Une belle année pour les pommes
Le 8 octobre dernier, nous avons rencontré Pauline Gois, arboricultrice à Charny-Orée-de-Puisaye. Après une année emplie d'aléas climatiques, la filière de la pomme semble s'en être sortie in extremis.
C'est au Clos de Rochy, à Charny-Orée-en-Puisaye, que Pauline Gois et son équipe sont en train de récolter les pommes et poires du verger. Avec 17 ha de pommiers, de poiriers et de pommiers à cidre, le Clos de Rouchy fait sa récolte « du 15 août, pour les fruits qui sont bons à manger instantanément et jusqu'à mi-novembre, pour les fruits de conservation », déclare Pauline Gois. Entreprise familiale depuis de nombreuses années, le Clos de Rouchy possède un verger vieillissant, « résistant aux périodes de gel », et qui doit être renouvelé. Pauline Gois a donc dû, avec son équipe, replanter de nouveaux arbres, qui sont « plus sensibles aux maladies, qui ont donc moins de vigueur et qui sont plus difficiles à tailler », explique-t-elle, avant d'ajouter que, « pour qu'ils puissent produire, il faut attendre au moins cinq ans ». Mais c'est pourtant, avec le sourire qu'elle affirme que « ça s'annonce pas mal en pommes cette année ! ». Ce résultat s'explique par « l'absence de gel » qui, d'habitude, inquiète l'arboricultrice. En se rendant dans le verger, elle retrouve les cinq saisonniers habituels qui s'affairent à récolter les pommes. Équipés de sacs de cueillette, c'est dans un vent doux qu'ils tournent leurs poignées avec délicatesse et cueillent les fruits. « Nous possédons une trentaine de variétés de pommes, comme la golden ou la reinette grise du Canada pour les plus connues, et pour les anciennes variétés, nous possédons, la patte de loup et la calvill », confie-t-elle. « En termes de variétés de poires, nous en possédons une dizaine, dont la passe crassane, la conférence, la william ou encore la comice ». Après avoir rempli le paddock en entier, le chef du verger rentre les premières récoltes au hangar, là ou se passe le tri.
Une course contre la montre
En arrivant au hangar, un groupe de quatre saisonniers attend patiemment les pommes afin de pouvoir les trier en fonction de leur calibre. « C'est ici que nous faisons le tri des pommes, entre premier, deuxième et troisième choix », explique Pauline. En se penchant pour prendre l'un des fruits en main, elle explique que « celle-ci n'est pas faite pour devenir une pomme à croquer », donc « nous allons la presser, demain, pour en faire du jus frais ». Pour elle, l'important est de dire « qu'ici rien ne se perd mais tout se transforme ». Cependant, un rythme soutenu guide les saisonniers, car « il faut qu'on ait tout récolté avant l'hiver ». C'est donc une période cruciale pour « respecter la maturité des fruits » et « anticiper le gel ».
Après avoir repris l'exploitation, Pauline, constate, en discutant avec son chef de verger présent depuis de nombreuses années, que le changement climatique est bien réel. « Nous subissons des aléas qui s'enchaînent rapidement, dont beaucoup plus de vents qu'avant ». Le plus inquiétant reste le fait « que l'hiver n'est plus assez froid. Il ne permet pas de tuer les insectes et de renouveler les cycles », confie-t-elle, inquiète, car à cela s'ajoute, le fait « que de nouveaux insectes, que nous ne connaissions pas avant, sont désormais présents sur nos récoltes ». Le fait est que, « les prédateurs ne sont, eux, pas encore arrivés », conclut-elle.