Accès au contenu
Sanitaire

Une deuxième fois la tub'

Deux Côte-d'oriens font abattre leurs bovins pour la seconde fois en cinq ans à cause de la tuberculose. Cette nouvelle épreuve ne se passe pas comme la première, à cause de soucis rencontrés avec l’administration.

Par AG
Une deuxième fois la tub'
Loïc Bonjour (Barbirey-sur-Ouche) est en Gaec avec Éric Vallot (Mesmont). Les deux éleveurs refusent de voir partir leurs derniers animaux en l'absence de garanties financières de la DDPP.

Vite tourner la page pour oublier et repartir de l'avant : cela avait été possible en 2020 après le premier abattage total de leur cheptel. « Il y a cinq ans, les démarches s'étaient assez bien enchaînées malgré cette rude épreuve : les indemnisations avaient été rapides et au juste prix. Cela nous avait permis de racheter des animaux adultes, bien que les ventes inexistantes de l'année suivante n'aient pas été compensées, avec un gros manque à gagner lié à l'absence de veaux. Cette fois-ci, en 2025, c'est beaucoup plus compliqué, le dossier traîne et nous ne trouvons pas de solution », s'impatientent Loïc Bonjour et Éric Vallot.

Le compte n'y est pas

Les deux éleveurs de 37 et 60 ans, qui ont reçu un nouveau coup de massue le 10 février avec une nouvelle contamination, sont actuellement en conflit avec leurs interlocuteurs de la DDPP. « Non seulement nous devons encore nous séparer de nos animaux mais, en plus, ils ne font rien pour que ça s'arrange… Nous avons plusieurs désaccords sur les indemnisations, que ce soit au niveau du prix ou même du poids de nos bêtes. Leurs propositions ne sont pas aux niveaux escomptés. Le poids proposé est inférieur à la réalité. Les prix, eux, ne sont plus du tout d'actualité car les cours de la viande continuent d'augmenter ». Près de 200 bovins ont déjà été tués : « il nous en reste aujourd'hui 32 et nous ne voulons pas qu'ils partent tant que nous n'aurons pas de garanties de la DDPP. Les prix doivent être réactualisés. Nous ne voulons pas acheter des animaux sans savoir ce que nous allons recevoir en retour, cela paraît normal, non ? Et d'ailleurs, en ce moment, pour ne rien arranger, il est très difficile de trouver des bêtes disponibles ».

Rien n'avance

Les deux associés prennent leur mal en patience : « nous attendons une réponse de la DDPP depuis plus de deux mois. En fait, rien n'arrive, rien ne se passe depuis l'arrêté préfectoral du 12 mars ! Ils auraient tenté de faire partir nos derniers animaux sans notre accord, en nous menaçant de venir avec les forces de l'ordre. C'est incroyable, inadmissible ! Ce dialogue de sourd est insupportable. On nous a même dit de changer de métier. Le moment était plutôt mal choisi pour notre interlocutrice… Nous voudrions tellement que ces gens de l’administration comprennent notre malaise et aient un peu plus de respect envers nous. Il n'y a pas que l'aspect financier qui est en jeu, notre moral est au plus bas, l'un de nous deux est même en dépression. Ce combat n'est pas que personnel : nous nous battons aussi pour les éleveurs qui risquent d'être touchés par ce fléau dans les années à venir. Merci au GDS et à la Chambre d'agriculture d'être à nos côtés ». Les éleveurs espèrent également « du mieux » en termes de faune sauvage. « Il y a un malaise là aussi. Nous avions fait le point il y a plusieurs semaines lors d'une réunion publique à Saint-Victor-sur-Ouche. Certaines sociétés de chasse jouent le jeu, mais pas toutes. Cette problématique va devoir sérieusement avancer si nous voulons encore faire de l'élevage ici, demain ».

Déjà, en plein covid

La tuberculose bovine avait sévi une première fois en pleine crise sanitaire, au Gaec de la Serrée. Deux cent quarante bovins avaient été abattus en juin 2020. En plus de la peine de perdre ses bêtes, Loïc Bonjour avait vu son métier et son activité de vente directe stoppés net. « J'arrivais en vitesse de croisière depuis mon installation en 2015. En plus, nous venions tout juste de terminer notre atelier de découpe… Tout s'est malheureusement arrêté, du jour au lendemain ou presque. Comme déjà dit, les démarches avaient été rapides et le cheptel avait pu être recomposé dès la fin de cette même année. Les indemnisations avaient été au juste prix et il y avait davantage de disponibilités en bovins, il y a cinq ans ».