Bois-Forêt
Une filière en mal de reboisement
Leader national dans l’activité de pépiniériste, l’entreprise Naudet a reçu le 19 février dernier, sur son site de Chéu, la visite du préfet de l’Yonne, Patrice Latron.

La Bourgogne Franche-Comté, avec ses 1,73 million d’ha de forêts, est l’une des régions les plus boisées de France, se classant à la 5e place en terme de surface et à la 3e en terme de taux de boisement (*). Avec ses 19 200 salariés recensés, la filière forêt-bois regroupe 2,2% de l’emploi salarié régional, dépassant même la filière viti-vinicole (1,9%).
Avec 30% de son territoire couvert de forêts, soit 227 000ha, l’Yonne occupe la 6e place régionale pour sa surface en forêts. Toutes essences confondues, le département possède 43 millions de m3 de bois sur pied, soit 12% de toute la région BFC.
Une ressource composée à 88% de feuillus, dont une majorité de chênes. Si le bois d’œuvre représente 48% de la récolte, près d’un quart des forêts est destiné au bois énergie.
Mais l’Yonne est aussi le département comptant le plus de forêts privées (78%), avec un morcellement de petites surfaces plus difficile à gérer et à exploiter. Les pépinières de l’Yonne produisent près de la moitié de la production régionale de plants forestiers. Des établissements dont la grande majorité sont implantés en milieu rural, à l’image de l’entreprise Naudet, installée à Chéu, dans le Florentinois, depuis 1930. Une entreprise familiale, qui a fêté fin 2016 ses 140 ans et emploie aujourd’hui plus de 200 personnes réparties sur toute la France, dont 27 équivalent temps plein dans l’Yonne.
Elle produit à l’année sur ses 350 ha de surfaces pépinières, 2 millions de jeunes plants en godets et 23 millions de jeunes plants feuillus et résineux racines nues. Reboisant également 4 000 ha par an, dont le quart en biomasse. Autre activité de l’entreprise : les sapins de Noël, avec 400 000 sapins produits par an.
Faire face au changement climatique
Président des pépiniéristes forestiers français pendant 9 ans, Vincent Naudet tire néanmoins la sonnette d’alarme, face à un reboisement jugé insuffisant : «la forêt ne vit que par les investissements que l’on y fait et aujourd’hui, c’est ce dont elle souffre. On a planté dans les années 50 et jusque dans les années 90, pas mal de plants, mais depuis, les quantités plantées ont été divisées par 4, avec 70 millions de plants, là où en Allemagne, sur un massif inférieur de 30%, en plante jusqu’à 300 millions, voire 800 millions comme en Pologne. Les efforts d’investissements ne sont pas au rendez-vous et si on ne les fait pas rapidement, ce sont nos industries qui vont en pâtir».
Une situation rendue encore plus difficile, par le fait que 70% des forêts relèvent du privé. Pour Vincent Naudet, «la forêt n’a pas besoin d’aides particulières, il faut simplement que les services qu’elle rend, soient rémunérés et reviennent à la forêt». Citant pour exemple les 20% d’émissions de CO2 captés chaque année par la forêt, sans aucune rétribution en retour de la taxe carbone.
Autre sujet préoccupant, celui du changement climatique : «qui va à une vitesse de 10 km par an là où la nature ne dépasse pas 1 km par an. Il va falloir modifier la forêt telle qu’on la connaît aujourd’hui et changer les essences, ou au moins leur provenance, afin d’avoir quelque chose de plus adapté au climat que l’on aura demain».
Une main d’œuvre polonaise
L’ensemble du groupe Naudet pèse 20 millions € de chiffre d’affaires annuel, avec 3 activités principales : la pépinière forestière, le reboisement pour le compte de particuliers et les sapins de Noël. Leader au plan national sur le marché des plants forestiers et sur l’activité reboisement, l’entreprise n’en rencontre pas moins des difficultés pour recruter, à l’instar de ce que connaissent l’agriculture et la viticulture.
Un travail majoritairement saisonnier et considéré comme peu valorisant, qui conduit les dirigeants de l’entreprise, à faire venir chaque année de la main d’œuvre polonaise pour répondre à la demande, explique Vincent Naudet : «travailler en milieu rural et aux 35 h, avec des salaires pas très importants au regard des minima sociaux n’attire pas le public local et c’est un peu dommage. Certes, ce sont des métiers difficiles et les personnes travaillant dehors sont pour moi des gens courageux, mais il nous faudrait avoir plus de liberté au niveau de nos entreprises pour adapter le système, car il n’est pas normal d’avoir à faire venir de la main d’œuvre de Pologne».
Des soucis également avec les dégâts de gibier, sangliers et cervidés ayant une prédilection toute particulière pour les jeunes plants feuillus de hêtres et de chênes : «la fédération des chasseurs a toujours répondu présent car ce type de cultures relève de produits agricoles, mais notre gros souci c’est au niveau de la forêt, car les dégâts qui y sont occasionnés ne sont pas pris en compte, relevant des dégâts forestiers».
(*) : Source Draaf Bourgogne Franche-Comté
Avec 30% de son territoire couvert de forêts, soit 227 000ha, l’Yonne occupe la 6e place régionale pour sa surface en forêts. Toutes essences confondues, le département possède 43 millions de m3 de bois sur pied, soit 12% de toute la région BFC.
Une ressource composée à 88% de feuillus, dont une majorité de chênes. Si le bois d’œuvre représente 48% de la récolte, près d’un quart des forêts est destiné au bois énergie.
Mais l’Yonne est aussi le département comptant le plus de forêts privées (78%), avec un morcellement de petites surfaces plus difficile à gérer et à exploiter. Les pépinières de l’Yonne produisent près de la moitié de la production régionale de plants forestiers. Des établissements dont la grande majorité sont implantés en milieu rural, à l’image de l’entreprise Naudet, installée à Chéu, dans le Florentinois, depuis 1930. Une entreprise familiale, qui a fêté fin 2016 ses 140 ans et emploie aujourd’hui plus de 200 personnes réparties sur toute la France, dont 27 équivalent temps plein dans l’Yonne.
Elle produit à l’année sur ses 350 ha de surfaces pépinières, 2 millions de jeunes plants en godets et 23 millions de jeunes plants feuillus et résineux racines nues. Reboisant également 4 000 ha par an, dont le quart en biomasse. Autre activité de l’entreprise : les sapins de Noël, avec 400 000 sapins produits par an.
Faire face au changement climatique
Président des pépiniéristes forestiers français pendant 9 ans, Vincent Naudet tire néanmoins la sonnette d’alarme, face à un reboisement jugé insuffisant : «la forêt ne vit que par les investissements que l’on y fait et aujourd’hui, c’est ce dont elle souffre. On a planté dans les années 50 et jusque dans les années 90, pas mal de plants, mais depuis, les quantités plantées ont été divisées par 4, avec 70 millions de plants, là où en Allemagne, sur un massif inférieur de 30%, en plante jusqu’à 300 millions, voire 800 millions comme en Pologne. Les efforts d’investissements ne sont pas au rendez-vous et si on ne les fait pas rapidement, ce sont nos industries qui vont en pâtir».
Une situation rendue encore plus difficile, par le fait que 70% des forêts relèvent du privé. Pour Vincent Naudet, «la forêt n’a pas besoin d’aides particulières, il faut simplement que les services qu’elle rend, soient rémunérés et reviennent à la forêt». Citant pour exemple les 20% d’émissions de CO2 captés chaque année par la forêt, sans aucune rétribution en retour de la taxe carbone.
Autre sujet préoccupant, celui du changement climatique : «qui va à une vitesse de 10 km par an là où la nature ne dépasse pas 1 km par an. Il va falloir modifier la forêt telle qu’on la connaît aujourd’hui et changer les essences, ou au moins leur provenance, afin d’avoir quelque chose de plus adapté au climat que l’on aura demain».
Une main d’œuvre polonaise
L’ensemble du groupe Naudet pèse 20 millions € de chiffre d’affaires annuel, avec 3 activités principales : la pépinière forestière, le reboisement pour le compte de particuliers et les sapins de Noël. Leader au plan national sur le marché des plants forestiers et sur l’activité reboisement, l’entreprise n’en rencontre pas moins des difficultés pour recruter, à l’instar de ce que connaissent l’agriculture et la viticulture.
Un travail majoritairement saisonnier et considéré comme peu valorisant, qui conduit les dirigeants de l’entreprise, à faire venir chaque année de la main d’œuvre polonaise pour répondre à la demande, explique Vincent Naudet : «travailler en milieu rural et aux 35 h, avec des salaires pas très importants au regard des minima sociaux n’attire pas le public local et c’est un peu dommage. Certes, ce sont des métiers difficiles et les personnes travaillant dehors sont pour moi des gens courageux, mais il nous faudrait avoir plus de liberté au niveau de nos entreprises pour adapter le système, car il n’est pas normal d’avoir à faire venir de la main d’œuvre de Pologne».
Des soucis également avec les dégâts de gibier, sangliers et cervidés ayant une prédilection toute particulière pour les jeunes plants feuillus de hêtres et de chênes : «la fédération des chasseurs a toujours répondu présent car ce type de cultures relève de produits agricoles, mais notre gros souci c’est au niveau de la forêt, car les dégâts qui y sont occasionnés ne sont pas pris en compte, relevant des dégâts forestiers».
(*) : Source Draaf Bourgogne Franche-Comté