Traitements
Une culture de «non-sens»
Deux responsables professionnels évoquent les objectifs de réduction des produits phytosanitaires visés par l’administration.
Les fongicides sont actuellement appliqués sur les blés et les orges d’hiver : c’est l’occasion de recueillir des points de vue d’agriculteurs sur les objectifs de réductions d’intrants visés par l’administration, via Écophyto. A Hauteville-lès-Dijon, Jacques De Loisy, considère qu’il est «toujours bon» de limiter l’utilisation de produits phytosanitaires, «mais encore faudrait-il que les agriculteurs aient à disposition des matières actives efficientes et présentes sur le marché» : «Nous ne sommes pas pour l’utilisation de ces produits en tant que telle, nous voulons juste protéger nos plantes pour produire et sortir de la rentabilité !»
Le Côte d’orien, président de la commission «Productions végétales» de la FDSEA, regrette fortement «l’inaccessibilité française à l’innovation, notamment sur des variétés améliorées génétiquement et moins consommatrices en produits phytosanitaires». Jacques De Loisy aborde alors le rapport Potier, document servant de base à Écophyto. Une soixantaine de propositions destinées à diminuer de 50% les volumes de produits phytosanitaires d’ici 2025 seront prochainement débattues au Parlement : «je regrette que ce rapport ait été confié à un député agriculteur bio. Cela dénote une certaine partialité des ministres de l’Agriculture et de l’Environnement. A chacun sa façon de produire, mais je ne comprends pas qu’un dossier sur les phytosanitaires ait été confié à un agriculteur bio... Le rapport Potier demande des résultats avant même que l’on ait des possibilités sur le terrain.... Je souhaiterais que la FNSEA se saisisse du dossier tant qu’il en est encore temps. Ce processus risque d’amener le niveau de l’agriculture française à celui du Danemark, passé d’exportateur à importateur».
Écophyto, la dose de trop
A Izier, entre Chevigny-Saint-Sauveur et Genlis, François-Xavier Lévêque rappelle que «toutes les interventions sont déjà raisonnées en agriculture»: «Nous ne faisons pas des traitements pour dire que nous faisons des traitements... Les agriculteurs ne s’amusent pas à balancer des produits pour rien, tout est raisonné car chacun joue sur le niveau de charges. Il faudrait laisser travailler les agriculteurs, ne pas systématiquement les stigmatiser dans les problèmes de pollution de l’eau et leur faire tout simplement confiance». Le président des JA parle de «non-sens» au sujet d’Écophyto : «on nous dit de moins traiter et refaire de l’agronomie. Mais l’une des solutions pour diminuer les traitements herbicides est encore le labour. Les techniques simplifiées ne sont malheureusement pas applicables partout. La deuxième chose pour lutter contre les mauvaises herbes et les insectes est l’allongement des rotations, mais encore faudrait-il des cultures adaptées et des débouchés derrière. En Côte d’Or, il faudrait réimplanter de la luzerne, du pois, des productions légumières mais nos usines et nos filières disparaissent. Nous avons tendance à simplifier et nous nous retrouvons dans les même rotations avec des problèmes de désherbage». François-Xavier Lévêque parle de «distorsion de concurrence» au sujet d’Écophyto : «il faudrait avoir accès à des cultures avec des gènes résistants aux maladies, elles existent et sont utilisées en Europe mais pas chez nous. Les règles de production ne sont pas les mêmes partout, ça ne peut pas aller. Et laissons la recherche avancer». Le JA réagit à la décision du ministre de rallonger la date d’application des objectifs d’Écophyto, de 2018 à 2025 : «Stéphane Le Foll s’aperçoit que la recherche n’a pas le temps de suivre pour rester sur un niveau de production correct. Si nous ne traitons plus, nous ne pourrons plus lutter contre les herbes ou maladies, faute de moyens alternatifs. Un exemple aberrant me vient en tête : avec le Cruiser, les semences de colza étaient traitées insecticide et étaient protégées contre les altises. Son interdiction il y a 5 ans implique de grandes invasions d’altises depuis, avec une multiplication des traitements. Et pour capter les nitrates, nous sommes obligés de laisser les repousses de colza, de véritables nids à insectes qui empirent la situation. Tout va vraiment à contre-sens».
Le Côte d’orien, président de la commission «Productions végétales» de la FDSEA, regrette fortement «l’inaccessibilité française à l’innovation, notamment sur des variétés améliorées génétiquement et moins consommatrices en produits phytosanitaires». Jacques De Loisy aborde alors le rapport Potier, document servant de base à Écophyto. Une soixantaine de propositions destinées à diminuer de 50% les volumes de produits phytosanitaires d’ici 2025 seront prochainement débattues au Parlement : «je regrette que ce rapport ait été confié à un député agriculteur bio. Cela dénote une certaine partialité des ministres de l’Agriculture et de l’Environnement. A chacun sa façon de produire, mais je ne comprends pas qu’un dossier sur les phytosanitaires ait été confié à un agriculteur bio... Le rapport Potier demande des résultats avant même que l’on ait des possibilités sur le terrain.... Je souhaiterais que la FNSEA se saisisse du dossier tant qu’il en est encore temps. Ce processus risque d’amener le niveau de l’agriculture française à celui du Danemark, passé d’exportateur à importateur».
Écophyto, la dose de trop
A Izier, entre Chevigny-Saint-Sauveur et Genlis, François-Xavier Lévêque rappelle que «toutes les interventions sont déjà raisonnées en agriculture»: «Nous ne faisons pas des traitements pour dire que nous faisons des traitements... Les agriculteurs ne s’amusent pas à balancer des produits pour rien, tout est raisonné car chacun joue sur le niveau de charges. Il faudrait laisser travailler les agriculteurs, ne pas systématiquement les stigmatiser dans les problèmes de pollution de l’eau et leur faire tout simplement confiance». Le président des JA parle de «non-sens» au sujet d’Écophyto : «on nous dit de moins traiter et refaire de l’agronomie. Mais l’une des solutions pour diminuer les traitements herbicides est encore le labour. Les techniques simplifiées ne sont malheureusement pas applicables partout. La deuxième chose pour lutter contre les mauvaises herbes et les insectes est l’allongement des rotations, mais encore faudrait-il des cultures adaptées et des débouchés derrière. En Côte d’Or, il faudrait réimplanter de la luzerne, du pois, des productions légumières mais nos usines et nos filières disparaissent. Nous avons tendance à simplifier et nous nous retrouvons dans les même rotations avec des problèmes de désherbage». François-Xavier Lévêque parle de «distorsion de concurrence» au sujet d’Écophyto : «il faudrait avoir accès à des cultures avec des gènes résistants aux maladies, elles existent et sont utilisées en Europe mais pas chez nous. Les règles de production ne sont pas les mêmes partout, ça ne peut pas aller. Et laissons la recherche avancer». Le JA réagit à la décision du ministre de rallonger la date d’application des objectifs d’Écophyto, de 2018 à 2025 : «Stéphane Le Foll s’aperçoit que la recherche n’a pas le temps de suivre pour rester sur un niveau de production correct. Si nous ne traitons plus, nous ne pourrons plus lutter contre les herbes ou maladies, faute de moyens alternatifs. Un exemple aberrant me vient en tête : avec le Cruiser, les semences de colza étaient traitées insecticide et étaient protégées contre les altises. Son interdiction il y a 5 ans implique de grandes invasions d’altises depuis, avec une multiplication des traitements. Et pour capter les nitrates, nous sommes obligés de laisser les repousses de colza, de véritables nids à insectes qui empirent la situation. Tout va vraiment à contre-sens».