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28ème assemblée générale de Dijon Céréales

Une grande ambition régionale pour l’agriculture

Dijon Céréales a tenu sa 28ème assemblée générale le 14 décembre dernier. L’occasion de tracer les nouvelles routes de l’avenir de la coopération et d’affirmer l’importance de l’agriculture régionale dans le schéma économique actuel. L’occasion aussi de rendre un chaleureux hommage à Pierre Guez, son emblématique directeur à l’origine de la création de Dijon Céréales.
Par Anne-Marie Klein
Une grande ambition régionale pour l’agriculture
Christophe Richardot a identifié les enjeux pour l’agriculture régionale, tracé la nouvelle route et évoqué les moyens et les développements
en cours.
La coopérative Dijon Céréales ne manque pas de punch face aux éléments contraires et les difficultés rencontrées par la sphère agricole ces dernières années l’encouragent au contraire à prendre le taureau par les cornes et à se mettre en ordre de gagner sur tous les tableaux. Cette 28ème assemblée générale de la coopérative aurait aussi pu se laisser gagner par une certaine nostalgie, avec l’hommage rendu à Pierre Guez, directeur visionnaire à l’origine de la création de Dijon Céréales qui a passé le témoin au nouveau directeur général, Christophe Richardot en 2017. Mais la vie des coopératives en ces temps de changement climatique, d’évolution réglementaire et d’âpres batailles sur les marchés, n’est pas un long fleuve tranquille.
L’évocation de la longue carrière de Pierre Guez, intimement liée au développement du secteur et à la nécessité de créer et de renforcer des unions de moyens pour exister, montre que ce n’était certes ni mieux, ni pire avant. L’avenir se construit au travers des vicissitudes du présent et appartient aux hommes qui savent voir plus loin et prendre des risques. La marque de Pierre Guez a été celle d’un bâtisseur et d’un rassembleur d’énergies, sachant faire émerger les compétences et avancer les projets. La coopérative désormais bien installée dans le paysage régional ouvre une nouvelle ère avec Chritophe Richardot, directeur général de Dijon Céréales et d’Alliance BFC, Marc Patriat assurant la continuité de la présidence.
Ce changement s’inscrit donc dans la continuité d’une stratégie offensive, face aux enjeux auxquels l’agriculture est confrontée. Les zones intermédiaires et les zones de plateaux en particulier sont impactées par des aléas et des conditions agronomiques qui rendent de plus en plus difficile le maintien d’une production suffisante en quantité, comme en qualité. Face à cette situation intenable sur le long terme, Dijon Céréales entreprend de transformer ce « modèle à bout de souffle ». Pas facile dans un contexte politique qui vise à diminuer de façon drastique les produits phytosanitaires tout en ouvrant en grand la porte à des concurrents peu regardants (biodiesel argentin, huile de palme, soja OGM…), pas facile non plus dans un contexte national déroutant où l’on encourage les discussions, tout en ayant déjà prévu les réponses à l’avance. Au final Christophe Richardot considère que cela produit Égalim, « une loi incohérente avec les besoins des agriculteurs » et les attentes exprimées en termes de revenu notamment.

Une union pour mieux s’adapter et s’ouvrir à de nouveaux marchés
Cette assemblée générale bien ancrée entre aujourd’hui et demain a donc réitéré les engagements forts de la coopérative :
- produire plus et mieux pour répondre à une demande mondiale croissante, faire évoluer le modèle agricole actuel en adaptant les pratiques aux contraintes agromiques (agriculture de précision, de conservation, développement de l’agriculture biologique, pratiques alternatives…),
- s’engager dans des filières à valeur ajoutée supérieure pour assurer un meilleur revenu partout où c’est possible (transition énergétique, production de protéines végétales destinées à l’alimentation humaine…),
- miser sur la diversification et la différenciation des cultures et des productions,
- utiliser les fonctionnalités numériques pour créer des outils de gestion des données au bénéfice du producteur et de la production.
Depuis sa création l’union Alliance BFC, les projets régionaux ont prix corps, l’ensemble s’est structuré. « L’Alliance BFC a onze mois » a précisé Christophe Richardot, « on lui apprend à marcher » et on élargit son champ d’activité tout en rendant le fonctionnement de l’ensemble « plus performant » grâce à « une maîtrise accrue des charges ». L’ambition c’est de « bâtir l’avenir de la coopération régionale en Bourgogne Franche-Comté, autour d’un socle de métiers solide et de projets créateurs de valeur ajoutée pour les exploitations agricoles ».

Un fort engagement dans la transition énergétique
16 nouvelles plateformes communes d’innovation seront lancées en 2019 sur des thématiques multiples qui concernent aussi bien les grandes cultures, que l’agriculture biologique et les productions fourragères. Côté communication corporate, dans un grand ensemble où comme l’a rappelé son président Marc Patriat « chaque coopérative conserve son identité et son histoire », Alliance BFC mise sur le digital afin qu’en 2019 chaque adhérent puisse avoir « sa coopérative dans sa poche ».
Certains domaines d’activité sont ainsi particulièrement renforcés, comme la bio qui élargit sa base expérimentale avec une nouvelle plateforme pluriannuelle à Poncey-sur-l’Ignon et sa logistique avec un nouveau silo bio à Saint-Seine-l’Abbaye. La diversification est soutenue aussi avec en ligne de mire au sein d’Alliance BFC la production sur un site dédié de protéines de soja texturées pour l’alimentation humaine. De nouveaux domaines d’activité se dégagent. Ainsi, l’implantation de vignes pour la production de raisin sur deux sites en Saône-et-Loire sur la zone Alliance BFC. Premières vendanges à venir en 2019. Mais certains projets d’envergure vont plus particulièrement nécessiter un fort engagement collaboratif et coopératif. C’est le cas des trois gros projets de méthanisation à partir de la production de cultures intermédiaires à vocation énergétique (VIC), rassemblant chacun 150 adhérents, et orientés vers la production de biométhane, de CO2 vert, biogaz naturel véhicule et digestat. L’horizon 2021 s’éclaircit et permet d’envisager un fort engagement dans la transition énergétique.
Ces projets, qui représentent autant « d’enjeux de développement » pour Christophe Richardot et Marc Patriat, « sont partagés par les trois coopératives membres de l’Alliance BFC avec la volonté de créer de la valeur ajoutée pour l’ensemble des 12 000 adhérents de ces structures coopératives et pour l’agriculture régionale ».