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Betteraves

Une dérogation obtenue pour l’utilisation du Teppeki dès le stade deux feuilles

Afin de lutter contre la pression des pucerons verts, vecteurs de la jaunisse, la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) a obtenu une dérogation : celle d’utiliser l’insecticide Teppeki dès le stade deux feuilles, normalement autorisé qu’à partir du stade six feuilles.
Une dérogation obtenue pour l’utilisation du Teppeki dès le stade deux feuilles
La jaunisse peut avoir des conséquences importantes sur la betterave avec une perte pouvant aller de 30 à 50 % des rendements en fin de campagne.
Après deux semaines de fortes attaques de pucerons verts dans les régions betteravières, la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) a tiré la sonnette d’alarme et a porté, avec l’appui de son institut technique, deux demandes en urgence auprès de la Direction générale de l’alimentation : de pouvoir utiliser l’insecticide Teppeki (Flonicamide) dès le stade deux feuilles de la betterave (au lieu du stade six feuilles initialement autorisé), pour apporter une réponse immédiate aux fortes infestations constatées en plaine, et la possibilité de pouvoir appliquer un traitement supplémentaire de l’un des deux produits déjà autorisés (Teppeki ou Movento) afin de couvrir, si besoin, toute la période de sensibilité des betteraves aux pucerons verts (jusqu’à la couverture du sol).
Si, à l’heure où nous écrivons ces lignes, la seconde demande n’a pas encore eu de réponse, la première a été entendue et reçue positivement par la Direction générale de l’alimentation et l’Anses, le 28 avril, rendant donc possible l’utilisation de l’insecticide Teppeki dès le stade deux feuilles de la betterave.
« Cette année, nous avons une pression des attaques de pucerons verts très précoce, dans des intensités très importantes. Nous nous sommes retrouvés démunis en matière de traitement car le seul produit qui était jusqu’alors autorisé à un stade végétatif très précoce était le Movento (spirotétramate). Mais il est purement systémique et donc son efficacité est très faible et éphémère », indique Benoît Yot, directeur de la CGB Aube, Yonne et Nord Est.

Le retour de la jaunisse
Si l’insecticide Teppeki peut donc être autorisé de manière dérogatoire dès le stade deux feuilles, cela reste malgré tout une solution en deçà « de l’efficacité des néonicotinoïdes. Mais aujourd’hui, il ne faut pas se faire de faux espoirs sur une nouvelle utilisation des néonicotinoïdes », continue Benoît Yot.
Car depuis l’année dernière, les néonicotinoïdes ne sont plus autorisés en France. « On avait une maîtrise quasiment parfaite avant l’interdiction de l’utilisation des néonicotinoïdes sur les pucerons verts. La jaunisse, conséquence des pucerons verts, était quelque chose qui avait complètement disparu », assure Benoît Yot. « C’était un traitement de semences, pratique, avec un coût relativement raisonnable. Nous avons toujours défendu l’idée d’un traitement de semences car la betterave, dans nos régions de production sucrière, ne fleurit pas. C’est une plante bi annuelle et on la récolte la première année. Il n’y a donc pas de problématique de floraison ni de problématique sur les abeilles ».
Puis, les néonicotinoïdes ont été interdits, y compris pour la betterave. « Nous n’avons pas eu, en France, de dérogation contrairement à certains pays européens. Nous nous retrouvons donc aujourd’hui avec des traitements aériens qui sont limités».
Pour rappel, la jaunisse peut avoir des conséquences importantes sur la culture betteravières avec une perte pouvant aller de 30 à 50 % de rendements en fin de campagne.
Si l’année dernière la pression des pucerons verts était maîtrisée, avec peu d’impact, la réalité est donc autre cette année, d’où la nécessité des dérogations demandées par la CGB.
Une annonce qui pourrait redonner un peu le sourire aux betteraviers qui se préparent à une nouvelle crise. « On sort de deux années de crise. Et la crise sanitaire que nous traversons tous aujourd’hui va entraîner une crise économique importante ». Pour le marché de la betterave, cela se traduira « dans un premier temps par une chute des courts très importante, surtout sur l’éthanol et sur le marché mondial du sucre », conclut Benoît Yot.
Christopher Levé