Plateaux
Une impasse technique et financière
Un producteur céréalier de Francheville évoque l’évolution inquiétante de son métier.
Le niveau assez correct de sa moisson ne le rassure pas vraiment. « On ne peut plus continuer comme ça dans nos zones », lance Olivier Jacquand, agriculteur à Francheville près de Saint-Seine-l’Abbaye. La production céréalière est « très mal embarquée » selon ce Côte-d’orien de 46 ans, qui cite une succession de décisions politiques et d’évènements peu favorables au métier. L’un des premiers « hics » date de plusieurs années avec le bilan de santé de Michel Barnier : « nous avons perdu très gros avec l’ancien ministre de l’Agriculture, j’en reparle aujourd’hui car nous payons la note chaque année. Si l’on ajoute la réforme de la Pac totalement défavorable au monde céréalier et la surprime des 52 premiers hectares de Stéphane Le Foll, nous avons perdu 150 euros/ha. C’est énorme. Les prix actuels n’arrangent rien : regardez ce qu’ils sont devenus depuis 2013… Dans un certain nombre de situations, ils sont souvent inférieurs aux coûts de production. Alors oui, les cours ont tendance à relever la tête ces derniers jours, mais il faut rester prudent et dans tous les cas relativiser, car nous partons d’un niveau très bas… Les choses se compliquent également sur le plan technique : sur les plateaux, nos terres sont très dépendantes des phénomènes climatiques, les possibilités d’assolements sont très limitées avec des rotations bien trop courtes ».
Besoin d’équité
La prochaine Pac est vite arrivée. Olivier Jacquand souhaiterait davantage d’équité dans l’ensemble des productions agricoles : « les bassins de production qui ont les meilleures terres sont les plus aidés par la Pac. Les références datent de 1992, soit 26 ans : nous ne pouvons plus continuer ainsi. Les départements céréaliers français aux plus forts potentiels touchent un DPB près du double du nôtre, il nous faut absolument un DPB unique sur la ferme céréalière française. Aussi, d’autres productions que les céréales sont plus soutenues, ce n’est pas normal là non plus ». L’agriculteur de Francheville rappelle que le prix actuel du blé est inférieur à celui d’il y a trente ans : « nous sommes aux alentours de 165 euros la tonne. Il y a trois décennies, cela aurait fait 200 euros… D’autres productions ont maintenu leurs prix, pas nous en raison de la mondialisation du prix de nos céréales. Dans le même temps, les coûts de production ont explosé comme dans tous les secteurs professionnels. Pour ne rien arranger, à l’échelle internationale, la ferme céréalière française manque cruellement de compétitivité. Nous travaillons sur des centaines d’hectares alors qu’ailleurs, les producteurs les comptent par milliers, avec des coûts de production, des contraintes réglementaires, environnementales et sociales qui n’ont rien à voir avec les nôtres. Pour être davantage compétitifs, un important travail sur l’aménagement foncier s’impose vraiment dans notre région. Je pense aussi que le modèle familial français a vécu ».
Besoin d’équité
La prochaine Pac est vite arrivée. Olivier Jacquand souhaiterait davantage d’équité dans l’ensemble des productions agricoles : « les bassins de production qui ont les meilleures terres sont les plus aidés par la Pac. Les références datent de 1992, soit 26 ans : nous ne pouvons plus continuer ainsi. Les départements céréaliers français aux plus forts potentiels touchent un DPB près du double du nôtre, il nous faut absolument un DPB unique sur la ferme céréalière française. Aussi, d’autres productions que les céréales sont plus soutenues, ce n’est pas normal là non plus ». L’agriculteur de Francheville rappelle que le prix actuel du blé est inférieur à celui d’il y a trente ans : « nous sommes aux alentours de 165 euros la tonne. Il y a trois décennies, cela aurait fait 200 euros… D’autres productions ont maintenu leurs prix, pas nous en raison de la mondialisation du prix de nos céréales. Dans le même temps, les coûts de production ont explosé comme dans tous les secteurs professionnels. Pour ne rien arranger, à l’échelle internationale, la ferme céréalière française manque cruellement de compétitivité. Nous travaillons sur des centaines d’hectares alors qu’ailleurs, les producteurs les comptent par milliers, avec des coûts de production, des contraintes réglementaires, environnementales et sociales qui n’ont rien à voir avec les nôtres. Pour être davantage compétitifs, un important travail sur l’aménagement foncier s’impose vraiment dans notre région. Je pense aussi que le modèle familial français a vécu ».
Pas d’orge cette année
L’EURL Jacquand a terminé sa moisson le 18 juillet. En plus de sa précocité et de son hétérogénéité, une autre caractéristique de cette récolte a été l’absence du moindre hectare d’orge d’hiver. «J’ai décidé d’arrêter cette culture car elle était devenue la moins rentable de l’exploitation», explique Olivier Jacquand, «les rendements plafonnaient depuis plusieurs exercices. À cela s’ajoutent des critères de qualité, avec des prix qui, comme l’ensemble des productions, ne sont pas au rendez-vous». Du triticale a pris sa place sur la même surface : «il s’agit d’une culture supplémentaire par rapport à la conditionnalité. En terme de potentiel, elle se rapproche d’un blé, avec un prix de vente certes un peu moins intéressant mais un coût de production moins important. Le volume de paille est intéressant lui aussi, ce critère rentre en compte car nous avons une activité paille». La récolte de colza, démarrée le 8 juillet, a livré un rendement entre 33 et 34 q/ha, soit près de 5 q/ha en dessous de la moyenne quinquennale de l’exploitation. La tendance du blé était bien meilleure avec des rendements compris entre 70 et 80 q/ha dans les premiers champs moissonnés, avec une qualité au rendez-vous (77-78 en PS et entre 12 et 13 en protéines). Dernière culture de la ferme, la luzerne a été récoltée en juin avec des volumes satisfaisants.