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Miscanthus

Une culture aux atouts multiples

Agriculteur céréalier installé dans le Migennois, Jean-Michel Lamidé est l’un des rares exploitants icaunais à s’être lancé dans la culture du miscanthus. Une plante aux multiples avantages, mais qui cherche encore ses débouchés commerciaux.
Par Dominique Bernerd
Une culture aux atouts multiples
Une taille pouvant atteindre 3 m, d’où son surnom d’herbe à éléphant.
Installé à Vorvigny, entre Brienon et Migennes depuis plus de quarante ans, c’est en 2009 que Jean-Michel Lamidé s’est lancé dans la culture de miscanthus : «c’était une manière de diversifier l’assolement, avec une plante qui pousse toute seule, sur des terres pas forcément parmi les plus performantes. J’en ai planté 1 hectare la première année, avec une vieille planteuse à patates et l’aide de quelques copains car tout se fait à la main et ça ne va pas vite pour vider les cageots remplis de rhizomes…» Originaire d’Asie, le miscanthus, fait partie de la famille des graminées et donne une canne semblable à du bambou, pouvant atteindre la taille respectable de 3 m de hauteur, d’où son surnom «d’herbe à éléphant». Une plante ligno-fibreuse, qui se développe naturellement à partir de rhizomes, adaptée à la plupart des terres arables de plaine, mais avec une préférence pour les sols profonds, de type limono-argileux. Sensible aux fortes gelées de printemps la première année de plantation, la plante résiste mieux ensuite aux températures hivernales. Sa croissance rapide lui confère un fort pouvoir couvrant, supprimant de fait les adventices, avec pour conséquence de pouvoir se passer d’engrais et pesticides : «il faut attendre la troisième année avant la première récolte. Aujourd’hui, j’atteins un rendement de 7 à 8 tonnes à l’ha, mais c’est encore loin des 15 tonnes promises au début». Implantée pour des durées d’une vingtaine d’années, la plante est récoltée en fin d’hiver, pour obtenir un produit sec de 70 à 85 % MS : «le seul inconvénient est que l’implantation coûte cher, de l’ordre de 3 000 € de l’ha» Si le coût de mécanisation du chantier pèse peu, le poste principal de dépense se situe au niveau des plants, avec près de 20 000 pieds plantés à l’ha. Reste que le miscanthus est une plante à l’itinéraire cultural intéressant, du fait de nécessiter peu d’entretien et de charges opérationnelles.

Des utilisations multiples
Outre le fait d’être un véritable atout écologique, compte tenu d’une culture pouvant se passer d’intrants et qui constitue un abri hivernal pour le petit gibier, le miscanthus a une palette de débouchés multiples. À la fois pour le bâtiment, mélangé à des panneaux de fibres ou des parpaings de béton, la couverture de toits en chaume, mais aussi pour le paillage, en limitant l’enherbement et l’évapotranspiration des plantes. Il peut également être utilisé sous forme de litière, en filière avicole, du fait d’un pouvoir absorbant comparable à celui de copeaux de bois secs et d’une résistance à l’écrasement. Son taux de poussière particulièrement bas, en fait une litière idéale en milieu équin ou pour les animaux de compagnie. Reste que l’engouement pour sa culture est moindre qu’avec le chanvre et que la commercialisation du produit peine à trouver ses marques : «au début que j’en ai fait, on était allé avec la Chambre d’agriculture visiter des producteurs dans le Loiret, l’Eure et Loir, on était tous prêts à partir là-dessus et finalement, rien ne s’est concrétisé». Aujourd’hui, Jean-Michel Lamidé commercialise 10 % de sa production en vente directe auprès de particuliers, en sacs de 80 litres et plus exceptionnellement en big bags de 100 kg : «je vais jusque dans la Nièvre le dimanche, sur des marchés aux fleurs. Les gens ne connaissent pas et m’interrogent». Une partie est vendue également à une entreprise spécialisée dans l’Eure, en ballots de 500 kg. Un constructeur de hangars en bois de la forêt d’Othe s’est montré aussi intéressé : «je lui en ai vendu sur pied et, mélangé à de la chaux, il en fait des parpaings d’isolation pour les habitations. Un rapport qualité/prix sans égal». D’autres débouchés existent, comme la transformation en granulés de chauffage ou, plus expérimentale, l’utilisation pour la méthanisation, du fait d’un pouvoir méthanogène important. Mais pour l’heure, Jean-Michel Lamidé n’a pas convaincu ses collègues voisins de se lancer dans l’aventure, même si la culture de miscanthus pourrait être un atout non négligeable vis-à-vis de la protection de l’eau : «à quelques centaines de mètres de mon champ, commence la zone de captage et rien ne dit que dans quelques années, elle ne s’étendra pas un peu plus loin». Un seul regret, ne pas avoir commencé plus tôt : «je suis à un an de la retraite, mais si j’en avais les moyens, aurai bien passé tout mon assolement en production de miscanthus !»

Contact

Pour tout renseignement :
EARL Lamidé
8, rue de la Forêt - Vorvigny
Brienon-sur-Armançon
Tél. 03 86 56 05 38
Port 06 22 65 95 50