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Ecotaxe poids lourds

Une charge supplémentaire pour les agriculteurs

Une nouvelle imposition entrera en vigueur le 1er janvier. Des Côte d'€™oriens réagissent
Par Aurélien Genest
Une charge supplémentaire pour les agriculteurs
Ca grince dans les chaumières. L'€™écotaxe poids lourds va bientôt être officialisée sans que l'€™agriculture ne soit exemptée. Les transports de marchandises dépassant le poids de 3,5 tonnes, vides ou chargés, sont concernés. Cette imposition s'€™appliquera sur certains axes routiers en fonction du poids du véhicule et du nombre de kilomètres parcourus. Une [I]«modification des comportements des conducteurs, en faveur de modes de transport plus durables»[i] est recherchée. Oui mais voilà : les agriculteurs ne peuvent [I]«être approvisionnés que par la route»[i]. [I]«Ils ne peuvent pas faire autrement»[i]. [I]«Il n'€™existe pas d'€™autre d'€™alternative»[i] constate la FDSEA de Côte d'€™Or. Pour Bruno Gabory, éleveur à Jeux-lès-Bard dans le canton de Semur-en-Auxois, [I]«c'€™est encore prendre de l'€™argent à ceux qui travaillent»[i] : [I]«J'€™ai un camion de 9,5 tonnes donc je suis concerné. Je vais être touché pour mes déplacements en concours et quand je vais aller vendre des taureaux, en Bourgogne ou dans les départements voisins. à‡a sera pour notre poche. Impossible qu'€™il y ait une répercussion sur le prix des animaux : c'€™est déjà assez tendu comme ça»[i]. S'€™il ne sait pas exactement combien cette écotaxe lui coûtera, Bruno Gabori réfléchit d'€™ores et déjà à changer de camion. En prendre un plus petit serait une option.

[INTER]Le résultat inverse ?[inter]
Denis Masson est marchand de paille à Normier, dans le canton de Précy-sous-Thil : [I]«Pour ma part, je serai principalement concerné par l'€™A38. Des capteurs ont été installés entre Velars et Sombernon pour enregistrer le passage des camions»[i]. Cette nouvelle taxe, Denis Masson en parle depuis près d'€™un an : [I]«c'€™est encore le consommateur qui va payer indirectement, et ce sera vrai dans tous les domaines. Pour nous, ce sera forcément répercuté sur les prix de ventes, nos marges sont déjà assez restreintes. Encore, je ne suis pas trop concerné. Je pense à ceux qui ont un trafic routier important : c'€™est sûr, ils changeront d'€™itinéraires. En conséquence, ils ferons beaucoup plus de kilomètres qu'€™avant. Ce arrivera à l'€™effet inverse de la logique écologique de cette taxe. C'€™est n'€™importe quoi»[i]. De l'€™autre côté du département, à Pagny-le-Château dans le canton de Seurre, Nicolas Michaud évoque une baisse de compétitivité au nom de sa Cuma, qui livre des pommes de terre aux grandes surfaces : [I]«c'€™est une charge supplémentaire dans le coût de fonctionnement de notre activité. Nous travaillons dans l'€™axe Dijon-Beaune-Chalon-Dole et sommes concernés par deux nationales. Il faudra faire un choix : soit répercuter cette taxe sur le prix au consommateur -et alors on entrera en concurrence avec d'€™autres personnes-, soit assumer cette charge avec une baisse de nos marges... Dans tous les cas, on perdra de l'€™argent»[i].

[INTER]Un geste du gouvernement ?[inter]
La Cuma de la Robe des champs utilise un porteur de 19 tonnes et ne pourra pas éviter l'€™écotaxe en changeant d'€™itinéraires: [I]«envisager des détours ? Ce sera impossible avec les produits que nous livrons. Nous avons des horaires à respecter, les créneaux sont limités. Et en plus, un poids lourd n'€™a pas accès à toutes les routes»[i] explique Nicolas Michaud. [I]«Nous assurons des livraisons de 10 tonnes par semaine, on ne pourra pas acheter 10 utilitaires !»[i] enchaîne l'€™agriculteur, insistant une nouvelle fois sur la baisse de compétitivité engendrée par rapport à d'€™importants grossistes qui, eux, pourront diluer plus facilement leurs charges avec leurs gros volumes. Le Côte d'€™orien attend désormais un «geste» du gouvernement en faveur des [I]«gens qui s'€™investissent localement pour faire du développement durable et qui apportent de la production de qualité au consommateur»[i]. [I]«Ce serait un comble qu'€™il n'€™y ait rien, alors que le gouvernement prône la traçabilité et la sécurité alimentaire»[i] ajoute Nicolas Michaud.

Une pétition pour l'€™élevage

Des fabricants d'€™aliments (Coop de France et le Snia) ont même lancé une pétition qu'€™il est possible de signer sur www.ecotaxe-elevage.org ou par courrier (pétition écotaxe/élevage, 41 bis boulevard Latour-Maubourg 75 007 Paris). Ces fabricants communiquent : «A l'€™heure où les filières animales françaises font face à des difficultés économiques majeures, il n'€™est pas acceptable de leur faire supporter une nouvelle charge. Les productions animales ont besoin de retrouver de la compétitivité par rapport aux produits importés. Un nouvel impôt est en totale contradiction avec ces objectifs. L'€™écotaxe ne doit pas s'€™appliquer aux livraisons et aux enlèvements en élevage, secteur qui participe au dynamisme économique de nos régions. L'€™élevage est essentiel au tissu économique local et une augmentation de ses charges ne fera que l'€™affaiblir davantage, menaçant un peu plus les entreprises et les emplois qui en dépendent. Le gouvernement doit être cohérent avec les plans de relance qu'€™il entend mener pour soutenir et relancer l'€™élevage en France. Il doit l'€™exempter temporairement de cette charge».