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Récoltes

Une année propice à l’orge ?

La moisson a débuté en Côte d’Or vers la mi-juin. Deux agriculteurs rencontrés près de Beaune et Saint-Jean-de-Losne livrent d’assez bonnes impressions.
Par Aurélien Genest
Une année propice à l’orge ?
Florian Jacquet, à Esbarres, a terminé ses 30 hectares sur un rendement moyen de 81quintaux.
Comme chaque année, il faudra attendre les résultats définitifs de fin de campagne pour donner un qualificatif à la récolte 2015. Comme chaque année, les résultats seront hétérogènes puisque la Côte d’Or n’a pas les mêmes terres partout et la pluviométrie varie d’une commune à l’autre.

En se référant tout de même aux premiers échos de ce millésime 2015, l’année semble «bien partir», notamment du côté de Montagny-les-Beaune et Esbarres, là où deux agriculteurs ont accepté de livrer leur ressenti après la fauche de plusieurs parcelles d’orges d’hiver.

Tout en brassicole
A Montagny-lès-Beaune, Cyril Blin a sorti sa moissonneuse le 19 juin, en avance de plusieurs jours par rapport à un calendrier traditionnel. Des voisins l’avaient même sortie quarante-huit heures plus tôt. Ses dix premiers hectares d’orges d’hiver, sur des terres argilo-limoneuses, donnaient une moyenne de 83qx/ha, avec une qualité remplissant parfaitement les exigences brassicoles. «C’est légèrement mieux que la moyenne des précédentes années» indique l’exploitant de 35 ans qui poursuit: «contrairement au colza et au blé qui devraient perdre chacun entre 5 et 10qx/ha, l’orge n’a pas souffert du coup de sec de début juin car elle était déjà bien en avance dans sa maturité. Il n’y aurait pas eu ces dix jours de fortes chaleurs, je pense qu’on aurait réalisé une récolte exceptionnelle dans l’ensemble des cultures d’hiver». La récolte en paille est tout à fait correcte : de bon augure pour l’EARL Blin qui élève des bovins et des ovins. De grosses interrogations subsistent sur les cultures de printemps, même si le retour de quelques précipitations aurait quelque peu limité les dégâts. La seule grande déception du Côte d’orien concerne les prix de vente : «j’espère qu’ils seront d’un meilleur niveau que celui de l’an passé. Les demandes croissantes de la Chine, grande consommatrice de nos orges brassicoles, pourraient faire tirer le marché vers le haut, mais c’est encore loin d’être gagné...»

La déception du prix
Du côté d’Esbarres, Florian Jacquet  récoltait ses 30 hectares d’orges d’hiver à partir du dimanche 21 juin. Cet agriculteur de 32 ans dressait un bilan plutôt intéressant avec une moyenne de 81qx/ha : «les résultats varient de 75 à 95quintaux selon les parcelles. C’est effectivement une année correcte, d’autant que l’intégralité part en brassicole. J’obtiens 96 de calibrage, 9,5 de protéines et entre 13,5 et 14,5 d’humidité. En fait, il n’y a que le prix qui ne va pas : il n’a pas évolué depuis l’an passé...» Cet hors cadre familial installé en 2009 s’apprête à «attaquer» assez sereinement ses blés avant son colza : «l’aspect des cultures rend assez optimistes les agriculteurs, même si avec le colza, il est toujours très difficile de se prononcer à l’avance. Pour le blé, heureusement, il ne semble pas avoir souffert du sec. Ici, ce que l’on craint, ce sont les inondation, 50% des terres de mon exploitation sont inondables».

Chambre d’agriculture : les premiers échos

Damien Ronget, chef du service Grandes cultures, disposera prochainement des résultats d’une enquête terrain menée auprès de 350 exploitations dans tout le département. Si les moissons commençaient tout juste la semaine dernière en plaine, Damien Ronget faisait part de premiers échos en provenance de la plaine : «Les résultats semblent plutôt bons avec des rendements moyens en orges d’hiver qui approcheraient 75qx/ha avec des variations entre 65 et 90qx/ha». L’orge d’hiver sera-t-elle justement la plus belle culture de l’année en Côte d’Or ? «C’est fort possible» répond le chef de service, «sa précocité lui a permis d’esquiver les rudesses de la fin de cycle». Damien Ronget tient à «relativiser» cette bonne tendance en faisant part d’une situation beaucoup plus tendue dans certains secteurs du département : «il y aura de fortes déceptions, je pense notamment aux secteurs autour de Chaignay, Is-sur-Tille, les Hautes Côtes, le canton de Sombernon, Saint-Seine-l’Abbaye, là où les réserves hydriques sont fortement limitées. Là, l’épisode de sec a engendré une forte régression du nombre d’épis et le changement brutal de couleurs des orges nous laisse perplexes quant au poids de milles grains. La récolte d’orges d’hiver ne sera pas bonne partout, malheureusement». A quelle récolte de blé s’attendre ? «D’un point de vue volume, il risque d’y avoir de bons rendements dans la plaine comme pour les orges d’hiver. Pour les autres secteurs, l’impact variera selon l’importance du PMG».