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Nouvelles technologies

Une application mobile au service de l’agriculture

Les outils numériques font désormais partis intégrante de la vie d'un exploitant agricole. Arrivée sur le marché en 2016, Perfarmer a développé une application qui permet de diffuser le prix des cotations des OS. Un gain de temps pour les céréaliers.
Par Théophile Mercier
Une application mobile au service de l’agriculture
L’application permet de comparer à partir de son propre tarif, les prix de son OS et ceux d’Euronext. Une alerte SMS permet de savoir à quel moment le prix de vente souhaité est atteint.
La révolution est en marche dans le secteur des céréales. De plus en plus d'exploitants font le choix se tourner vers les nouvelles technologies pour vendre leurs matières premières. Samuel Hommage est de ceux-là. Installé à l'EARL de la Motte sur la commune de Garchy, il s'est laissé convaincre il y a quelques mois de télécharger l'application Perfarmer créée par Edgar Chaput il nous explique pourquoi : « Je travaille avec les établissements Martignon situé à Vailly-sur-Sauldre, dans le Cher. Ce sont les techniciens de l'entreprise qui nous ont conseillé de télécharger l'application Perfarmer. Pour eux, la situation était devenue ingérable : ils recevaient beaucoup trop d'appels de collègues qui voyant des prix intéressants sur Terre Net ou Agritel, voulaient savoir à quel prix pouvaient être achetées les matières premières » explique Samuel Hommage. Smartphone en main, le céréalier nous explique les fonctionnalités de l'application : « Ce qui est intéressant c'est de pouvoir avoir les cours actualisés dès 11 heures, toutes les 15 minutes environ. Ensuite lorsque vous cliquez sur l'OS qui est référencée vous pouvez voir la différence de prix entre le cours mondial Euronext et le tarif d'achat de votre coopérative ou de votre négoce. En ce qui me concerne, j'ai le détaille du tarif de la livraison de la moisson, du stockage… L'avantage c'est de pouvoir mettre une alerte en fonction de votre propre prix de vente. J'ai par exemple fixé mon tarif à 170 euros la tonne en livraison moisson, si ce prix est atteint, je vais recevoir un SMS. La réactivité est plus importante alors qu'auparavant, je pouvais mettre 30 minutes voire une heure à vendre 100 tonnes de blé » explique le jeune céréalier. Même s'il n'est utilisateur que depuis quelques mois, le jeune exploitant agricole de 27 ans a déjà eu une première expérience de vente via l'appli : « J'étais dans les foins fin avril, et j'ai reçu une alerte m'informant que mon prix objectif était atteint, comme je ne peux pas tout stocker, j'avais essayé d'anticiper en vendant un peu avant la moisson. J'ai donc vendu 300 tonnes de blé à 164 euros la tonne livraison moisson, un prix pour le moment qui n’a plus été pratiqué malheureusement » déplore-t-il. Parmi les autres fonctionnalités appréciées par Samuel Hommage, on peut citer le chat qui permet de rentrer en contact directement avec les salariés de Perfarmer en cas de problèmes mais aussi les historiques des cours des années précédentes qui permet de ne pas se positionner sur un prix qui ne serait pas réaliste. Ce dernier en est convaincu, ce type d'application est devenue essentielle dans la conduite de l'exploitation : « Pour moi c'est un pas de plus vers la rentabilité des entreprises car lorsque l'on sait qu'en quelques minutes le prix peut chuter, mieux vaut être réactif » estime le céréalier.

Côté OS, un dispositif gagnant – gagnant
Du côté des OS, l'application permet d’offrir une souplesse dans la communication des prix. C'est le cas notamment de l'entreprise Martignon basée à Vailly-sur-Sauldre. Ce négoce qui collecte 30 000 tonnes de céréales à l'année pour 15 millions de CA avait besoin d'un outil simple et rapide pour informer aussi bien ses techniciens que ses clients du niveau des prix en temps réel. Anne Flore Martignon, adjointe de direction, revient sur les raisons qui ont amené l'entreprise à adhérer à Perfermer : « On cherchait une solution pour pouvoir transmettre nos prix à l'instant T. Les SMS, les mails, ne nous semblaient pas être un bon outil. Il fallait aussi pouvoir coller au plus près à la réalité du marché et être en capacité de pouvoir réagir à la fluctuation. Pour nous, Perfarmer est un partenaire dans le sens où nous échangeons sur les fonctionnalités et eux apportent en échange une solution à nos clients en fonction de nos demandes. Nous nous sommes lancés en décembre 2019 et pour le moment les retours de nos clients sont positifs. Cela est renforcé par le fait que nos techniciens sont les premiers fers de lance de l'appli. Grâce à elle, ils ont une meilleure idée de l'état du marché des céréales et ils peuvent ainsi en parler à nos clients.
Après je ne souhaite pas que cette application devienne un comparateur de prix même si techniquement il y aurait la possibilité.
Aujourd'hui, deux tiers de nos clients sont utilisateurs de Perfarmer, ce qui est un bon début même s’il faut avant tout que l'utilisation de cette appli fasse partie d'une stratégie d'entreprise et non pas réponde à un phénomène de mode. De plus, le
monde agricole n'est pas encore assez souple pour adopter collectivement ces solutions même si les choses évoluent vite : à mon arrivée, il y a sept ans, trois quarts de nos clients n'avaient pas de smartphone. Cela dit, rien ne remplacera jamais l échange humain entre l'OS et l'agriculteur ».

« Proposer des solutions simples pour le monde agricole »

Edgar Chaput, a fondé, il y a quatre ans l'entreprise Perfarmer en collaboration avec Michel Brousse, un agriculteur dans le Gers. Au départ conçue pour ordinateurs, l'application mobile a été lancée il y a un an.
Depuis, c'est près de 600 agriculteurs qui font confiance à l'application. « Nous nous adressons à l'exploitant qui a envie de vendre lui-même ses céréales et qui veut reprendre en mains sa commercialisation et ce, quel que soit leur âge » explique Edgar Chaput.
Il ajoute : « Aujourd'hui, l'agriculteur a besoin d'outils simples qui puissent lui permettre de prendre des décisions rapidement, c'est cette simplicité qui est mise en avant par nos utilisateurs » estime le fondateur. Les cours proposés dans l'application proviennent à la fois du marché mondial mais aussi de la vingtaine d'OS partenaires. Perfarmer n'est un comparateur de prix, c'est avant tout un outil d'aide à la décision : « C'est un point important car les agriculteurs ont parfois l'habitude de travailler avec plusieurs OS, mais en ce qui nous concerne, nous demandons à l'exploitant de faire un choix. Car notre objectif ce n'est pas que le céréalier puisse d'un jour à l'autre gagner un ou deux euros de la tonne, mais bien lui permettre de sécuriser son prix dans le temps en vendant par exemple trois semaines à l'avance si nécessaire. Toutefois, s'il souhaite changer d'OS, il faut qu'il en fasse à la demande auprès de Perfarmer » précise le fondateur. Côté OS, le prix de l’adhésion varie en fonction du tonnage de collecte. « L'idée est d'avoir des tarifs accessibles aux plus grands nombres d'entreprises stockeuses » ajoute-t-il. Derrière cette application, il y a une petite équipe de quatre personnes avec une volonté de ne pas brûler les étapes : « Nous sommes une jeune société mais contrairement à d'autres start-up, nous avons fait le choix de ne pas recruter massivement pour pouvoir s'inscrire dans le long terme » conclut Edgar Chaput.