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Groupement de défense sanitaire

Une assemblée agitée

Certains éleveurs ont exprimé leur mécontentement jeudi 6 février lors de l’assemblée générale du GDS 21. Le bureau et son président Pascal Martens restent «déterminés comme jamais».
Par Aurélien Genest
Une assemblée agitée
De gauche à droite : Marc Frot (Conseil général) , Jean-Luc Iemmolo (DDT), Vincent Lavier (Chambre d’agriculture), Marie-Hélène Vincente (préfecture), Pascal Martens (GDS), François Sauvadet (Conseil général), Eric Dumoulin (DDPP), Florent Lefol (GDS), le
Problèmes d’indemnisations, blocage des cheptels, changement de protocoles tous les six mois, abattage des bêtes douteuses... Des éleveurs ont profité de l’assemblée générale du GDS pour faire part de la [I]«galère»[i] qu’ils vivent au quotidien. [I]«Les réactions de la salle sont tout à fait compréhensibles»[i] confiera le président Pascal Martens, quelques minutes après l’assemblée, [I]«j’avais prévenu tout le monde que ce ne serait pas une réunion sympathique, et que nous n’aurions pas fini à midi»[i]. Le président du GDS s’est lui-même montré [I]«agacé»[i] selon ses propres termes: [I]«le GDS, les éleveurs, les vétérinaires et l’administration locale essayent de faire évoluer positivement ce dossier, mais ce n’est pas facile. On ne lutte pas contre cette maladie par plaisir. C’est une zoonose, certains devraient y réfléchir. Je regrette le pourrissement de ce dossier et le non-investissement collectif»[i].

[INTER]Nombreuses interrogations[inter]
Pascal Martens a fait part, lui aussi, de ses inquiétudes. En première ligne : les parlementaires [I]«qui font évoluer l’indemnisation des dégâts de gibier plutôt que de s’occuper de la modification du code rural et de l’environnement»[i]. Pour Pascal Martens, le statut cheptel sauvage doit être pris en compte, en particulier sur le risque qu’il fait courir aux animaux de la ferme. La deuxième source d’inquiétudes concerne le boycott des piégeurs : [I]«tout retard en matière de captures de blaireaux fera évoluer la maladie dans le mauvais sens»[i] rappelle le président. Sur l’aspect cynégétique en général, le gibier reste [I]«encore trop présent»[i]. [I]«Et que penser des parcs de chasse où le gibier rentre et sort sans contrôle? Il faudrait enfin légiférer»[i] suggère Pascal Martens, qui enchaîne sur une autre interrogation : [I]«que penser, également, des échanges intracommunautaires lorsque l’on sait qu’un éleveur de cervidés de Meurthe-et-Moselle a rentré des animaux en provenance des pays de l’Est qui étaient positifs ?»[i] Sur la problématique des indemnisations, le président informe que huit dossiers sont encore bloqués à ce jour : [I]«la DGAL ne mesure vraiment pas les risques. A continuer dans ce sens, les acteurs locaux et même nationaux vont se décourager. En plus, les éleveurs n’accepteront plus de faire partir leurs animaux en-dessous des prix du marché. A la DGAL de se débrouiller pour leur racheter des bêtes. Pour nous, ce sera plus facile»[i].

[INTER]Vœux pour 2014[inter]
Pascal Martens a ensuite listé un certain nombre de remèdes : [I]«il est obligatoire de commencer le piégeage des blaireaux dès le 1er mars et de le renforcer par du tir de nuit. Il faut absolument un partenariat entre éleveurs et piégeurs afin d’être efficace»[i]. Les échanges de parcelles sont également plébiscitées. Appuyée par le Conseil général, la Chambre d’agriculture pilote ce dossier prioritaire. [I]«C’est une nécessité pour notre élevage de restructurer ces parcelles»[i] insiste Pascal Martens. Au sujet de la cellule inter-régionale d’épidémiologie vétérinaire Bourgogne (Cirev), le GDS a appris le départ prématuré d’Aurore Duvauchelle, épidémiologiste vétérinaire. [I]«Souhaitons qu’elle soit remplacée plus vite que la Cirev n’a été créée. Je souhaite que Monsieur le Préfet y veille tout particulièrement»[i] souligne le président, [I]«c’est une obligation que cette cellule travaille techniquement sur les dossiers afin d’apporter des réponses aux re-contaminations successives. Les résultats de ces enquêtes doivent orienter les actions prioritaires à mettre en place sans délai. Nous avons ici une obligation de résultat. Enfin, la loi d’avenir agricole doit permettre à chaque acteur d’honorer ses devoirs. Pour les indemnisations, les experts ont toute notre confiance. Nous avons fait des propositions à la DGAL. A eux de nous écouter»[i].

Point de vue de Vincent Lavier

Le président de la Chambre d’agriculture, au nom des membres de son bureau et également à titre personnel, a apporté son soutien à l’action du GDS : «Il ne faut pas remettre en cause le travail effectué sur le terrain même si, à un moment donné, je suis capable d’entendre et de comprendre le désarroi des éleveurs. Ce qui a été fait a pour objectif de sortir l’élevage cote d’orien de l’ornière dans laquelle il se trouve. Je veux voir des signaux positifs quant aux premiers résultats de la prophylaxie. Nous aboutissons enfin à la concrétisation des efforts mis en place sur le terrain par le monde de l’élevage. Tout me laisse penser qu’on se sortira de ce sujet dans les années à venir. Je suis convaincu que la Côte d’Or a pris de l’avance par rapport aux autres départements en matière de tuberculose bovine. Cela dit, tout n’est pas gagné pour autant, je pense à trois points particuliers. Il y a encore beaucoup de travail à faire sur la gestion de la faune sauvage, et notamment sur la gestion des parcs. Autant les contraintes qui sont liées à l’élevage que nous pratiquons sont importantes, autant les éleveurs de gibier en parc ont le droit de faire tout et surtout n’importe quoi. Nous n’allons pas pouvoir le tolérer longtemps. Le deuxième point concerne les problème d’indemnisations connus par certains éleveurs. Je ne comprends pas pourquoi l’administration centrale se permet de pinailler sur quelques milliers d’euros avec tous les enjeux qui sont derrière. Cela me dépasse complètement. J’espère que nous arriverons à nous faire entendre lors de la venue de la DGAL prévue fin mars. Enfin, je pense qu’il y a beaucoup de travail à réaliser en matière de restructuration du parcellaire. La Chambre a mis des moyens sur ce dossier, mais nous sommes en manque de résultats aujourd’hui. Si nous n’avons pas une volonté beaucoup plus marquée de la part éleveurs, nous devrons prendre des décisions. C’est un enjeu qui va bien plus loin que l’aspect sanitaire. C’est un plus concernant l’organisation du travail et l’économie des exploitations».