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Moissons

Une année hors normes

Dans tout le département de l’Yonne le premier bilan est désespérant.
Par Claire Ciupa
Une année hors normes
Déception et inquiétudes face à cette récolte 2016
C’est parti ! Aux quatre coins du département, la collecte d’orges d’hiver a ouvert le bal des moissons. Avec d’ores et déjà deux grands absents au rendez-vous : le rendement et la qualité. Et l’on sait déjà que l’ensemble des productions majeures de l’été sera concerné, pas seulement le blé, comme en 2014. Directeur de la coopérative Capserval, Jean-Luc Billard dresse un premier bilan : «en temps normal, on fait 40 000 tonnes d’orges d’hiver, pour à peine 30 000 tonnes cette année, faute de rendement, dont seulement 25% de qualité brassicole, tout le reste à destination fourragère. L’inverse de l’an passé où plus de 90% de la production, étaient partis en brasserie. Concernant le taux de protéines, on est à une moyenne de 12,4».  Avec l’obligation pour la coopérative de Véron, de devoir racheter de l’orge brassicole sur d’autres destinations, afin d’honorer les contrats : «D’ordinaire, nous sommes vendeurs d’orges d’hiver, pas acheteurs !» Autre problématique, avec un poids spécifique moyen sur le secteur, entre 55 et 56, là où les normes contractuelles sont de 63 : «le marché chinois nous est fermé car à moins de 64,5, ils ne prennent pas !» Pas de précipitation pour autant, ni d’affolement : «on finira par trouver des débouchés, par contre, il faut le temps de s’y adapter…» La campagne de collecte en blé devrait débuter à la fin de cette semaine. Mais on sait déjà qu’il n’y aura pas de miracle à attendre et l’on s’attend même au pire sur certains secteurs…

Du jamais vu
Chez 110 Bourgogne à Auxerre, la responsable agro-développement sur le bassin Seine-Yonne, Amélie Petit, dresse un bilan analogue : «On s’attendait à être déçus en rendement : c’est 30 à 35 % en moins ! Toute l’orge d’hiver est maintenant collectée et la qualité n’est pas au rendez-vous avec un calibrage de 50 à 60 qui descend parfois à 25. C’est du jamais vu, d’autant plus que le potentiel était là en sortie d’hiver avant ces fameuses pluies…» On sait déjà que le rendement en blé ne sera pas bon car il y a eu un manque de fécondation du fait de l’eau et de la faible luminosité : les étamines baignaient dans l’eau de pluie au moment de l’épiaison et de la floraison. «Actuellement nous ne connaissons pas les cours, nous savons seulement qu’en Ukraine et en Russie les récoltes sont normales. La situation est très délicate pour nos adhérents. Habituellement la récolte est en quelque sorte la récompense de tout le travail accompli durant l’année, cette fois-ci c’est loin d’être le cas». Et nous n’en sommes qu’à mi-juillet : sur les quelques parcelles de colza moissonnées les potentiels attendus sont là aussi revus à la baisse : il faudra compter 10 quintaux par hectare en moins.
à la coopérative Cérépy, qui travaille sur les vallées du centre Yonne et les plateaux du Gâtinais, Germain Bour décrit le même tableau : «C’est du jamais vu de mémoire d’homme. Même l’orge fourrager sera difficile à commercialiser, avec un poids spécifique de 56-57 hors normes. Le calibrage fait défaut et le taux de protéines est trop élevé». La récolte des colza, à moitié réalisée, est moins décevante : on atteint les 30 quintaux à l’hectare, mais il y a beaucoup d’impuretés car les adventices se sont développées. Le désherbage a moins bien fonctionné, il faudra sécher et séparer le grain.