Une belle histoire née il y a 50 ans

Le Gaec de Chichery, c’est avant tout une belle aventure humaine, portée il y a tout juste 50 ans par les pionniers d’un mouvement qui en était alors à ses balbutiements. Première structure de ce type à être créé dans le département en 1965 et 5e à l’échelle du territoire, il est le fruit de quelques agriculteurs (*) désireux de se lancer dans la traite coopérative des vaches. Aujourd’hui à la retraite, Jean-Marie Sapin fut l’un de ces pionniers et se souvient : «l’objectif au départ était avant tout de se maintenir agriculteur car on avait de petites exploitations alors, allant de 15 à 55 ha. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque : les femmes à la ferme, travaillaient dur, assurant la traite quotidienne des vaches. Et le but était, en créant le Gaec, de supprimer le travail de toutes celles avec des enfants en bas âge…» L’année de sa création, le Gaec comptait 90 vaches laitières pour une SAU de 326 h et 8 associés. L’époque des premiers investissements : construction d’une stabulation libre, silos de stockages de 6 000 quintaux… Et premier «gros pépin» en 1968, quand il fallut éradiquer tout le troupeau : «le directeur de la DSV d’alors nous avait proposé de ne plus faire qu’un prélèvement annuel et non plus tous les six mois. Résultat ; une vache s’est trouvée frappée de tuberculose et il fallu abattre tout le troupeau…» L’accident aurait pu signer l’arrêt de mort du Gaec, c’était sans compter sur l’opiniâtreté et la volonté de ses associés.

«On nous a accusé d’être un kolkhoze…»
S’il est aujourd’hui salué pour sa réussite, il n’en fut pas toujours ainsi, rappelle malicieusement Jean-Marie Sapin : «certains au début nous ont accusé d’être un kolkhoze ! D’être condamnés à la faillite… !» Le Gaec de Chichery était de toutes les conversations, au point dit-on, d’en faire oublier aux paroissiens, les frasques du curé d’alors, parti vivre sa vie avec une jeunette du village ! L’esprit communautaire de Chichery est né du mouvement du Sillon, vieux de plus d’un siècle. Un esprit qui souffle, semble t-il, aujourd’hui encore sur le village, au regard des nombreuses associations qui s’y sont créées depuis… Au fil des années et des investissements, le Gaec s’est agrandi et les pionniers du début remplacés par la génération montante. Dernier associé en date, arrivé en 2014 : Julien Magret. Une vie nouvelle pour cet ancien cadre de la grande distribution, qui, après une formation au CFPPA d’Auxerre La Brosse, s’est reconverti agriculteur. Le dernier d’une série de
15 agriculteurs installés sur l’exploitation en 50 ans. Une exploitation qui totalise désormais 480 ha de SAU, pour une production annuelle de 1 850 000 litres de lait, 6 associés et 1 apprenti. Il y a 25 ans, le ministre de l’agriculture d’alors et maire de Tonnerre, Henri Nallet, avait officialisé ce premier quart de siècle d’existence du Gaec en décorant tous les associés des insignes du Mérite Agricole ! Pas de cérémonie officielle cette fois ci pour marquer le cinquantenaire, mais une belle journée festive sous le soleil entre amis d’hier et d’aujourd’hui.

(*) Les créateurs du Gaec en 1965 : Marcel Jouan ; Jacques Brette ; Jean Sapin ; Jean-Marie Sapin ; Pierre Pichon ; Remy Sergent ; Jacky Castelletta ; André Hanocque