Point de vue sur les élections présidentielles
«Une campagne d’un très bas niveau»
Les Français sont appelés aux urnes le 23 avril et le 7 mai pour élire leur nouveau président. Un agriculteur côte-d’orien réagit aux différents programmes des candidats.
Le changement, c’est vraiment maintenant. François Hollande quittera la présidence de la République d’ici quelques jours. Si onze candidats aspirent à sa succession, «pas un seul des programmes ne répond aux préoccupations des zones rurales» regrette Patrick Menneteau, polyculteur-éleveur à Blanot. Plus loin que les scandales et autres affaires personnelles, les candidats «n’ont pas la moindre perception des enjeux, notamment économiques et sociaux, de nos espaces ruraux qui représentent une grande majorité du territoire» regrette l’homme de 46 ans. Pour celui-ci, le niveau de cette campagne présidentielle est «le plus bas que l’on n’ait jamais atteint» : «de la part des Politiques, j’aurais souhaité entendre des propositions sur le potentiel économique de nos campagnes. Il est énorme et nécessite d’être reconstruit. Ce sujet n’a malheureusement pas été abordé. Il y aurait pourtant de belles choses à faire sur nos territoires. À l’image des plans banlieues qui se sont succédés depuis 1990, il nous faudrait un véritable plan zones rurales. Et celui-ci ne coûterait pas bien cher au contribuable : il y a déjà tout sur place». Patrick Menneteau déplore que l’Europe «continue d’autoriser des imports massifs de viande» : «c’est une incohérence révoltante pour nous, producteurs. Il faudrait aller plus loin dans les circuits courts, instaurer de véritables préférences locales et régionales dans les approvisionnements de restauration collective. Il est anormal que la viande servie dans les hôpitaux français ou autres établissements publics ne provienne pas davantage de notre propre pays». Pour l’éleveur côte-d’orien, des orientations «fortes» s’imposent : «notre campagne a besoin de relever la tête. Des choix plus judicieux que ceux des dernières années sont nécessaires. La France et l’Europe sont passés à côté d’enjeux géostratégiques mondiaux. La population est en forte croissance et nous avons laissé la place à d’autres fournisseurs. Nous n’avons pas su exploiter notre carte agricole à fond, loin de là. Déjà du temps de François Mitterrand, la France voulait devenir le pays des loisirs et du tourisme. Aujourd’hui, on voit où en est notre production... Notre potentiel ne cesse de diminuer : il serait temps de réagir. Il y a tout un tissu économique à recréer. Aussi, il faudrait absolument revaloriser les retraites agricoles, particulièrement minables.... Nos dirigeants pourraient-ils vivre avec de telles pensions ? Bien sûr que non». Patrick Menneteau ne désespère pas voir l’agriculture repartir de l’avant : «je veux rester optimiste, même si je me pose bien des questions quand je vois de quelle façon certaines choses sont gérées, à commencer par la Pac... Les aides de 2015 n’ont toujours pas été soldées. Pour le volet vert, rien n’a été versé. Dire dans les médias que l’on élabore des plans de soutiens, c’est bien. Mais agir serait encore mieux».