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Jeunes agriculteurs

Une Fête de la Terre sous un climat pesant

Samedi 3 octobre avait lieu la Fête de la Terre, ancien nom de la finale départementale de labours, qui se tenait à Saint-Brisson, en parallèle à la Fête de l’automne du Parc naturel du Morvan. Si le nombre de participants, dans les deux catégories, a battu des records, en revanche la FCO, les prix et les charges et les contraintes administratives ont monopolisé les esprits.
Par Emmanuel Coulombeix
Une Fête de la Terre sous un climat pesant
Les JA ont battu un record d’affluence pour tracer les meilleurs sillons. 41 concurrents se sont affrontés dans les deux catégories, soit 7 de plus que l’année passée.
Il n’y a guère qu’à l’heure du palmarès, vers 18h30, que les gouttes de pluie se sont invitées à la Fête de la Terre. Mais, à l’image de la situation de l’agriculture morvandelle et nivernaise, les nuages gris foncés ont assombri l’événement une grande partie de la journée. D’abord, un rayon de soleil  : l’agriculture attire encore des jeunes, passionnés et motivés  ! Ils étaient 41 concurrents sur les parcelles des familles Mocellin, Lemée et Chopard, à Saint-Brisson, à s’affronter dans l’exercice méticuleux du plus beau sillon. Ce sont 7 candidats de plus que lors de la finale 2014, qui s’était déroulée en marge du Mondial charolais au Marault. Un record  ! Preuve que, dans le département, il y a encore des jeunes qui veulent endosser la côte et se construire un avenir conjugué à l’activité agricole. C’est encourageant. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est le contexte dans lequel se situe le secteur économique dans le département. Alors qu’il avait, avec les JA du canton de Montsauche, souhaité organiser une manifestation visant à renouer un dialogue cordial avec les élus du Parc naturel régional, en joignant la finale de labours à la traditionnelle fête de l’automne, Alexandre Lorré, le président de JA 58, n’a pas pu s’empêcher de tirer la sonnette d’alarme, sur le podium, au moment des déclarations officielles. «Je n’ai pas de bonne nouvelle. Un foyer de FCO a été détecté hier dans la Nièvre, qui est en partie en zone interdite. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, après toutes ces années de crise, des coûts de production qui ne cessent de croître et une incapacité à les répercuter sur les prix de vente. Quelle profession accepterait de vivre plusieurs années sans revenu  ?» a-t-il demandé aux officiels et aux élus, non sans avoir félicité, auparavant,  les concurrents, les partenaires, les donateurs et les jurys, qui ne demandent pourtant encore qu’à y croire... Sur la FCO, il s’est montré encore plus explicite : «MM. Les élus, vous êtes fautifs  ! Si vous aviez fait tout ce qu’il faut pour nous préserver, nous n’en serions pas là  ! Aujourd’hui, il faut que le ministre bouge le petit doigt et décide de classer toute la France comme positive, en une seule zone, pour que, même si nous avons perdu notre statut indemne à l’export, nous puissions continuer les échanges franco-français. En 2007, il y avait des cas cliniques, avec des conséquences sur la fertilité et la fécondité, aujourd’hui, c’est juste un problème réglementaire qui nous empêche d’exporter et de faire du commerce  ! Sauf que nous sommes en train de crever»...

La FCO, mais pas que...
Pragmatique, le président de la Chambre d’agriculture, éric Bertrand, a d’abord déploré que nous connaissions «trois calamités la même année» avant d’énumérer sur quoi travaillent désormais les élus professionnels  : «une demande pour raccourcir le délai post vaccinal, de 60 jours à 10 jours, pour l’export vers l’Italie et, à terme, après cet épisode-là, une demande de déclassification de la maladie, même s’il ne faut pas oublier que c’est nous qui l’avions demandé». Il a toutefois voulu ne pas en rajouter au climat pesant  : «aujourd’hui, c’est la Fête de la Terre, il ne faut pas verser dans le catastrophisme, ce serait trop facile  ! C’est vous, les jeunes qui écrivez l’avenir  ! Si on reste sur nos systèmes de productions, je ne suis pas sûr qu’on y arrivera... Quand je compare les revenus des fermes nivernaises, à systèmes identiques, il y a des écarts de 1 à 8. Est-ce normal  ? Nous devons trouver un paquet de petites ficelles pour que, dans nos exploitations, on trouve des bouts de solutions, même si ce n’est pas facile !»   Le président de la Chambre a aussi solennellement mis en garde les agriculteurs nivernais: «vous nous dites que les trésoreries sont à sec. Nous avons obtenu la possibilité de percevoir un acompte de primes Pac, en obtenant un délai pour les déclarations jusqu’au 30 octobre. Sur 2800 agriculteurs, seuls 1000, à ce jour, l’ont demandé. De grâce, demandez vos primes!»   Sur le sujet de la FCO, à son tour, Patrice Joly, le président du Conseil départemental et du PNR du Morvan, s’est exprimé  : «les solutions ne sont pas simples à trouver. Une seule zone nationale, ce n’est pas ce que veulent les agriculteurs des Ardennes ou d’ailleurs  !» Enfin, le Secrétaire général de la préfecture, Olivier Benoist, estimant «que votre rôle est trop souvent oublié, alors que vous faites vivre le territoire» a dit avoir «entendu le message» et a assuré les jeunes que «l’Etat a pris pleinement conscience de vos difficultés, dans une situation complexe car les leviers relèvent du gouvernement, de l’Union européenne et des négociations entre partenaires européens, comme par exemple l’Italie»... Le soir, les jeunes agriculteurs ont dignement honoré leur Fête de la Terre. Mais les nuages n’ont pas disparu.


Le panier de «produits du terroir» du jeu Terres de Bourgogne a été gagné par Mme Michot Agnès - La Motte - 58290 Limanton

Le palmarès du concours de labours

Brabant  : 1er, Thierry Cloix (canton de Luzy)  ; 2è, Jean-Baptiste Durand (Châtillon-en-Bazois)  ; 3è Adrien Laporte (Châtillon-en-Bazois)  ; 4è, Nicolas Thomas (Decize/La Machine)  ; 5è ex-aequo, Damien Genet (Tannay) et Romain Lorré (Corbigny)  ; 7è, Valentin Jeanguyot (Château-Chinon)  ; 8è ex-aequo, Sébastien Chaffournier (Brinon-sur-Beuvron) et  Nicolas Hennebert (Prémery)  ; 10è ex-aequo, Jean-Denis Haghebaert (Prémery) et Nathan Gaudron (Saint-Saulge)...
Charrue  : 1er, Damien Salé (canton de Corbigny)  ; 2è, Mathieu Angel (Luzy)  ; 3è, Jérôme Martin (Luzy)  ; 4è, Nicolas Louvrier (Montsauche-les-Settons)  ; 5è, Baptiste Flory (Château-Chinon)  ; 6è, Vincent Puzenat (Fours)  ; 7è, Julien Marquis (Château-Chinon)  ; 8è, Lionel Buisson (Decize/La Machine)  ; 9è, Lucas Arlaud (Châtillon-en-Bazois)  ; 10è ex-aequo, Mathieu Genet (Tannay) et Arnaud Ducros (Montsauche-les-Settons)...