Une belle 6e place pour l'équipe régionale

« En décembre, la demoiselle qui était prévue pour faire le concours est venue me voir et a retiré sa candidature parce qu'elle partait dans le secteur de la charcuterie et elle allait faire des concours dans ce domaine-là désormais. Et là, je suis tombé de très haut, j'ai perdu trois mois, pour retrouver une fille», raconte Bruno Jeandot, président des Bouchers de l'Yonne. Un concours exigeant parité homme femmes au sein des équipes pénalisait donc l'équipe de Bourgogne Franche-Comté. Après cette annonce, l'équipe baisse les bras. «Oscar était parti en vacances. Pour lui, le concours et le salon étaient de l'histoire ancienne. Mon président national m'a rappelé pour me dire d'insister et de trouver une fille. Mais je ne suis pas magicien», témoigne-t-il, conscient que l'avenir du concours ne s'est joué qu'à quelques mois.
En persévérant, Bruno Jeandot arrive enfin à trouver la fameuse équipière qui leur permettrait d'accéder au concours. «On a trouvé Zoé, elle a fait tout ce qu'elle pouvait de son côté, elle a réussi à perfectionner les techniques cont elle avait l'habitude», déclare le président des Bouchers de l'Yonne. Zoé, cadette du concours, en première année de CAP de boucherie, intègre donc le concours, avec seulement un entraînement pour se préparer. «C'était un vrai challenge, on n’a pas eu énormément de temps pour se préparer, mais on a quand même pu se rencontrer au Cifa d'Auxerre avec Lucas, et s'entraîner ensemble», confesse-t-elle.
Oscar, 25 ans, salarié d'une boucherie depuis plus de 2 ans à Brienon-sur- Armençon, aîné de l'équipe, a donc eu le rôle de leader durant le concours. «Je suis très content de ce qu'on a pu réaliser et je suis fier d'eux, ils sont quand même très jeunes et ils ne se sont pas laissés démonter», relate le représentant de la catégorie boucher de l'équipe BFC.
Lundi dernier, pendant 4 heures, Zoé, 16 ans, Lucas, 18 ans et Oscar, 25 ans ont ainsi représenté la Bourgogne Franche-Comté. «On était l'équipe la plus jeune du concours. Oscar a déjà fait plusieurs concours, il était plus à l'aise. Mais pour Zoé et Lucas c'était la première fois», confie Bruno Jeandot.
Cadette de la compétition, Zoé est une merveilleuse surprise pour l'équipe icaunaise représentant la région. « Elle a travaillé devant des milliers de personnes, alors qu'il y a encore six à huit mois, elle était au collège », s'extasie Oscar Bonnet, conscient de la prise de risque. Scrutée pendant plusieurs heures par neuf jurys féminins, Zoé ne s'est pas laissée impressionner. « Dès que je fais un truc, je suis dans ma bulle.  Les jurys viennent nous voir, regarder ce qu'on est en train de réaliser… j'avoue que c'est stressant ».
Quant à Lucas Baron, apprenti en boucherie de 18 ans à Quarré-les-Tombes, le concours n'est pas source de stress. « Je n’étais pas forcément stressé, c'était plus un challenge. Toutes les préparations bouchères étaient déjà réfléchies. Faire ce concours, c'est une fierté finalement, pouvoir représenter ma boucherie et montrer que le métier de boucher est un métier propre et rigoureux contrairement à ce que pourraient penser les gens », manifeste l'apprenti.

« C'était dur mais ils y sont arrivés nos petits jeunes »

Après quelques petites embûches sur leurs chemins, l'équipe icaunaise se retrouve à la 6e place, une annonce qui semble les ravir. « Il n'y a pas de défaite. Avec si peu d'entraînements, arriver dans les six premiers c'est quand même bien ! », témoigne Lucas. Pour Zoé, l'enjeu est différent. « C'est un challenge pour moi, il faut faire mieux, il faut faire aussi bien que les garçons, Nous les femmes, on peut être égales aux garçons par rapport au métier de bouche. On est plus minutieuses par rapport au ficelage, à la décoration, même au niveau du placement des vitrines », confie la cadette de l'équipe.
Et pour l'aîné de l'équipe, c'est un plaisir qu'il souhaite laisser à d'autres bouchers icaunais. « Cela fait déjà deux ans que je participe à ce concours et j'adore, mais je laisse ma place », confie Oscar.
En ce qui concerne le reste de l'équipe, ils sont déjà prêts à revenir sur le ring. « L'an prochain, on est motivés avec Zoé pour retourner au Salon de l'agriculture, avec notre professeur du Cifa d'Auxerre », raconte le compétiteur de 18 ans.
Une équipe pleine d'espoir quand à l'avenir du métier de la boucherie. « C'est l'avenir, si on ne montre plus notre métier, on n'aura plus de jeunes. J'ai posté plusieurs contenus sur les réseaux sociaux. Le but c'est que l'on se batte pour nos métiers… la charcuterie et la boucherie sont des beaux métiers qu'il faut mettre en avant », conclut Bruno Jeandot, président des Bouchers de l'Yonne.