, et la Nièvre a été précurseur dans le domaine». Aujourd’hui cette filière bois énergie alimente cent vingt-cinq chaudières agricoles et rurales de moins de 100 kWa dans le département. Autre secteur en pleine évolution, c’est la filière bois-plaquette. Une centaine d’éleveurs nivernais ont tenté l’expérience en 2018. Le principal avantage, c’est la diminution de la dépendance à la paille (4 m3 de bois déchiqueté équivalent à 1 tonne de paille et 1 MAP de bois équivaut à 80 à 90 litres de fioul) et le prix de revient qui est compétitif. La production se fait à la ferme de l’abattage au stockage. Pour ce qui est de la commercialisation, elle est essentiellement réalisée en circuit cours (entre 10 à 30 km maximum) pour des collectivités du département.

Soit l’agriculteur traite en direct avec les collectivités, soit il fait appel à un groupement d’agriculteurs répondants aux appels d’offres du SIEEEN (Saint Saulge, Bazolles, Corbigny, Arleuf, mairie Château-Chinon, Montigny en Morvan…). Ces deux filières sont vertueuses et participent en partie à la préservation de biodiversité.

La haie, une ressource à valoriser
Savoir bien gérer la haie dans le respect de son cycle de vie, mais aussi savoir assurer sa reprise, ont été les thèmes des ateliers de l’après-midi. Des ateliers présentés par Claire Hélène Delouvée, paysagiste conceptrice mais également Nadia Baruch, technicienne au CRPF.

Enfin, l’une des dernières interventions fut plus réglementaire avec la participation de Francis Cluzel, de la Direction Départementale des Territoires de la Nièvre.
Ce dernier est venu donner des recommandations pour inscrire la protection du bocage dans les documents d’urbanisme comme le PLU. Cette journée anniversaire autour de la haie et du bocage s’est conclue par la projection du film «des racines et de haie» en présence du réalisateur Jean-Yves Ferret et elle aura au moins permis de remettre cette ressource au centre des discussions.

Retrouvez l’ensemble des présentations de la journée à l’adresse http://www.caue58.com/2019/09/13/rencontre-bocage-haie/